Un primeur, c’est quoi exactement ? Qui peut dire aujourd’hui connaître ce métier s’il ne l’exerce pas lui-même ? Vendeur de fruits et légumes, certes, mais pas que… Portrait de Pierre-Jean Florion primeur nancéien...
Métier de proximité par excellence, le métier de primeur révèle l'UNFD (L’Union nationale des syndicats de détaillants en fruits, légumes et primeurs), a le vent en poupe ! Sur toute la France on en dénombre 15 000 dont 10 165 sur les marchés, soit près de 35 000 actifs et 16 000 salariés. Une raison de s'y intéresser davantage et d'en savoir plus sur ce métier...
Si le grand public voit la marchandise colorée sur les étals et profite des saveurs des fruits et légumes sans forcément savoir comment ils sont arrivés jusqu’ici. Il faut savoir que ce métier aux multiples facettes regorge de surprises, de sensibilité, de partage et de générosité et Pierre-Jean Florion en est une parfaite illustration !
Lancé très jeune dans l’aventure, sa passion qui l’anime depuis maintenant 12 ans est toujours aussi vive.
L'envie de réussir
C’est à 22 ans à peine que Pierre-Jean Florion ouvre sa petite entreprise sur le marché couvert de Nancy. Pas de temps à perdre, l’acharnement et le courage sont alors ses meilleurs alliés pour se lancer dans cette vie hyperactive. Ce fils d’agriculteurs sait déjà ce qu’est le travail et ne redoute pas de se lever à 5 heures du matin pour aller dénicher sur les marchés de gros les perles rares qu’il aura tellement de plaisir à proposer à ses clients. Mais ce métier, même si l’expérience en fait l’excellence, nécessite un tant soit peu de ‘’culture’’ et d’études pour asseoir des connaissances solides dans le domaine. Pierre-Jean se donne toutes les chances de réussir : il passe un bac pro, puis un BTS en technique de commercialisation agricole, spécialisation fruits et légumes. Et pourquoi les fruits et légumes ? ‘’En fait, j’ai toujours été attiré par le monde végétal, les variétés de fruits et légumes, la saisonnalité, les couleurs…’’, nous répond tout simplement Pierre-Jean. Mais on comprend vite que ce choix n’a pas été de tout repos et qu’à 22 ans, il faut s’armer de volonté et croire en l’avenir pour ne pas lâcher prise. Même si PierreJean connait les produits, il ne connait pas encore les fournisseurs et encore moins les clients et son jeune âge peu parfois le desservir aux yeux des professionnels. Peu à peu, Pierre-Jean impose sa personnalité et se fraye un chemin dans les allées des marchés de gros, établit pas à pas une relation de confiance avec ces personnes qui vont devenir pour certaines de véritables ‘’partenaires’’ de sa réussite.
Un savoir-faire « pluridisciplinaire »
Aujourd’hui, c’est sur 3 marchés couverts, à Nancy, Haussonville et Metz, qu’il implante son savoir-faire qu’il qualifie de ‘’Pluridisciplinaire’’ : ‘’Le primeur n’est pas un simple marchand de fruits et légumes, il doit aussi être un marketeur dynamique qui supervise son point de vente comme tout chef d’entreprise. Il sait mettre en place les services logistiques nécessaires, organise ses achats, dispatch les bons produits au bon endroit. Il sait vendre, fidéliser sa clientèle, communiquer mais aussi gérer au quotidien les ressources humaines.’’
Un quotidien rythmé
Sa journée, Pierre-Jean la commence par l’achat des produits. Il s’y atèle avec passion, car il faut être passionné pour savourer l’ambiance des marchés de gros dès l’aube. Pierre-Jean ne compte pas ses heures de travail quand il s’agit de choisir le bon produit, le produit frais d’une qualité constante qui fera toute la différence aux yeux des clients. Pour lui, c’est en effet le meilleur moment de la journée ! Une journée au timing serré, dont les étapes s’enchaînent à un rythme effréné : choix et sélection, négociation, achat, transport, affinage, mise en place, vente…tous les ingrédients sont réunis pour au final satisfaire le consommateur, car chez Pierre-Jean, le client est roi.Mais ce travail quotidien n’est pas pour autant routinier, les saisons, le nouveaux produits, les nouveaux modes de vie, font qu’il faut savoir s’adapter et répondre rapidement à la demande pour conserver cette clientèle de plus en plus exigeante. ‘’Il faut rester vigilant, sans cesse à l’écoute pour faire évoluer le métier et savoir parfois se remettre en question.’’
Côté management, Pierre-Jean peut faire face à des salariés ayant des habitudes de travail différentes des siennes. Pour pallier ces divergences, il a trouvé la solution : former lui-même de jeunes apprentis qu’il façonnera à sa vision du métier. Un bon moyen de transmettre une passion et un savoir-faire à ces jeunes destinés à prendre la relève. Il a d’ailleurs dans ce sens monté un partenariat avec une école de formation agricole de la région. Il y forme des apprentis à qui il garantit l’embauche à la fin de leurs études. ‘’ Il est plus aisé de faire confiance à des personnes que l’on a formées soi-même et il serait dommage de les laisser partir !De plus, Les clients n’apprécient guère le turn-over, ils ont besoin d’une relation durable avec les vendeurs. C’est pourquoi il est tout aussi important de fidéliser ses salariés que sa clientèle’’, explique Pierre–Jean. Mais l’investissement pour le métier ne s’arrête pas là. Avec plus de 12 ans d’expérience, Pierre-Jean Florion est aujourd’hui Président de l’Association de commerçants des marchés couverts de Nancy et d’Haussonville. ‘’Il est essentiel de défendre la profession et les commerçants de proximité au sein des marchés. Mettre en place des événements, promouvoir le dynamisme et les spécificités de chacun, faire vivre les marchés, conseiller les clients et conserver cette relation privilégiée est notre principale arme pour concurrencer la grande distribution et ne pas se faire engloutir par ces géants de l’alimentaire.’’A 35 ans, Pierre-Jean compte bien continuer à faire évoluer sa vie professionnelle et le chiffre d’affaires de son entreprise qui tourne aujourd’hui à 1 million 200 000 euros. Il partage sa passion avec son épouse qui travaille à ses côtés. Quant à ses enfants de 6 et 3 ans, ils ont encore le temps de choisir, ‘’mais il est certain qu’ils apprendront vite les valeurs du travail’’ nous confie Pierre-Jean en toute certitude...
UNFD
