Pierre Cardin avec ses mannequins et avec Jeanne Moreau

Décédé hier matin à 98 ans, Pierre Cardin est, après Yves Saint-Laurent et Karl Lagerfeld, le dernier des trois créateurs qui révolutionnèrent la mode après la guerre. Mais, né italien, ce Rital eut beaucoup plus de mal à s'imposer. D'où cet hommage à ce génial visionnaire. 

Né le 2 juillet 1922 à Sant Andrea di Barbarana dans une famille de paysans vénitiens, il eut, au départ, tout contre lui. La pauvreté, l’exode en France et, dans la cour d’école, le mépris des gamins qui traitaient cet immigré de « sale macaroni ». Loin de l’abattre, l’insulte fut sa force. En lui donnant, à jamais, le goût de la revanche.

Il brûle les étapes

Alors, très vite, il apprend la coupe chez un tailleur de Saint-Etienne. Et les chiffres comme comptable dans les bureaux de la Croix Rouge. Dans la rue, une voyante lui prédit « que son nom flottera partout dans le monde ». Bien vu.

Débarquant à Paris en 1945, il fait ses classes chez Paquin et Schiaparelli. Et, chez Christian Dior, participe à la création du New Look. Puis il fonde sa propre maison dans de modestes locaux. Créateur de l’esthétique futuriste, comme Courrèges et Paco Rabanne, il connaît vite le succès grâce à ses robes bulles. Jouant avec les couleurs, les formes géométriques et les matières innovantes, il impose la combinaison unisexe et le le costume d’homme à col Mao que porteront les Beatles.

Travailleur acharné, contrôlant son affaire à 100%, il assure son assise financière par le prêt à porter et la diversification de produits annexes (cravates, parfums, bijoux, accessoires) lui assurant de juteux royalties. Démarche très critiquée qui ne l’empêcha pas de collectionner 3 « Dés d’Or », distinction remise aux meilleurs jusque dans les années 1990.

Il triomphe partout

Premier à faire défiler des hommes et à se rendre en 1957 au Japon à peine reconstruit, il innova aussi en organisant un défié en Chine dès 1976. Et en habillant les participantes aux bals mondains comme la duchesse de Windsor.

Doté d’une énergie inépuisable et d’une curiosité tous azimuts, il se passionna également pour l’architecture. Rénovant à grands frais le château du marquis de Sade à Lacoste dans le Lubéron où se déroule chaque année un Festival. S’offrant en 1976 le Théâtre des Ambassadeurs devenu Espace Cardin. Et  confiant à l’architecte croate Antit Lovag la construction de son étonnante Maison Bulles de Théoule- sur-Mer avec vue panoramique sur la baie de Cannes.    

C’est cet aventurier novateur que l’Académie des Beaux Arts a élu au fauteuil de Pierre Dux en 1992 et que l’Allemagne a titré « baron de la Soie ». Mais il meurt sans enfant après avoir vécu quatre ans d’amour avec Jeanne Moreau et passionnément aimé son assistant André Oliver. Ne mériterait-il pas d’être inhumé au Panthéon ?    


Fiona Franchi

 
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