SANTÉ. Aider les patients diabétiques souffrant de douleurs neuropathiques par le biais d'un nouveau traitement. C'est ce que propose à Nancy un essai clinique visant à évaluer la tolérance et l’efficacité d’un médicament nommé PL37 dans les douleurs neuropathiques d’origine diabétique. Sélectionné parmi six autres centres hospitaliers français,le CHRU de Nancy débute actuellement une vaste campagne de recrutement de patients . Nos questions au Docteur Philip BÖHME du CHRU de Nancy, médecin en charge de l'étude.
Ici-c-Nancy.fr. La société Pharmaleads, qui a conçu et développe des Inhibiteurs Doubles d’ENKéphalinases (DENKIs) pour le traitement des douleurs sévères a annoncé l’ouverture des premiers centres investigateurs français de son étude de Phase 2a du PL37 par voie orale dans les douleurs neuropathiques d’origine diabétique. Nancy en fait partie. Les DENKIs de Pharmaleads vise avec cette toute nouvelle classe d’analgésiques, un progrès thérapeutique dans les douleurs sévères en soulageant les patients sans leur infliger les effets secondaires des opiacés et des autres traitements actuels. Nancy accueille cette étude clinique. Votre groupe de patients est-il constitué ?
Docteur Philip BÖHME- Nous sommes en vaste campagne de recrutement, le démarrage à proprement dit avec inclusion et début du traitement de patients n’a pas démarré pour le moment. Il faut savoir aussi que la neuropathie diabétique douloureuse, est une pathologie qu’on pourrait dire fréquente chez les patients diabétiques, mais dont la symptomatologie est extrêmement variable. Beaucoup de patients ne savent pas parfois qu’ils ont une neuropathie, d'autres le savent, mais le tolèrent très bien parce que la douleur est variable dans le temps, d’un jour à l’autre. Comme c’est très très polymorphe parfois, il n’est pas simple pour les patients d’en parler, de la repérer. Il y a néanmoins des facteurs qui favorisent l’apparition de la neuropathie diabétique douloureuse, à savoir des diabètes anciens, plus la durée du diabète est élevée plus il y a un risque de neuropathie et puis une instabilité du diabète également à savoir un contrôle insuffisant. Evidemment, c’est corrélé à d’autres complications du diabète soit au niveau des petits vaisseaux, de la microangiopathie comme l’atteinte ophtalmologique ou particularité rétienne ou l'atteinte rénale et/ou complications cardiovasculaires classiques.
Comment repérer la maladie ? Combien de temps durera cette étude ?
Bien que la douleur soit subjective, en général ce sont des douleurs au niveau des extrémités des membres inférieurs soit de brûlures, de tiraillements, soit de fourmillement, pas forcément symétriques, mais qui sont souvent bilatérales avec des crampes aussi et des crampes nocturnes. Parfois la sensation de douleurs alors qu’il y a juste le drap sur le pied. C’est très polymorphe, ce qu'il faut conseiller aux patients diabétiques, c'est d’en parler à leur médecin, sachant qu’il y a des traitements de référence. Le probléme avec ces derniers et c’est cette raison que d'autres thérapeutiques se développent, c'est qu’ils atténuent rarement la douleur à 100 % des patients.
L’essai est relativement simple dans la mesure où seront recrutés des patients qui auront déjà un médicament dans cette pathologie, auquel on ajoute soit un médicament soit un placébo. L’étude est courte à savoir quatre semaines.
Le 14 novembre 2015 aura lieu la journée mondiale du diabète, c'est aussi une occasion de traiter le sujet des douleurs neuropathiques chez les patients diabétiques, qui peut parfois rester un sujet encore tabou...
Ce n'est pas un sujet tabou, je crois que ça fait partie des complications du diabète qui sont moins connues que les maladies cardiovasculaires ou l'atteinte rétinienne. La journée mondiale du diabète est toujours l'occasion de parler de la maladie, de sa prévention, de sa définition et collaborer au mieux avec les soignants en particulier avec les médecins traitants et les autres professionnels de santé. C'est l'occasion à la fois de parler de peut-être ce qui est moins connu la neuropathie diabétique douloureuse ou de la nécessité de repérer le risque de développer un diabète de type 2 et se faire dépister. Il faut savoir que le diabète est de mieux en mieux pris en charge en France grâce à la communauté médicale, la politique de santé publique, au développement de l'éducation thérapeutique...
Quelques chiffres. Selon les derniers chiffres du CHRU de Nancy, la structure de santé suit actuellement plus de 700 patients diabétiques sous pompe à insuline. La prise en charge du diabète au CHRU de Nancy, c’est chaque année 13 000 consultations et 2 500 hospitalisations de jour.