Près de Nancy, la ville de Jarville-la-Malgrange a opté pour la mise en place du stationnement payant et résidentiel dans l'hyper-centre pour soulager les tensions liées aux places de stationnement. Les premiers horodateurs entreront en fonctionnement à l'automne 2022.
Explications de Vincent MATHERON, Maire de Jarville-la-Malgrange
Contre vents et marées et malgré l'opposition parfois farouche d'une partie des riverains (dont deux collectifs "la Malgrange et Montaigu" appellent ce samedi 5 mars à manifester devant la mairie à 10h), Vincent Matheron, maire de Jarville-la-Malgrange a décidé d'aller jusqu'au bout de la démarche de mise en oeuvre du stationnement payant et résidentiel dans sa commune. Depuis 2019 et jusqu'à présent, pour résoudre les problèmes de stationnement, des zones bleues à stationnement limité fonctionnant avec un disque (pour une cinquantaine de places réparties rue de la République jusqu'au collège Albert Camus ) permettaient de stationner gratuitement pendant une heure ou une demi-heure. Une mesure considérée avec le temps inneficace par les riverains et les commerçants qui se plaignaient de "véhicules ventouses", explique le maire ce mardi lors d'un point presse. Autre point de crispation, l’appropriation par autrui de la voie publique et "ses stationnements anarchiques" qui ont fait l'objet ces derniers mois d'une attention particulière et de contraventions.
À la racine de cette problématique et de la démarche de politique incitative, un nombre de véhicules trop importants au regard des emplacements de stationnements privés et des places effectives sur l'espace public. D'après les chiffres du ministere de l'Intérieur, 4 200 véhicules sont immatriculées à Jarville-la-Malgrange alors que dans le même temps la mairie ne recense 1 500 places privatives au pied d'immeubles ou en garages individuels. "Un simple décompte montre qu'il faudrait trouver près de 3 000 places en voirie", or à Jarville on en compte un peu plus d'un millier sur le domaine public. Une problématique, selon le maire, qui se serait accentuée, au fil des ans, avec la venue supplémentaire d'automobilistes de passage venus de Laneuveville, Heillecourt ou Fléville-devant-Nancy, se stationnant à Jarville pour achever leur trajet sur les lignes de transports en commun au plus proche de Nancy, notamment le week-end avec la gratuité des transports.
Trois zones pour fluidifier le stationnement
"On a essayé de traiter ce problème dans toutes ses dimensions, depuis octobre 2020 jusqu'à aujourd'hui, il y a eu 18 mois de concertations, avec différentes options avec la lutte contre le stationnement anarchique". D'où cet ultime levier du stationnement payant en cohérence avec les orientations générales du plan métropolitain des mobilités (P2M) et en application des dispositions et prescriptions futures du plan de déplacements urbains (PDU) révisé afin de développer de nouveaux usages du domaine public, justifie encore l'édile.
Dès cet automne 2022, trois zones de stationnement (rouge, orange et verte) s'appliqueront dans l'hyper centre de Jarville pour concerner 481 places de stationnement à l’exception des quartiers La Californie, Institut des sourds, Montaigu et rue du Fonteno. Pour les secteurs concernés des barèmes tarifaires s’adaptant aux usages comme aux résidents. En matière de stationnement résidentiel, il sera gratuit pour le premier véhicule à raison d'un par ménage pour s'établir à 15 euros par mois pour le deuxième véhicule. Concernant le stationnement dans ces zones, il sera gratuit entre 12 et 14 heures pour favoriser les commerces de la commune.
"Je ne veux pas chasser les gens en les empêchant de se stationner à Jarville, mais les amener à utiliser les bons parkings", affirme Vincent Matheron qui annonce aussi avoir sollicité la métropole du Grand Nancy pour le traçage de places de stationnement "partout où c'était possible" notamment sur le quartier République avec potentiellement plus de 160 places supplémentaires et une centaine sur le quartier de Montaigu sous condition d'aménagements de la voie publique. Enfin, le maire souhaite aussi le déploiement de nouvelles places de stationnement sur les parkings relais dont les capacités ne seraient pas suffisantes.
En attendant, à Jarville-la-Malgrange les horodateurs entreront en fonctionnement dès cet automne 2022, la municipalité promet beaucoup de pédagogie. Et concernant les recettes générées ? D'après les estimations de la ville, les profits issus du stationnement payant pourraient atteindre les 35 000 € chaque année (sans inclure les FPS, forfaits post-stationnement) sur un budget de la commune atteignant les 15 millions d'euros. "L'enjeu n'est pas de faire des recettes pour la commune, mais bien de résoudre le problème du stationnement en gardant la ville attractive pour les commerces et ainsi lutter contre le stationnement abusif", a fait savoir le maire de Jarville-la-Malgrange.