LIVRES. Sixième ouvrage de Joël Dicker, « L'énigme de la chambre 622 » est le roman d'un orphelin. Orphelin de son second père, Bernard de Fallois, son éditeur chéri décédé en 2018 à 92 ans. Alors, dans ce pavé de 570 pages, il lui rend hommage. Entrelardant l'enquête policière, de Genève à Verbier, de souvenirs avec ce colosse de l'édition. Et c'est bouleversant.

La dédicace qui lui est dédiée est explicite. « A mon éditeur, mon ami et mon maitre, Bernard de Fallois (1926-2018). Puissent tous les écrivains du monde connaître un jour un éditeur aussi exceptionnel ».

Un éditeur avec qui il aimait partager au « Dôme » un plat de saint-pierre arrosé d'un verre de blanc et dont il raconte en fin d'ouvrage leur ultime rencontre à l'hôpital américain de Neuilly. « Joël, vous vous êtes dérangé pour rien. Comme vous pouvez le voir, je vais très bien. Mais le lendemain matin, il s'en était allé... ».

Le palace de Verbier 

Bernard de Fallois aurait, c'est certain, apprécié que son poulain situe son sixième roman au cœur du pays qu'il connaît le mieux : le sien. Cette Suisse reluisante et bosseuse dont il hante deux univers attirants : les palaces et les banques. C'est justement au Palace de Verbier que l'auteur-enquêteur découvre un jour que la chambre 622 n'existe pas. On passe de la 621 à la 621 bis puis à la 623. Motif : 15 ans plus tôt un meurtre a été commis dans la 622. Par superstition, la direction l'a donc carrément débaptisée.

Rien de tel pour titiller la curiosité de l'Ecrivain et de Scarlet, sa complice. D'autant que le meurtrier n'a jamais été retrouvé. Une enquête qui va très vite cibler quatre personnes. D'abord deux hommes. Macaire Ebezner, petit-fils du fondateur de la banque du même nom. Et Lev Levovitch, self-made man surdoué, brillant polyglotte et aspirant, comme Macaire, à la présidence de ladite banque. Entre eux : une femme, Anastasia Ebezner, aimée des deux. Un trio explosif auquel s’adjoint un quatrième, Sinior Tarnogol, client aussi fortuné qu’étrange.

Un procédé abusif

Adepte des anticipations acrobatiques, Joël Dicker, ici, les multiplie. Du genre : 15 ans plus tôt, 4 jours avant le meurtre, deux mois plus tard, 3 heures avant le meurtre, etc Au point d’y perdre un peu ses lecteurs aventureux. Un procédé dont il use et abuse. Et dont il se servait déjà en 2012 dans « Le livre des Baltimore » en jonglant avec les villes et les années.

Reste néanmoins dans « L’énigme » un redoutable itinéraire meurtrier dévoilé avec un sens du suspense éprouvé. Nous poussant à soupçonner tout le monde jusqu’à ne dévoiler la victime qu’à la page...387.

Dans une interview, Dicker, le malin a d’ailleurs dévoilé «qu’il ne connaît pas le meurtrier quand il commence son récit». Et qu’il « change même plusieurs fois d’idée sur la victime et l’assassin ». Façon habile de se surprendre lui-même en épiçant son récit d’ingrédients bien assaisonnés. 

Appelé, comme les précédents, à un bon score de ventes, ce roman énigmatique ne sera pas l’unique occasion de parler de Joël Dicker en 2020. Car Jean-Jacques Annaud s’étant emparé de son best-seller 2012, « La vérité sur l’affaire Harry Québert », TF1 programmera en septembre cette série de dix épisodes tournée au Canada. Vedette : Jack Dempsey dans le rôle principal.         


 Fiona Franchi  

 « L’énigme de la chambre 622 » de Joël Dicker. Ed de Fallois, 23 euros

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