Nancy-Maman d'une petite fille atteinte d'une maladie génétique rare, Sonia Sammou dénonce les conditions dans lesquelles sont pris en charge les enfants handicapés en taxi.
Sonia Sammou est maman d'une petite Lina atteinte d'une maladie génétique rare, le syndrome d'Engelmann. La petite fille est suivie à l'OHS de Flavigny sur Moselle et c'est en taxi qu'elle se rend dans cet établissement. Mais un jour, la maman de Lina retrouve sa fille « avachie à l'arrière du taxi seulement maintenue par une sangle au niveau du bassin. » Une anecdote malheureuse qui permettra au moins à Sonia Sammou de constater « le vide juridique qu'il existe sur le transport des handicapés en général et notamment sur le transport d'enfants en taxi », mais aussi de regretter que « les chauffeurs de taxi ne soient pas perturbés de transporter des gamins sans siège auto donc mal attachés et qui perdent le bénéfice des exercices effectués dans la journée. »
La maman de la petite Lina dénonce également « l'absence de formation des chauffeurs de taxi pour transporter des gamins qui ne parlent pas et qui communiquent en criant ou en tirant les cheveux, du coup les chauffeurs ne savent pas comment réagir, il y a eu des cas de maltraitance. Parfois, un chauffeur de taxi transporte 5-6 enfants en même temps, comment réagir si par exemple un enfant épileptique fait une crise et notamment par rapport aux autres enfants ? » Autre point qui dérange Sonia Sammou, la question du casier judiciaire vierge « le directeur d'une agence de taxi est obligé d'avoir un casier judiciaire vierge, mais il peut embaucher n'importe qui, récemment un enfant handicapé a été violé par son chauffeur de taxi. »
Une situation inacceptable pour la maman militante qui sollicite en 2013 le député Jacques Lamblin pour présenter une proposition de loi obligeant les chauffeurs de taxi qui souhaitent transporter des enfants handicapés à passer un certificat de compétences qui les obligera à mettre un siège auto et une ceinture de sécurité, mais aussi de recevoir une formation de sensibilisation aux handicaps pour apprendre comment installer les enfants. Comme rien ne bouge, le sénateur Jean-François Husson fera une autre proposition de loi au sénat, mais encore une fois sans succès. Loin de se décourager, Sonia Sammou décide d'écrire au président de la République « c'est redescendu au niveau du préfet, mais rien n'a bougé, j'ai donc écrit à tous les députés et sénateurs et certains ont fait des actions individuelles comme Chaynesse Khirouni, mais la réponse qui lui a été donnée est une non-réponse, comme souvent, en fait personne ne veut agir » constate amèrement la maman de la petite Lina. Cette dernière a même directement contacté la fédération des taxis « le président et le juriste sont d'accord sur la proposition de loi, mais pas les chauffeurs qui considèrent qu'une journée de formation tous les 5 ans c'est suffisant. Le pire c'est que les taxis ont manifesté pour garder les transports sanitaires, car cela représente des revenus importants. »
Alors, comment expliquer cette inaction ? L'État aurait-il peur de son confronter aux chauffeurs de taxi déjà en lutte contre Uber ? Sonia Sammou prévient « l'État doit s'occuper de la sécurité de nos enfants, il y a certainement une peur des chauffeurs de taxi, mais les parents peuvent aussi boycotter les taxis sur une journée, ils verront ce que cela représente sur leur budget. »
Une pétition a été lancée sur internet (Change.org/TaxiHandicap), elle a déjà recueilli plus de 22 000 signataires « dont des chauffeurs de taxi qui reconnaissent un problème de formation » selon Sonia Sammou. La maman a évidemment profité de l'élection présidentielle pour alerter les candidats par l'intermédiaire du collectif de parents Handi Actif France « nous avons écrit à tous les candidats, en présentant les problématiques et même des solutions, nous avons eu des contacts principalement avec les équipes de François Fillon, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, mais le handicap n'est jamais abordé dans les débats, nous sommes exclus de la société, c'est un silence pesant sur le handicap par les candidats malgré de nombreuses sollicitations, par exemple nous n’avons eu aucune réponse de la part de l'équipe de Marine Le Pen. » En conclusion Sonia Sammou rappelle que « transporter des enfants sans siège auto c'est considérer comme de la maltraitance... »