À l’heure où beaucoup partent en vacances, d’autres veillent sur leurs maisons. À Nancy, nous avons accompagné un binôme de la police nationale sur l'opération tranquillité vacances (OTV), Pascal, ancien major retraité et Olivier, réserviste en activité venu du civil, en patrouille pour sécuriser les domiciles.
Devant l’hôtel de police de Lobau, deux silhouettes en uniforme s’installent, ce mercredi 9 juillet, dans un véhicule sérigraphié. Pascal, le regard assuré et le geste précis, boucle sa ceinture, à ses côtés, son collègue tout aussi concentré. Ensemble, ils forment un binôme de réservistes inédit pour l’Opération Tranquillité Vacances (OTV) : un major de police à la retraite, ancien de la CRS 39 et un réserviste venu du civil, encore novice. Pour l'un, il s'agit de la dernière journée de service en tant que réserviste. À ses côtés, Olivier, réserviste depuis seulement quelques mois. Il découvre encore les missions de terrain. "C’est ma sixième vacation. J’ai fait du police-secours, participé à des sécurisations de manifestations comme le Jardin du Michel… C’est ma première OTV", confie-t-il.
Le binôme embarque dans son véhicule. La fiche d’intervention, qui figure aussi sur les tablettes NEO (Nouvel équipement opérationnel), a été imprimée. Le document liste les adresses des foyers inscrits au dispositif qu'ils doivent contrôler. À chaque nom, une mission : vérifier l’intégrité des lieux, s’assurer qu’aucune effraction n’a eu lieu, apaiser l’inquiétude des propriétaires partis en vacances. Chaque passage est renseigné, horaires, observations jusqu'aux éventuelles anomalies.
L’Opération tranquillité vacances, dispositif gratuit, permet aux habitants de signaler toute l'année, en ligne ou directement au commissariat, une absence prolongée à la police ou à la gendarmerie. En échange, des patrouilles passent vérifier à des horaires aléatoires leur domicile. "Rien que pour Nancy, 135 foyers sont inscrits cet été", détaille la commissaire Anne Serrado, cheffe du service local de sécurité publique. "Trois fois par semaine, nous mettons en place des patrouilles spécifiques, en mobilisant notamment des réservistes".
"L’idée, c’est d’être visible, de dissuader, et de rassurer", explique Pascal, qui connaît bien la routine de l’OTV depuis 2012. "Il faut rester vigilant. Une fenêtre entrouverte, des traces au sol… La moindre anomalie doit être détectée".
Le tour de la propriété et de ses aménagements extérieurs
Cap sur plusieurs zones pavillonnaires du sud de Nancy, l'équipage met pied à terre. Tour de la première propriété, vérification de chaque point d’entrée, sous les regards médusés des voisins derrière leurs fenêtres… Rien à signaler pour le premier pavillon. Deuxième maison : tout est en ordre. À la troisième adresse, surprise, la famille est finalement restée sur place. L’information n’avait pas été transmise. Bénédicte, la maîtresse des lieux, ouvre la porte aux policiers et explique avoir annulé à la dernière minute ses vacances. Elle s’inscrit régulièrement à l’opération et en est satisfaite. "C’est une zone pavillonnaire, assez dortoir. Il n’y a pas grand monde la journée, on ne voit pas les voisins", confie-t-elle. L’Opération Tranquillité Vacances ? "Ça me rassure".
Olivier et Pascal poursuivent leur ronde en se dirigeant vers un autre pavillon, niché au fond d’une impasse à moins de deux kilomètres. Cette maison est équipée de plusieurs caméras bien visibles dans l'enceinte de la propriété. Les policiers notent que les volets ne sont pas fermés, qu’une voiture est garée devant et que des chaussures traînent sur le seuil. Après une inspection rapide des abords et du cabanon, rien d’anormal n’est constaté. À quelques mètres de là, ils en profitent pour rappeler à un riverain l’interdiction de laver son véhicule en raison de l’alerte sécheresse et de l’arrêté préfectoral en vigueur.
"C’est une mission plus calme que le police-secours, mais avec la même exigence de vigilance", remarque Olivier, qui apprécie la présence de son binôme, ancien policier, pour cette transmission d’expérience.
Pour ce duo de réservistes, la journée se poursuit, logement après logement. Pour Olivier, cette première OTV est aussi une préparation à d’autres interventions. Pour Pascal, qui a intégré la police à 24 ans, il s’agit d’un dernier tour de terrain avant une retraite bien méritée. "Même si le corps aurait encore suivi", sourit-il, rappelant que la réserve opérationnelle est ouverte jusqu’à 67 ans.
Les réservistes aux avants-postes de l'OTV
Dans les rangs de la réserve, largement étoffée cette année, tous les profils se côtoient : anciens policiers, cadres, chefs d'entreprise, étudiants. Leur point commun ? Le choix de donner de leur temps pour renforcer la sécurité publique.
À la tête de la réserve opérationnelle dans le département, le commandant en charge rencontré à l'Hôtel de police du boulevard Lobau, connaît bien ces profils atypiques qui viennent renforcer les rangs de la police nationale. Lui-même ancien chef de circonscription et chef d’état-major, aujourd’hui réserviste, il coordonne les 116 effectifs (dont 20 % de femmes) de la Direction interdépartementale de la police nationale de Meurthe-et-Moselle (DIPN 54), dont 70 rien que pour Nancy. "En 2022, ils étaient deux fois moins nombreux", note-t-il, soulignant une hausse sensible des engagements ces dernières années.
Pour rejoindre la réserve, la procédure se fait désormais entièrement en ligne. Les candidats suivent ensuite une formation de quatre semaines incluant tir, maniement des armes et réglementation. Leur engagement est volontaire et rémunéré entre 74 € (policier adjoint réserviste) jusqu'à 112 € (major) pour une vacation de sept heures.