Un réseau de proxénétisme aggravé et de traite des êtres humains, responsable de la venue en France de plusieurs dizaines de prostituées depuis 2015, a été démantelé le 3 juillet 2018, a annoncé mercredi le parquet de la JIRS de Nancy.
Dix proxénètes ont été interpellés dans le cadre d'une information judiciaire portant sur les crimes de proxénétisme aggravé et traite des êtres humains, passibles de vingt années de réclusion, et délits de blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs passibles de dix années d'emprisonnement, a annoncé mercredi le parquet de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Nancy. "Les jeunes femmes victimes originaires de Bulgarie, à qui était promis un emploi en France, étaient logées en Allemagne et devaient se prostituer à Strasbourg. Plusieurs femmes étaient également exploitées près d'Annecy" a souligné la JIRS dans un communiqué .
Un réseau de vaste ampleur. L'enquête a débuté sur des informations fournies via le service de sécurité intérieure de l'ambassade de France en Bulgarie donnant lieu "à l'ouverture d'une enquête préliminaire au parquet de Strasbourg confiée à la Direction Régionale de la Police Judiciaire (DRPJ) de Strasbourg et à l'Office Central pour la Répression de la Traite des Etres Humains (OCRTEH)". Un dessaisissement intervenait au profit du parquet de la JIRS de Nancy compte tenu de l'ampleur du réseau comprenant une ramification en Haute-Savoie. Un second juge d'instruction de la JIRS de Nancy était ultérieurement cosaisi en raison du nombre de mise en cause et de leur localisation dans plusieurs pays.
Grâce au soutien logistique et financier d'Eurojust, était mise en oeuvre une équipe commune d'enquête conclue entre la JIRS de Nancy, le procureur général de Bulgarie et le parquet bulgare d'Oryahovo compétent en raison de la région d'origine de la plupart des prostituées. Le parquet allemand d'Offenbourg était également associé aux investigations pour l'exécution de décisions d'enquête européenne nécessaires au recueil de preuves.
Deux magistrats de la JIRS de Nancy assistés d'un enquêteur de l'OCRTEH et d'un policier de la DRPJ de Strasbourg se déplaçaient en Bulgarie pour assister aux opérations coordonnées par le parquet d'Oryahovo et confiées à la Police aux Frontières de la Bulgarie ainsi qu'à l'Agence d'État pour la Sécurité Nationale.
Vague de perquisitions et menaces sur l'entourage des victimes. Le 3 juillet 2018, "plus de vingt perquisitions étaient effectuées simultanément en Bulgarie (à Sofia, Pleven et Bourgas), en Allemagne (à Kehl et Offenbourg) et dans les environs d'Annecy" a indiqué la JIRS de Nancy. Près de 140 personnes (enquêteurs, experts et forces de l'ordre) étaient mobilisées en Bulgarie pour la sécurité et le succès des opérations. Cinq proxénètes étaient interpellés en Bulgarie et trois en Allemagne, sur mandat d'arrêt européen. Deux proxénètes étaient arrêtés près d'Annecy, présentés au juge d'instruction de la JIRS de Nancy aux fins de mise en examen et placés sous mandat de dépôt criminel.
Dans le même temps étaient recueillis les témoignages de plusieurs prostituées, qui relataient selon la JIRS "des pressions ou menaces sur leur entourage pour ne pas dénoncer les faits, mais prétendre agir sans l'intervention d'un proxénète". Des associations d'aide à la réinsertion des prostituées étaient sollicitées pour l'accompagnement des jeunes femmes et leur retour éventuel en Bulgarie. "Les investigations se poursuivent pour identifier et interpeller les complices", a affirmé le parquet de la Juridiction interrégionale spécialisée.