Spectacle.Pour sa quatrième soirée sur scène, le Festival de l’Horreur et de la Mort Qui Tue avait conçu un programme éclectique, avec tout d’abord un superbe spectacle de théâtre contemporain entre amour et haines, vie et mort, L’Inattendu ; puis une projection de Beetlejuice en ciné-vivant animé par le collectif Proj(ect). Ici-C-Nancy vous fait revivre cette soirée riche en émotions.

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Festival de l'Horreur et de la Mort Qui Tue, Sur Scène – 4e Nuit - crédit photo FHMT

Jeudi 1er novembre, la quatrième soirée de spectacles du Festival de l’Horreur et de la Mort Qui Tue s’ouvrait sur une pièce de théâtre contemporain au nom aussi joli qu’intriguant, L’Inattendu. Ainsi, lorsque le spectacle commence, c’est d’abord un superbe texte de Fabrice Melquiot que dévoile ce titre. Acteur, parfois même metteur en scène, et surtout auteur prolixe de livres pour enfants, d’œuvres théâtrales et même depuis peu co-auteur d’un roman graphique, il raconte dans L’Inattendu une histoire bouleversante mise en mots poétiques dans la bouche d’une seule actrice, à laquelle répond parfois la voix grave et sourde d’une contrebasse. Il appartient alors à l’actrice, Coralie Leblan, et à la musicienne, Juliane Petin, de faire vivre ces mots par le corps et par le son.

  Et ces mots, que disent-ils ? Ils narrent la détresse de Liane, jeune veuve qui a vu disparaître son amour dans le bayou. Un amour dont elle aimait particulièrement la peau noire, cette peau noire qui lui valait pourtant bien des invectives et des persécutions. Un amour qui ne s’est pas éteint dans ce naufrage, et qu’elle ne peut pas oublier, d’autant qu’il semble lui offrir encore des flacons de souvenirs odorants, qu’elle respire pour mieux le garder encore près d’elle. Jusqu’au jour où un flacon lui montre l’avenir, quand seul le passé l’intéresse. Car en dehors de son « petit chou, [s]on tigre », il n’y a plus d’avenir possible. Quoique…

  Deuil, racisme, haine, amour, guerres, misère, reconstruction ; sur le plan thématique, la pièce est riche. Et Coralie Leblan, seule à porter ce texte par le truchement de sa voix et de son corps, en fait magnifiquement ressortir tout le trouble et la puissance émotionnelle. Tour à tour suppliante et féroce, perdue et prête à s’abandonner, voulant tout voir pour témoigner, prête à se relaisser séduire, rongée de culpabilité, prisonnière de sa douloureuse mémoire, elle fait exister le personnage de Liane, dans toute sa complexité, dans la révolte contre cette injustice qu’est la mort, comme dans son désir de ranimer cet amour dont elle ne peut croire qu’il est parti.

  La mise en scène d’Odile Kieffer fait éclater dans l’obscure clarté de cette scène – par ailleurs plutôt dépouillée – la poésie des mots de Melquiot et de l’histoire de Liane. Une chemise accrochée sur un cintre suffit alors à évoquer la terrible absence de l’être aimé. De petits flacons de couleur matérialisent les sublimes espoirs de Liane, qui en soufflant sur un souvenir, espère le raviver. Ils disent également le besoin de se raccrocher à un nuage de poussière rouge, à l’odeur restée sur un vêtement, pour mieux combattre le deuil et l’incompréhension qu’il suscite.

  Alors au son des sanglots de la contrebasse de Juliane Petin, dans les flaques d’ombre et de lumière créées par l’éclairage sobre et pourtant si porteur de sens d’Elise Drouet, le spectateur ne peut que se laisser émouvoir par la force cathartique de ce spectacle d’amour, de mort, et enfin d’espoir.

  Regardant autour de soi, on ne peut regretter qu’une chose ; que la salle du Théâtre de Mon Désert ne soit pas complétement remplie pour un spectacle de cette qualité. Espérons qu’il sera rejoué, avec cette fois une audience à la mesure du succès qu’il mérite.

Beetlejuice, Beetlejuice, Beetlejuice !

  Toujours aussi éclectique, le Festival se poursuit au Théâtre de Mon Désert durant cette soirée du 1er novembre avec un tout autre type de spectacle, qui cette fois-ci, affiche salle comble. C’est Tim Burton qui mobilise ainsi les foules, où plutôt la recréation de l’un de ses films les plus cultes, Beetlejuice, par le collectif Proj(ect) qui en propose une séance (très) animée.

  A l’entrée, les spectateurs reçoivent donc chacun un petit sachet d’accessoires, remis par une hôtesse morte-vivante tout droit sortie du film. Selon le même principe que celui des séances interactives du Rocky Horror Picture Show au cinéma Le Studio Gallande à Paris, la troupe de Proj(ect) s’apprête à rejouer en direct des scènes-clefs du film. Le public ne pourra d’ailleurs pas non plus se contenter de rester tranquillement assis dans son fauteuil, puisqu’il lui faudra, à l’aide des accessoires qui lui ont été remis, assurer quelques bruitages et ne pas redouter de recevoir semoule, serpentins, araignées en plastique, cotillons et serpents des sables en peluche dans la figure !

  Le caractère fantasque des drôles de revenants de Tim Burton se prête remarquablement bien à ce type de séance interactive à l’atmosphère délirante. Le public s’amuse beaucoup, et les prestations des acteurs, réinterprétant par exemple un dîner paranormal dont les convives sont possédés par les fantômes du couple qui veut expulser les vivants squatteurs, sont très vivement applaudies. Lorsqu’il s’agit de lancer des araignées en plastique ou des confettis, tout le monde s’en donne également à cœur joie. Il faut dire qu’on n’a pas souvent l’occasion de réagir face à l’écran de cinéma, et l’occasion de vivre le film, non plus de rester passif face à lui est trop belle. Si le spectacle en lui-même n’apporte donc pas grand-chose au film projeté, c’est tout-de-même un incontestable et immense bonheur cinéphilique que d’avoir l’opportunité de participer à son déroulement narratif. (Ou tout du moins d’en avoir l’impression).
 Les spectateurs ressortent donc tous de cette séance avec une provision de paillettes dans les cheveux et les vêtements, et surtout un grand sourire aux lèvres. Certains s’attardent même pour féliciter la troupe, des hôtesses aux acteurs, qui sont restés pour les saluer. Gageons que ces spectateurs conquis seront nombreux à venir voir le nouveau spectacle de Proj(ect), le 17 novembre au Château du Grand Sauvoy, Project montre son culte, qui s’annonce tout aussi enjoué, sympathique, et forcément… culte.

 

Festival de l'Horreur et de la Mort Qui Tue
Spectacles du 29 octobre au 3 novembre
MJC Lillebonne et Théâtre de Mon Désert
Soirée du 1er novembre 2012 :
L’Inattendu
Texte de Fabrice Melquiot
Mise en Scène : Odile Kieffer
Interprétation : Coralie Leblan
Contrebassiste : Juliane Petin
Lumière : Elise Drouet
Son : Mathieu Laurent
Durée : 1h00
Beetlejuice, Ciné-Vivant
Film de Tim Burton, 1988, avec Alec Baldwin, Geena Davis, Winona Ryder, Michael Keaton
Animée par le collectif Proj(ect)
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