Santé. Selon une étude de l'Agence Régionale de Santé et de Santé publique France, les départements alsaciens constituent l'une des zones ayant le plus fort taux d'incidence de borréliose de Lyme en France métropolitaine. Pour éviter de rentrer en contact avec des tiques infectées, les professionnels de santé diffusent des messages de prévention. Les précisions du Docteur Jean-Marc Oudot de la Mutualité Sociale Agricole Lorraine.
La maladie de Lyme ou borréliose de Lyme est une maladie bactérienne due à un spirochète du genre Borrelia. Elle est transmise à l'être humain par la piqûre d'une tique infectée, un parasite de très petite taille. En cas de morsure, il convient d’enlever la tique dès que possible. Si la maladie est diagnostiquée, elle s’exprime par diverses manifestations dermatologiques, neurologiques, articulaires et parfois cardiaques ou ophtalmiques.
Le vecteur de la borréliose de Lyme, une tique dure du complexe Ixodes ricinus
Dr J-M Oudot : La borréliose de Lyme est une maladie bactérienne, mais aussi vectorielle. Ce vecteur, c’est un acarien, une tique très répandue en Europe, elle ne se nourrit que de sang au cours de deux ou trois repas sanguins. Il existe trois stades dans sa vie, la larve, la nymphe et l’adulte. C’est une petite bête très équipée. La tique a besoin d’énormément d’humidité pour vivre. Elle dispose en outre d'une grande capacité à détecter la présence de l’hôte grâce à des capteurs. Elle serait capable de repérer des émanations de CO2, on ne sait pas trop... On sait qu’il y a des gens qui se font beaucoup piquer et d’autres non. Elle dispose d'un énorme potentiel de s’accrocher dès qu’on passe à son contact pour gagner la peau. Elle va ensuite rechercher une zone richement vascularisée avec des capillaires sanguins puis va perforer, s’implanter et sécréter un anesthésique et un anticoagulant. Son mode opératoire est très sophistiqué.
La prévention
Dr J-M Oudot : Il faut éviter les zones à forte densité végétale basse, les broussailles, fougères, buissons, les zones humides... Rester sur les chemins en forêt au maximum. Concernant l’habillement, la couverture corporelle doit être maximale. Des poignées serrées, une jonction au niveau de la cheville et du pantalon la plus étanche possible. Le port de bottes ou de guêtres est une protection indiscutable. Concernant, les répulsifs cutanés ou les répulsifs sur les textiles, j’invite à la prudence ce sont des produits qui ont des effets secondaires potentiels.
L’inspection doit être soigneuse et systématique au retour de chaque balade dans la nature. Il faut prendre une douche en frottant activement. Si hélas la piqûre est là, il ne faut pas de produit pour neutraliser la tique, pas d’éther ni d’huile... Il faut l’enlever à sec à l'aide d'un tire tique en évitant soigneusement de lui comprimer l’abdomen, geste qui pourrait provoquer une régurgitation de la bactérie. Après avoir enlevé la tique, on désinfecte. Il faut ensuite surveiller pendant plusieurs semaines.
En Lorraine, une campagne à destination du grand Public et des professionnels. Des documents de sensibilisation « Prévenir les piqûres de tiques et la borréliose de Lyme » destinés au grand public (dépliant et affiche) ont été élaborés en collaboration étroite avec le CHRU de Nancy, les HUS, la MSA et l’ONF. Ils ont été largement diffusés: pharmacies, médecins invités aux soirées, offices du tourisme et communes d’implantation despanneaux d’information et environnantes, fédérations de pêche et de chasse, clubs alpin et vosgien, caisses primaires d’assurance maladie, caisses d'assurance retraite et de la santé au travail, Mutualité sociale agricole, Régime local d’assurance maladie, Mutualité Française, Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale, Conseil départemental de l’ordre des médecins. En partenariat avec l’ONF, l'ARS a également financé l'installation de dix de panneaux d'information en 2016 sur des sites à forte fréquentation touristique ou de population (cas des forêts péri-urbaines) sélectionnés par l’ONF.
Afin de sensibiliser les professionnels de santé, l'Agence Régionale de Santé a également organisé des soirées d'information sur le diagnostic et le traitement de la borréliose de Lyme. Ces réunions animées par des spécialistes du sujet, ont rencontré un franc succès, estime l'ARS. Elles ont accueilli 397 participants dont 338 médecins. Un dépliant «Borréliose de Lyme : diagnostic et prise en charge» a également été conçu à leur intention et diffusé aux médecins invités aux soirées, aux pharmacies (via le Conseil régional de l’ordre des pharmaciens)et au Conseil départemental de l’ordre des médecins.