couleur-miel-affRécit hybride, entre film d’animation et documentaire, d’une enfance errant à la poursuite de ses origines et de ses racines familiales, Couleur de Peau : Miel est une histoire bouleversante, à mettre à portée d’yeux des plus petits comme des plus grands.

 

   

A l’origine de Couleur de Peau : Miel, il y a l’histoire potentiellement banale et pourtant, d’une certaine façon, universelle, d’un déracinement. Celui d’un enfant, Jung, qui ne connaît pas sa famille et va oublier son pays.

Fin des années 1960. La guerre a dévasté la Corée et des enfants abandonnés errent dans les rues, en quête de quoi survivre. C’est ainsi qu’un jour, un policier en patrouille découvre Jung et l’emmène à l’orphelinat. Bien vite, le petit garçon intègre un programme américain d’adoption internationale. Puis une famille belge décide de le recueillir, et d’orphelin solitaire, il devient alors le frère de quatre enfants à la peau blanche et aux cheveux blonds, qui l’adoptent pourtant encore plus aisément que ses nouveaux parents.

Mais c’est à l’adolescence que l’intégration devient difficile. Durant cette période de transition habituellement difficile surgissent des questionnements supplémentaires, particulièrement douloureux parce que persiste au cœur de l’enfant cette sensation de vide, de manque, laissée par l’absence d’explications ou d’un quelconque renseignement sur ses origines, sur sa véritable identité. Ne sachant pas qui il est, Jung ne comprend pas qui peut l’aimer. Sa mère adoptive, peu apte à exprimer ses sentiments, ne parvient pas à combler ce vide. L’amour maternel est un enjeu constant de la vie de l’enfant : qu’il soit celui de sa mère adoptive réelle ou celui de la mère biologique fantasmée, sorte de mythe magnifiquement mis en scène dans un champ où sa route ne parvient jamais à croiser celle du petit.

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Pour raconter cette histoire vraie, d’ailleurs adaptée de son roman graphique autobiographique, le véritable Jung et Laurent Boileau, chroniqueur de BD et réalisateur de documentaires ont opté pour une forme hybride. Entre le film d’animation et le documentaire ; entre prises de vues réelles, images graphiques et pellicules d’archives familiales. Le choix de cette forme permet aux spectateurs, petits et grands, de s’immerger d’autant plus facilement dans cette histoire qu’elle peut toucher à toutes les sensibilités. Quel enfant, ainsi, ne s’est jamais demandé s’il était vraiment aimé ? Quelle famille recomposée ne s’est jamais interrogée sur les liens tissés entre ses membres ? Quel être humain parvient à surmonter sans éprouver aucun doute un voile noir jeté sur son identité et ses origines ?

Ainsi, l’histoire que nous narre Jung lui-même, voix-off omniprésente de ce film, entre deux souvenirs prenant la forme d’un dessin animé aux couleurs pastelles, est indéniablement bouleversante. Elle est simple sans être naïve et peut tout-à-fait emporter l’adhésion des enfants comme celle de leurs parents. Elle est perçue subjectivement, tout entière du point de vue de Jung, qui au fur-et-à-mesure de sa croissance, la perçoit sous des angles différents. Elle est alors tragi-comique ; la sévérité de la mère adoptive, la douleur du père adoptif devant la nécessité de la punition, qu’il trouve improductive mais à laquelle il se croit obligé d’avoir recours, donnant lieu à des scènes paradoxalement drôles parce que décalées à la fois dans l’esprit de la narration et dans le choix de mise en scène. Drôles alors qu’en prise de vue réelle, elles choqueraient peut-être par leur violence. Ce qui en dit finalement long sur le personnage principal de cette histoire, qui ne cherche au fond, pas plus à s’excuser qu’à accabler ceux qui sont devenus sa famille ; mais simplement à exprimer son ressenti, à toucher enfin du doigt des choses qu’il ne savait auparavant pas nommer.

Un seul regret toutefois, concernant le graphisme peut-être un peu terne utilisé par Jung pour retranscrire en image ses souvenirs. Les moments où le réalisateur se contente de croquis au fusain et au crayon sont beaucoup plus expressifs ; les scènes de rêves et de cauchemars en appellent à davantage de fantaisie dans l’animation et frappent ainsi beaucoup plus l’imagination. Cela ne gâche cependant en rien le plaisir ressenti par tout spectateur potentiel à la vision de cette bien belle histoire.

Raphaëlle Chargois

 
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Couleur de peau : Miel

Animation (01h15min) - Date de sortie : 06/06/2012

De Jung et Laurent Boileau

Avec Wiliam Coryn, Christelle Cornil, Jean Luc Couchard...

Ils sont 200 000 enfants coréens disséminés à travers le monde depuis la fin de la guerre de Corée. Jung est l'un d'entre eux, né en 1965 à Séoul et adopté en 1971 par une famille belge.

A lire sur ici-c-nancy.fr, la critique du film

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