De gauche à droite : Frédéric Laissy, directeur interdépartemental de la police nationale (DIPN 54), François Capin-Dulhoste, procureur de la République de Nancy, Yves Séguy, préfet de Meurthe-et-Moselle, et Mathieu Klein, maire de Nancy / Crédit : Conseil municipal de Nancy

En partie consacré aux enjeux de sécurité et de tranquillité publique, le conseil municipal de lundi 17 novembre a été marqué par les prises de parole du préfet de Meurthe-et-Moselle Yves Séguy, du procureur de la République de Nancy François Capin-Dulhoste et de Frédéric Laissy, directeur interdépartemental de la police nationale. Une séance structurée autour d’un diagnostic commun et de mesures fortes, dont l’interdiction de la vente de protoxyde d’azote.


Le conseil municipal de Nancy a été marqué, lundi 17 novembre, par un long échange sur la sécurité, quelques jours seulement après l’accident mortel du 8 novembre sur l’avenue de Boufflers. Un drame impliquant vitesse excessive, alcool et « vraisemblablement de consommation de protoxyde d’azote par le conducteur », a rappelé le maire, Mathieu Klein. L’exécutif municipal, les représentants de l’État et le procureur ont dressé un tableau commun des difficultés, mais aussi des actions en cours.

Un arrêté municipal pour interdire la vente de protoxyde d'azote

Premier tournant annoncé, l’encadrement du protoxyde d’azote, dont l’usage détourné ne cesse de croître. Le maire a dévoilé une mesure immédiate : l’interdiction de vente du produit sur toute la ville. « Dès demain à Nancy (NDLR: mardi 18 novembre), il ne sera plus possible de vendre du protoxyde d’azote et les contrôles interviendront pour faire respecter cet arrêté », a-t-il assuré, soulignant la nécessité pour les élus nationaux « d’accélérer la navette parlementaire » afin d’aboutir à une législation plus restrictive.

Depuis 2022, la Ville interdisait déjà la consommation dans l’espace public et avait lancé une campagne de prévention. Désormais, elle passe à l’étape supérieure. Une décision motivée par la multiplication d’accidents graves et mortels liés à ce gaz utilisé comme drogue récréative. L'édile a ensuite cité plusieurs faits dramatiques d'actualité, pour illustrer « un enjeu de santé publique » devenu selon lui impossible à ignorer.

L’Agence Régionale de Santé rappelle un ensemble de risques sévères : asphyxie, perte de connaissance, brûlures, chutes, désorientation… Une liste que le maire a égrenée avant de conclure que « les risques sont suffisamment documentés… Il faut donc aller plus loin ». 

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La place de la gare à Nancy - crédit ici-c-nancy.fr

Une montée des trafics et une exaspération des riverains

Au-delà du protoxyde d’azote, la progression des trafics en ville a été évoquée. Des stupéfiants aux cigarettes de contrebande, en passant par des médicaments détournés, la « palette, malheureusement, ne cesse de s’étendre », a décrit Mathieu Klein évoquant une stituation où les points de deal ne sont plus réservés à certains quartiers. « Les points de deal... Des nancéiens m'en signalent régulièrement dans tous les quartiers de la ville. Plus ou moins enkistés, parfois éphémères, souvent très bien achalandés, et avec, il faut le constater aussi, une réduction drastique du coût d'acquisition des produits stupéfiants ».

En réponse, la municipalité dit avoir renforcé les patrouilles pédestres, installé des caméras supplémentaires, mené des actions conjointes police nationale et police municipale. Rien que sur le secteur des rues Saint-Nicolas et Pont Mouja, 500 contrôles et plus de 40 interpellations auraient ainsi été réalisés depuis janvier 2025.

Narcotrafic, « des trafics à ciel ouvert » 

Devant le conseil municipal, le procureur de la République de Nancy, François Capin-Dulhoste, a rappelé que son action s’exerce en tenant compte « des particularités du ressort » à savoir les arrondissements de Nancy, Lunéville et Toul. Il a souligné le poids toujours très fort des violences intrafamiliales, avec « deux gardes à vue par jour, tous les jours de l’année », et un « taux très élevé de poursuites » pour ces infractions et délits.

