Dans la région Grand Est, les services à la personne jouent un rôle essentiel pour de nombreux foyers : aujourd’hui, un ménage sur huit y a recours. Avec le vieillissement de la population, ce secteur devra faire face à l'horizon 2050 à une forte augmentation de la demande, comme le prévoient deux études de l’Insee.
D’ici 2050, dans le Grand Est, "si les tendances démographiques se poursuivaient, les ménages utilisateurs de services à la personne seraient 20 % de plus", informe l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) dans deux études rendues publiques mardi 21 janvier 2025.
Aide aux personnes âgées ou handicapées pour les travaux domestiques, aide à la garde d’enfants ou encore soutien scolaire... En 2019, dans la région Grand Est, un ménage sur huit, soit 12,5 % des foyers, fait appel aux services à la personne (SAP). Cette proportion reste toutefois parmi les plus faibles de France, en raison notamment de disparités socio-économiques et démographiques. Les ménages utilisateurs dépensent en 2019 en moyenne 1 260 € par an pour ces services, une somme bien en deçà des 2 400 € observés en Île-de-France. Les ménages du Haut-Rhin, de la Marne et du Bas-Rhin en sont les plus utilisateurs (environ 13,5 %), tandis que les départements ruraux comme les Ardennes affichent des taux plus faibles.
Une demande dominée par les seniors
Les services à la personne sont largement sollicités par les ménages les plus âgés. Parmi les utilisateurs, les personnes de plus de 60 ans, en particulier les femmes vivant seules, sont surreprésentées. En revanche, les familles monoparentales, bien qu’éligibles à certaines aides, y recourent moins souvent. Quant aux couples avec enfants, ils concentrent leur usage sur des prestations comme la garde d’enfants ou l’entretien domestique.
Vers une explosion des besoins d’ici 2050
Selon les projections de l'Insee, le vieillissement de la population va profondément modifier la demande. D’ici 2050, le nombre de ménages ayant recours aux SAP dans le Grand Est pourrait augmenter de 20 %, atteignant 360 000 foyers. Cette progression sera particulièrement marquée dans les départements alsaciens, où l’usage pourrait croître de manière plus soutenue. Les personnes âgées de 80 ans ou plus représenteront alors près de 50 % des utilisateurs.
16 000 emplois à créer pour répondre à la demande
Cette hausse s’accompagnera d’un fort besoin de main-d’œuvre. Le secteur des SAP devra créer environ 16 000 postes supplémentaires dans la région pour satisfaire la demande d’ici 2050. Toutefois ce chiffre est" probablement une estimation basse de ce que pourrait être la réalité, puisque le vieillissement de la population induirait un nombre plus élevé de personnes âgées faisant appel aux SAP", souligne l'INSEE qui note aussi qu'une "grande partie des emplois supplémentaires seraient dédiés à l’assistance et l’accompagnement des personnes âgées ou dépendantes".
Actuellement, le recrutement est freiné par des conditions de travail souvent difficiles et des salaires modestes.Ce défi soulève la nécessité de politiques publiques ciblées pour attirer de nouveaux professionnels. Toujours selon l'Institut, six salariés des SAP sur dix sont âgés de 45 à 64 ans en 2019. À moyen terme, les départs à la retraite seront nombreux, augmentant les enjeux de recrutement et de formation, dans un secteur qui souffre actuellement d’une faible attractivité du fait des conditions d’emploi et du niveau des salaires. À l’échelle régionale, en 2019, le salaire brut moyen est de 13,1 € de l’heure, contre 18,6 € tous secteurs confondus.