La Ville de Nancy a lancé en début de semaine un nouveau dispositif baptisé "Point Relais Sécurité". Ce nouvel outil doit permettre d'apporter secours et réconfort à des enfants en détresse en proposant des lieux identifiés comme des "refuges". Entretien avec Elisabeth Laithier, adjointe au Maire déléguée à la politique familiale et à la petite enfance

Depuis lundi, Nancy, commune reconnue par l'Unicef « Ville amie des Enfants » a lancé officiellement un nouveau dispositif pour protéger les siens. Baptisé « Point Relais Sécurité », ce dernier a la vocation d'apporter une aide immédiate aux enfants « en situation de détresse, menacés ou se sentant en danger lors de leurs déplacements en ville » en s'appuyant sur des lieux identifiés comme des refuges. Pour cela, les membres de ce dispositif, des commerces, institutions ou encore associations inscrits dans cette démarche, s’engagent à téléphoner aux parents ou à avertir la police en cas de danger immédiat. Chaque lieu est identifié par un autocollant accompagné du message « Ici enfants en sécurité » signalant aux enfants la possibilité d’y trouver un endroit sûr. 

► I.C.N : Le lancement du dispositif « Point relais sécurité » coïncide avec la célébration de la Journée Internationale des Droits de l’Enfant. Dans quel contexte est né ce nouvel outil et comment l’avez-vous mis en œuvre ? 

Elisabeth Laithier : D’abord, j’ai pour cadre la reconnaissance de la ville de Nancy comme « Ville amie des enfants » par l’Unicef depuis 2003, un label qui nous engage et nous incite à mettre en œuvre des moyens pour rendre la ville plus agréable, vivable et plus sécure pour les enfants.

Plusieurs constats ont accompagné cette réflexion notamment dans mes déplacements. J’habite en ville, je suis nancéienne, je suis née à Nancy, j’ai élevé mes quatre enfants et c’est vrai qu’on voit aujourd’hui de plus en plus d’enfants qui font seuls les trajets école ou collège au domicile, le mercredi ou le samedi pour les activités. Autre point, et c’est davantage la maman qui parle, je me suis rappelée ce que je disais moi-même à mes enfants : « Si un jour vous avez un problème, que vous êtes perdu ou que d’un seul coup vous avez peur, que quelqu’un vous ennuie, vous entrez chez le premier commerçant. Vous donnez mon numéro de téléphone et vous demandez à ce que je vienne vous chercher ». Finalement, je me suis dit : « mais pourquoi ne pas l’institutionnaliser » étant bien entendu que du côté des commerçants même sans le logo « Ici, enfants en sécurité », un commerçant n’irait pas mettre à la porte un enfant qui rentre chez lui en manifestant sa peur.

Je me suis donc dit pourquoi ne pas créer un maillage territorial sur Nancy regroupant un maximum de commerçants ou d’associations des gens qui ont pignon sur rue, de façon concrète, et indiquer par le biais d’un signe distinctif qu’un enfant perdu qui a peur peut entrer là et demander secours.

Ensuite pour le travail, c’est très simple. J’ai contacté les associations de commerçants, les Vitrines de Nancy, son président a été enthousiaste (NDLR : Sébastien Duchowicz), j’ai rencontré pour la sécurité mon collègue adjoint à la sécurité Gilbert Thiel qui a trouvé qu’effectivement l’idée était bonne. Ça fait paraître les commerçants et la police sur un autre volet que ceux auxquels on est peut-être habitués à savoir la police répression et les commerçants présents pour leur tiroir-caisse, je schématise beaucoup, mais c’est parfois un peu cela. Ce dispositif propose une implication de tous pour le bien vivre ensemble en ville. Voilà, le but est simple, je ne veux pas fabriquer une usine à gaz. À partir de là, nous avons imaginé avec les services de la ville des petits documents de communication et l’idée a été lancée. 

► Existe-t-il des critères particuliers pour devenir adhérent au dispositif ?

L’adhésion est simple, il suffit de remplir une fiche qu’on renvoie à mon service avec le numéro de Siren, etc. Les locaux doivent être situés en rez-de-chaussée, en premier corps de bâtiments. Bien sûr ce magasin doit être autorisé aux enfants. Le commerçant en signant et en renvoyant le bulletin d’adhésion s’engage à accueillir un enfant, à lui demander ce qu’il se passe, à se renseigner sur l’identité des parents, à prévenir les parents et à garder l’enfant le temps que ses parents arrivent.

► La police est-elle systématiquement prévenue ?

Non, prenons l’exemple d’un enfant inquiet dont le portable est en panne. Il n’a plus de batterie, il va donner le numéro de ses parents et le commerçant va les appeler. Ces derniers vont alors venir le chercher. L’affaire est close. La police est sollicitée vraiment dans deux cas : si l’enfant n’est pas en possession du numéro de téléphone de ses parents ou s’il a été agressé verbalement ou physiquement. La police reste le dernier recours. 

► Cet outil va permettre sans doute d’accélérer la prise en charge et de rassurer un enfant qui en a besoin. Il y a t-il aussi un message ou des conseils à destination des parents pour les rassurer voire dans certains cas à les responsabiliser...

C’est un peu compliqué, nous en tant que Ville, nous ne pouvons pas entrer dans la gestion familiale. Sans doute l’existence de ce dispositif fera prendre conscience aux parents qu’il y a certains messages à délivrer à leurs enfants, qu’on ne les envoie pas seuls en ville... Mais, je pense davantage à les rassurer parce lorsqu’on parle de sécurité, on doit avoir à l’esprit l’insécurité et le sentiment d’insécurité. Par conséquent, le message est de rassurer, de dire aux parents : Nancy est une ville accueillante, une ville qui s’occupe de ses enfants qui met tout en œuvre pour dans ses déplacements, qu’ils se sentent en sécurité. Pour que cela fonctionne bien mon objectif est d’avoir le maillage territorial et local le plus important. 

► Une initiative qui pourrait inspirer d’autres villes de France...

J’ai des collègues élus dans d’autres communes qui se sont montrés très intéressés. Par le biais de mes activités nationales, le Défenseur des droits en a entendu parler. Je vais aussi porter ce dispositif à l’association des maires de France devant le Congrès des Maires. Le but, oui c’est que ça diffuse, qu’il y ait le plus grand nombre de communes à proposer ce dispositif. Sincèrement c’est une opération qui ne coûte rien, juste l’impression des documents et qui renforce le lien social.  


Propos recueillis C. Scopel  

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