Après avoir acté le principe de son expérimentation en novembre dernier, le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle s'apprête à mettre en œuvre le 1er octobre 2024 un « Revenu d'émancipation jeunes ». Un outil innovant en faveur de la jeunesse en situation de fragilité.
Après avoir acté le principe de son expérimentation en novembre dernier, le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle va mettre en œuvre dès le 1er octobre 2024 un Revenu d'émancipation jeunes. Le règlement de cette expérimentation de 3 ans a été adopté lors d'une session publique du 25 septembre.
Cette nouvelle aide est destinée aux jeunes de 16 à 25 ans en situation de fragilité (sans ou avec peu de ressources, en rupture familiale, etc.). Le revenu sera de 500 € par mois pendant un maximum de douze mois, continus ou discontinus, explique le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle.
« Dans une situation budgétaire difficile, nous faisons le choix de prendre des décisions fortes. Le Revenu d'Emancipation Jeunes est un choix politique que nous assumons car il confirme la jeunesse comme notre priorité » a déclaré Chaynesse Khirouni en ouverture de la session publique du Département de Meurthe-et-Moselle.
Lionel Adam, conseiller départemental en charge du dossier, explique la philosophie de cette expérimentation de trois ans : « Ce revenu d'émancipation jeunes a vocation à agir comme un « tremplin » pour faire levier dans le cadre d'une démarche émancipatrice progressive. La jeunesse n'est pas qu'un mot. Elle recouvre une grande diversité de situations, liées à l'histoire de chaque individu, c'est vrai ! Mais également à l'organisation de la solidarité en France. » Et d'ajouter : « Que dire de la façon dont sont considérés les jeunes ? Personne ne peut nier le décalage entre la citoyenneté civile, la citoyenneté politique et la citoyenneté sociale. Entre 16 et 25 ans ce sont 9 années d'incertitudes, qui pour certains, se succèdent. Si le travail est absent, si dans le même temps, la famille se dérobe, que reste-t-il aux jeunes ? ».
L'émancipation et la confiance sont au cœur de cette expérimentation qui vise à permettre aux jeunes de se projeter « sans les enfermer, par un accompagnement souple et adapté », appuie la Présidente.
En Meurthe-et-Moselle, le taux de pauvreté des jeunes de moins de 30 ans est de plus de 26%. 2 000 jeunes meurthe-et-mosellans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation. L'accès au logement, à une formation, à la culture, à la santé, à une formation, à l'emploi est compliqué pour beaucoup d'entre eux.
Revenu d'émancipation mode d'emploi
Ce dispositif reposent sur deux piliers à savoir une aide financière mensuelle et d'un accompagnement « souple, adapté et co-construit », souligne le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. L'aide financière de 500€ par mois sera proposée une année au maximum, interstitielle pour tenir compte des aléas de la vie. L'accompagnement sera quant à lui progressif et s'articulera autour de deux semestres complémentaires. Le premier permettra de rencontrer les jeunes, de créer des liens de confiance, d'analyser les besoins, de définir un projet, des actions.
Un premier bilan sera réalisé au cours du premier trimestre pour évaluer et procéder aux éventuels ajustements. Pourra alors s'ouvrir un deuxième semestre, celui de l'impulsion, du mouvement. L'aide financière sera alors maintenue si une mobilisation concrète du jeune est constatée et s'il s'est approprié son projet.
Le règlement d'intervention voté par l'assemblée départementale précise le cadre et organisationnel du revenu d'émancipation jeunes. Il contient 7 articles et précise l'aide financière, le public auquel il s'adresse, l'accompagnement, le circuit d'attribution, les possibilités de suspension ou de sortie, les recours et le traitement des données personnelles.
Ce revenu est également « un engagement réciproque, matérialisé par une charte signée entre le Département et le jeune », ajoute le CD54. Le Département s'y engage à être à l'écoute et à apporter un soutien aux démarches engagées. Le jeune s'engage à respecter les valeurs de la république et ses symboles.
Pour la gouvernance, deux instances ont été créés. D'abord le comité de pilotage, composé de 5 élus et ouvert aux apports de personnalités qualifiées. Il se réunira une fois par an pour suivre l'évaluation du dispositif et proposer d'éventuelles adaptations. Mais aussi, la commission d'émancipation jeunes. Elle se réunira une fois par mois et sera composée de la présidente, de 5 élus, de 2 représentants de l'administration (central/ territoire), d'un représentant des partenaires et à terme, d'un représentant des jeunes. Cette commission émettra un avis sur les demandes de renouvellement, les suspensions, les sorties à l'initiative du CD, les recours gracieux, analysera la pérennité des critères d'éligibilité pour éviter les fraudes, complète le Conseil départemental 54.