Festival. Mercredi 31 octobre, le Festival de l'Horreur et de la Mort Qui Tue a atteint son apogée pour la journée d'Halloween, avec un déferlement de zombies sur la ville l'après-midi et la Grande Soirée de l'Horreur et de la Mort Qui Tue pour finir. Nous nous sommes encore une fois faufilés parmi les morts-vivants pour vous en fournir le récit.

Mercredi après-midi, les passants ont pu croiser une bien étrange procession dans les rues de Nancy. Ceux qui auraient oublié que la veille de la Toussaint coïncidait justement avec la date de la fête celte d'Halloween ont eu de quoi être particulièrement interloqués. Car à 15h00, dans la cour du Théâtre de la Manufacture, voire dès 14h30 – être mort-vivant n'empêchant pas la ponctualité – un rassemblement de personnes apparemment mal en point avait lieu.
En réalité, il ne s'agissait pas d'une manifestation de gens atteints d'une terrible et dégénérative maladie de peau, mais bien de la première Zombie-Walk de l'histoire de la ville de Nancy. Le principe ? Durant une heure et demie, des personnes déguisées en zombies et maquillées de façon à paraître à différents stades de putréfaction défilent dans les rues en poussant des râles. Quoi que le tracé de la manifestation ait dû pour ce faire être déposé et approuvé en préfecture comme pour une mobilisation syndicale, il n'y avait pour motiver les participant-e-s de cette première Zombie Walk, organisée dans le cadre du Festival de l'Horreur et de la Mort Qui Tue, aucune autre revendication que celle de passer un bon moment et de s'amuser de ce carnaval d'un genre particulier.
Le troupe en phase de décomposition est donc partie du Théâtre de la Manufacture à 15 heures tapantes, puis s'est dirigée vers le Faubourg des Trois Maisons, pour redescendre en vieille ville par la Porte de la Craffe, remonter Place Carnot et retrouver son point de départ, non sans faire quelques arrêts pour pousser quelques cris d'agonie, lécher la vitrine d'une boucherie, et sidérer quelques quidams.
Si la réussite de la manifestation, sans heurts et à l'esprit bon enfant, est totale, on peut regretter toutefois la brièveté de cette Zombie Walk ainsi que son tracé laissant soupçonner la trop grande réticence de la ville de Nancy – un local maquillage qui devait être mis à disposition des participant-e-s désireux de se faire refaire une beauté terrifiante par des professionnels n'ayant d'ailleurs pas été accordé. On se prend alors à rêver de ce que cela aurait pu être si le trajet avait mené les zombies dans le centre-ville, rue Saint-Jean, en une veille ensoleillée de jour férié...
Cette petite déception n'aura toutefois pas entaché la drôlerie de la manifestation ni le plaisir pris par les participant-e-s de cette Zombie Walk ou encore par les Nancéien-ne-s amusé-e-s de l'avoir croisée.
Espérons que le succès de ce premier défilé de zombies rende les autorités compétentes moins frileuses dans l'éventualité d'une prochaine occasion.
Fête des Morts à la MJC Lillebonne
La journée commencée avec un flux de morts-vivants lâchés dans les rues de la Cité Ducale ne pouvait pas s'arrêter en si bon chemin. Dès 18h30, les premiers arrivants se pressaient donc à l'entrée de l'hôtel Lillebonne. Le bâtiment historique de la MJC hébergeait en ses tortueuses entrailles la Grande Soirée de la Mort Qui Tue, clou du festival qui devait se poursuivre jusqu'à 1h00 du matin.
Le thème choisi pour cette grande soirée était le Mexique, en raison d'une tradition de la Fête des Morts réellement prégnante dans cette culture, et par conséquent il était particulièrement amusant de voir se côtoyer revenants mexicains, zombies et gringos en sombreros dans le magnifique décor créé par Ninosens. A l'entrée des pancartes écrites en un espagnol un peu douteux mais très drôle indiquaient donc les directions à suivre pour assister aux expos et spectacles, tandis que deux grapheurs s'affairaient à l'esquisse d'une fresque réconciliant ces thèmes du Mexique et de la Mort.
