Société- A l’occasion de la sortie du film Ombline, ici-c-nancy.fr a souhaité rencontrer l’association à l’origine de l’engagement du réalisateur Stéphane Cazes,  sur les conditions de détentions des mères détenues : GENEPI.

ombline
Ombline. Crédit photo DR | ICN 

 

Présidée par Pierre Suaire, étudiant en géographie, l’antenne de Nancy propose à des étudiants d’animer des cours dans des prisons. Ces interventions ont deux objectifs. Elles permettent aux détenus d’échanger sur des sujets autres que la prison et entendent ainsi favoriser leurs réinsertions.

Les maisons d’arrêt de Maxéville, d’Ecrouves, d’Epinal ou encore de St Mihiel sont autant de lieux d’interventions. La présence du Genepi dans ces centres de détention dépend de l’administration pénitentiaire, mais également du lieu de résidence des bénévoles. Il en est de même pour le contenu des ateliers.

En parallèle, Genepi Nancy mène des actions de sensibilisation auprès de la population. Mise en place de ciné-débats sur le thème de l’incarcération, interventions dans des établissements scolaires. Les problèmes dont l’association veut se faire échos varient en fonction de l’actualité politique. 

En pleine campagne de recrutement de nouveaux bénévoles, trois membres du Genepi Nancy, Pierre Suaire son président, Justine, bénévole et Matthieu, responsable des relations avec l'administration pénitentiaire ont accepté de nous en dire plus sur leurs actions.

 Genepi Bandea-ncy

Comment l’envie de se confronter au monde carcéral s’est-elle manifestée ?

Pierre Suaire, président de Genepi Nancy: Je ne connaissais rien de la prison, pour moi c’était une zone de non-droit. J’étais curieux de confronter mes préjugés à la réalité. 

 

Quelle est justement cette réalité ? Médias et politiques soulignent régulièrement des problèmes de surpopulation dans les prisons ? Votre expérience confirme-t-elle ce problème ? 

Pierre Suaire: En ce concerne Nancy, le nouveau centre de rétention de Maxéville a permis de régler ce problème, même si le doublement des cellules (quatre détenus par cellule au lieu de deux, NDLR) est envisagé.

L’ancienne maison d’arrêt de Charles III été confronté à ce problème, tout du moins c’est ce que les détenus m’ont expliqué, car je ne suis jamais intervenu dans cette prison. 

 

Qu'en est-il de la condition des femmes emprisonnées et plus précisément celles des mères détenues ?

Pierre Suaire: Je suis un homme donc je ne suis pas autorisé à intervenir dans le quartier des femmes, ce qui est paradoxal, car les bénévoles de sexe féminin peuvent mettre en place des ateliers dans les sections hommes. 

 

Vous n’avez jamais été en contact avec des femmes détenues ?

Pierre Suaire: Fait exceptionnel, l’année dernière nous avons reçu l’autorisation d’intervenir à la maison d’arrêt  des femmes (MAF) le temps d’une journée. Il faut dire que sur les 700 détenus que compte la région de Nancy, les femmes sont une trentaine. Je ne connais pas le nombre exact de mères, mais cela doit être infime. De plus, je sais qu’elles ont un encadrement spécial. 

 

Effectivement, dans Ombline, on apprend que ces mères sont placées dans un bâtiment spécial, la nurserie. Ces lieux vous sont inconnus ?

Justine: Nous ne sommes jamais allés dans une de ces sections. Cependant, le contexte de la prison est très bien dépeint dans ce film, il confirme ce que nous expliquent les détenus. Notamment, la difficulté de maintenir un contact avec les familles et leurs relations avec les surveillants. Ces derniers ont un rôle majeur pour la réinsertion des personnes incarcérées, car ces agents sont présents au quotidien. Par manque d’effectif ce rôle n’est pas rempli, pour les détenus ce sont uniquement des « porte-clés ». 

 

Stéphane Cazes a mis en lumière un problème peu connu du grand public. Souhaitez-vous informer nos lecteurs d’autres sujets méconnus ?  

Matthieu: Le droit de vote des prisonniers est ignoré par beaucoup de monde y compris les détenus. Ce droit existe depuis 1994. Dans les centres de détentions tout passe par l’administration, les informations telles que les dates d’inscriptions sur les listes, les procédures…, il faut savoir où, à qui et quand demander. Ces formalités s’ajoutent parfois à l’illettrisme, au manque de temps ou encore à l’ignorance des détenus quant aux échéances électorales. 

 

Genepi parle-t-il avec les détenus de tous ces problèmes ? Y a-t-il des débats ?

Pierre Suaire: Nous préférons aborder des sujets extérieurs à la prison, les détenus savent que nous ignorons les raisons de leur détention, je pense que c’est essentiel pour remplir au mieux les missions du Genepi. Des débats sur des questions de société existent, ils amènent à faire réfléchir les détenus sur le monde extérieur. D’autres activités plus pragmatiques comme le Code de la route les projettent vers l’avenir. Notre rôle est modeste, mais, on l’espère, utile. 

 

Pour davantage d’informations ou si vous souhaitez, vous aussi, être utile : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

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