Il a ensuite longuement insisté sur la lutte contre le narcotrafic. Contre ces points de deal désormais visibles « à ciel ouvert », des opérations répétées et enquêtes de plus en plus longues sont mises en oeuvre pour atteindre les réseaux, souligne le magistrat. Un phénomène qui s'inscrit dans un contexte où « les prix s’effondrent » tandis que « les gains pour les trafiquants explosent ». Le tribunal correctionnel de Nancy enregistre sur ces affaires de narcotrafic, un taux de poursuites de 85 %, une réponse pénale à 97 %, et « 71 % des condamnations pour trafic » assorties de prison ferme, pour une moyenne de 20,3 mois.

Baisse des violences physiques, mais hausse des atteintes aux biens

Arrivé récemment en Meurthe-et-Moselle, le préfet, Yves Séguy a rappelé avoir fait de la sécurité « la première des priorités » et a donné quelques chiffres. Selon lui, les violences aux personnes devraient légèrement diminuer en fin d’année, mais les atteintes aux biens progresser de 5 %. Il a également fait état d’une hausse des cambriolages (+4,7 %) tout en soulignant « un taux de résolution à bon niveau ». Les violences intrafamiliales restent stables mais à un palier élevé.

Le préfet a insisté sur l’importance des opérations conjointes, citant celle du 5 novembre rue Saint-Nicolas, lors de laquelle 73 kg de tabac de contrebande ont été saisis. Plusieurs établissements devraient faire l’objet d’arrêtés de fermeture administrative « dès que cela sera possible ».

La police nationale face à une hausse des trafics

Prenant la parole à son tour, le directeur interdépartemental de la police nationale, Frédéric Laissy, a rappelé l’ampleur du dispositif engagé sur la métropole. « La police nationale, c’est 450 policiers mobilisés au quotidien », a-t-il précisé, évoquant près de 21 000 interventions par an et une présence qui varie de cinq à quinze équipages selon les heures de la journée. Il a désigné la lutte contre les stupéfiants comme « la mère de toutes les batailles », en raison de ses liens avec l’insécurité routière, les vols violents et de multiples formes de vulnérabilité sociale. 

Le patron des policiers en Meurthe-et-Moselle a souligné l'action vigoureuse des services de police. Depuis 2024, « une centaine d’interpellations » ont eu lieu sur le seul secteur Saint-Nicolas et Docteur-Schmitt, pour séjour irrégulier, recel, stupéfiants ou détournement de médicaments comme la prégabaline. Parmi les saisies témoignant de ce phénomène, en octobre dernier dans l'agglomération nancéienne, celle de 10 kg de kétamine (une substance détournée de son usage médical pour être utilisée comme drogue récréative) ou encore l'interception durant l’été de trois « livreurs » à vélo qui distribuaient des stupéfiants entre la rue Saint-Dizier, la rue du Dr Schmitt et le début de la rue Saint-Nicolas. 

Frédéric Laissy a également défendu une stratégie de « sécurité globale », mêlant actions judiciaires, coopération avec les 16 polices municipales de la métropole, audits de sûreté et réaménagements de l’espace public. 

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Un véhicule de police au croisement de la rue Saint Jean et Saint Dizier à Nancy /  Photo d'archives - crédit ici-c-nancy.fr

Vitesse, trottinettes, errance, d’autres fronts au chapitre sécuritaire

Au chapitre des problématiques sécuritaires de la ville, le maire a également insisté sur les nuisances liées aux comportements routiers, notamment ceux en trottinette : vitesse excessive, circulations à deux ou trois, parfois avec enfants, sur trottoirs ou zones piétonnes. En la matière, l'édile envisage de réunir les acteurs de la mobilité début décembre 2025 pour durcir les règles si nécessaire. « Il faut trouver des réponses adaptées mais s'il faut aller jusqu'à l'interdiction nous irons jusqu'à l'interdiction en tout cas je veux en dialoguer avec tous les acteurs pour que (...) nous puissions prendre des mesures concrètes qui renforcent la sécurité des piétons, comme la sécurité de toutes celles et ceux qui se déplacent dès lors qu'ils respectent la loi ». 

Enfin, la question de l’errance, phénomène devenu visible dans sa partie agressive, particulièrement liée à l’alcoolisation a été évoquée. Et d’annoncer une réponse opérationnelle très prochaine : « De nouvelles permanences s’ouvriront le 24 novembre rue Sainte-Anne » , a encore rappelé Mathieu Klein, précisant que les personnes souffrant d’addiction à l’alcool y seraient orientées et prises en charge par CAARUD (Centre d'Accueil et d'Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues), un service d’accompagnement des toxicomanes. 


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