Dans la cour, une buvette était déjà en place tandis qu'un concert se préparait. Jean-Charles Blesch, graveur de pierres tombales, auteur de Brèves de Cimetière et Comte Jean de Belle-Mort pour la durée du festival, faisait signe aux visiteurs de se rendre dans la cafétéria, où un cercueil ouvert n'attendait plus qu'eux. Les moins claustrophobes pouvaient donc repartir avec la photo de leur propre mise en bière – l'auteure de ces lignes ayant pour sa part préféré s'abstenir – histoire de conserver un petit souvenir de leur trépas.
La soirée se mettant alors vraiment en route, il fallut aux spectateurs garder l'esprit alerte pour s'assurer de ne pas en manquer une miette. D'abord, un étrange concert d'instruments à corde débuta dans la cour, justement sous des cordes aux nœuds coulants menaçants. Puis, il fallut monter à l'étage pour voir se produire le groupe de « hard'n'roll » Johnny Zombie, qui dégage une énergie amusante, mais qui ne s'avère honnêtement pas très bon. (Outre que les paroles sont écrites dans une langue-yaourt difficilement identifiable, l'enthousiasme du chanteur ne parvient pas à masquer le fait qu'il chante terriblement faux...)
Mais en redescendant, on eut la bonne surprise d'assister à un petit numéro de Julien Losa, qui, loin de ses expériences spirites de la veille, s'adonnait cette fois à quelques tours de prestidigitation de corde un peu plus classiques, sans se départir d'un humour efficace.
Un peu plus tard, à nouveau à l'étage, ce fut un groupe de métal vosgien, Deadly Sins, qui se produisit. Une fois de plus, le groupe est plutôt mauvais, et surtout pas du tout en place, mais pour distraire les fuyards, se tient dans la salle voisine une expo insolite, regroupant des photographies, des sérigraphies, et surtout des lettres de menaces de morts, celles des lauréats du très ironique concours organisé dans le cadre du Festival.
Le meilleur moment de la soirée, qui aurait même seul suffi à valoir le détour – au contraire de la sélection musicale, donc – fut la Finale du Concours de Sosies de Chanteurs Morts. Organisé dans la petite salle de spectacle au deuxième étage de l'Hôtel Lillebonne, il fit d'ailleurs le plein de spectateurs au point que certains ne purent pas entrer dans la salle.
Le comédien Romain Dieudonné, en Pascal Sevran « revenu de loin », accueille les réincarnations de Dalida, Amy Winehouse, Jimi Hendrix, Édith Piaf et Whitney Houston. Le jury, présidé par Elmo en personne et en peluche, note férocement les candidat-e-s au titre de meilleur sosie. Finalement, il sera remporté par Édith Piaf, après que celle-ci ait improvisé en guise de rappel une prestation a cappella et un numéro de danse inédit avec Dalida et Whitney Houston. Les prix seront remis à tous les finalistes par rien moins que Spider-Man, fraîchement descendu de sa toile.
Après cette séquence de franche rigolade, des courts-métrages devaient également être projetés, mais hélas, nous avons dû partir avant la séance. Néanmoins, parmi les atouts incontestables de cette Grande Soirée de la Mort Qui Tue, il serait très injuste d'omettre de mentionner la délicieuse nourriture préparée par « Poison Lily et Élisa la Bouchère ». Car quand bien même on aurait été trop absorbés par les spectacles pour remarquer les silhouettes qui s'affairaient en cuisine, c'est bien au goût que l'on sent la différence. Les produits sont frais et les « pains de la muerte », « soupas », « paninis dos viandos » (qui ne sont pas les traditionnels sandwichs vendus sous ce nom mais des boulettes de viande accompagnées de légumes) incontestablement faits maison. On aurait bien sûr aimé que les portions soient plus abondantes, mais l'important est que c'est un régal. Ce que l'on n'a pas si souvent l'occasion de souligner à propos de la nourriture servie lors des festivals.