Orange a proposé une édition spéciale et adaptée de son programme "SuperCodeurs" à 80 jeunes en situation de handicap de l'association JB Thiéry à Maxéville.
Créer des motifs avec des 0 ou des 1, établir un cheminement par des briques de couleurs... Le FabLab Les MacGyver, laboratoire de fabrication numérique inclusif, inauguré il y a 5 ans de l'association JB Thiery à Maxéville a accueilli les 22 et 26 novembre une édition très spéciale du programme "SuperCodeurs de Orange". Des sessions proposées à 80 jeunes de 6 à 20 ans, porteurs de déficience intellectuelle, polyhandicap, de troubles du Spectre Autistique (TSA) ou de Trouble Neuro-Développementaux (TND).
Pour cette édition et première en France, des salariés d'Orange Innovation se sont rapprochés des enseignants et professionels de JB Thiéry afin de proposer aux enfants de cet établissement de Services pour Enfants et Adolescents Polyhandicapés (EEAP), une introduction au codage informatique et aux technologies numériques.
Des sessions adaptées aux besoins spécifiques des participants qui intégraient de la découverte du code avec du collage, des gommettes, l'usage de briques de construction et des histoires interactives. Pour les plus grands, de la programmation de robots et de création d'un jeu vidéo avec des lignes de code simplifiées.
Sandrine, supercoach Orange a échangé avec les enseignants afin d'adapter et d'apporter les ajustements à ces ateliers de Supercodeurs. Elle a notamment pris en compte la règle de l'établissement qui exclut les écrans avant 8 ans. "On a respecté les règles, on a recherché ce que l'on pouvait faire avec l'idée du binaire (NDLR: un système de numération informatique qui permet d'opérer un calcul avec seulement deux chiffres) et des pixels" explique cette ingénieure de formation. Une activité a été construite avec des couleurs pour concevoir des représentations. "C'est l'algorithme de tri, on travaille avec des briques toutes mélangées puis elles sont rangées par couleur", souligne-t-elle. Les algorithmes matérialisés permettent aussi un déplacement pour aller récupérer un objet d'un point A à B. Les enfants ont également pu s'initier avec les robots Thymio, un robot éducatif open-source permettant une approche scientifique grâce une expérience pratique autour d'un labyrinthe.
Quatre sessions ont été proposées sur deux journées avec un coach pour deux élèves. "Ce que je transmets, c'est le droit de se tromper avec une dynamique de : je teste, je me trompe, je corrige et j'y arrive. Chaque étape réussie est accompagnée de félicitations" explique Sandrine, supercoach.
Un enjeu ludo-pédagogique
Des sessions suivies avec attention par Arnaud Manukyan, docteur en psychologie, référent numérique au sein de JB Thiéry. "Il y a un enjeu ludo-pédagogique dans ce programme de supercodeurs", souligne le professionnel évoquant la nécessité d'innover pour répondre aux défis représentés par le handicap intellectuel. " Le robot dans ses caractéristiques programmables et prévisibles, permet aux enfants en situation de handicap qui ont besoin de repères de pouvoir mieux se projeter de mieux construire une action, étape par étape, de mieux séquencer des tâches. C'est surtout intéressant pour les participants atteints du spectre autistique. Ça nous inspire pour la suite", souligne-t-il.
L'établissement adopte aussi une politique de limitation drastique des écrans avant 8 ans. "C'était une contrainte pour les supercoachs, mais finalement, ça a permis une ingéniosité sur le plan des activités et une meilleure compréhension. L'innovation, c'est un saut vers l'inconnu, mais là c'était tellement bien préparé que certains participants ne voulaient pas se rendre en pause.", constate Arnaud Manoukyan.
Corinne Claudel, coordinatrice pédagogique au sein du FabLabs évoque avoir ressenti initialement un certain scepticisme lors de la mise en place des séances de supercodeurs . "Pour moi, c'était très abstrait, je ne savais pas trop ce que ça allait donner" confie-t-elle. Toutefois, elle observe que les équipes sont parvenues à adapter le concept pour des enfants en situation de handicap avec de la déficience intellectuelle moyenne ou sévère. "Dans l'ensemble, les participants nous surprennent, ils font comme les autres enfants de collège, mais avec des adaptations. Ce n'est pas l'égalité mais l'équité. On adapte ce qu'on leur propose. On leur dit tu es capable de le faire."
À la fin de la journée, chaque enfant a reçu un diplôme de "Supercodeurs" remis par Orange.
Retour en images sur une session de SuperCodeurs
