Sur la scène de l’Amphy de Yutz, le 25 octobre dernier, Chloé, originaire de Nancy, a été sacrée première dauphine de Miss Curvy Lorraine 2025. À 32 ans, la jeune femme rayonne, fière d’un parcours marqué par la résilience, l’acceptation de soi et une belle revanche sur les diktats de la beauté. Rencontre.
Rayonnante, le sourire franc et les yeux d’un bleu pétillant, Chloé incarne une génération de femmes qui s’assument pleinement, avec leurs formes, leur histoire et leurs combats. « Il m’aura fallu douze ans et quelques kilos en plus pour me sentir enfin moi-même et être fière de la femme que je suis devenue », confie-t-elle, encore émue, quelques jours après l’élection.
Secrétaire médicale dans la vie, Chloé, 32 ans, est aussi une musicienne accomplie, pianiste, violoniste et chanteuse depuis son enfance. Formée au Conservatoire à Rayonnement Régional de Reims, elle a obtenu une licence de musicologie en 2014. « La musique m’a construite, confie-t-elle. J’ai eu la chance d’évoluer dans une famille où elle occupait une place essentielle. Ma grande sœur, pianiste, m’a transmis cette passion ».
Le 25 octobre, sous les projecteurs de l’Amphy de Yutz, c'est pourtant sur une autre scène qu'elle a brillé. Après huit mois de préparation, aux côtés de onze autres candidates elle concourait à l'élection de Miss Curvy 2025. Un concours de beauté célèbrant les femmes portant « une taille 42 et plus » organisé par l’association Les Courbes de Lorraine.
Le show visant à défendre une beauté plurielle, loin des standards traditionnels, s’est articulé autour de plusieurs tableaux dont le maillot de bain, tenue de partenaires, robe de soirée et un passage « Impose ton style » où chacune pouvait affirmer sa personnalité. À l’issue de cette soirée haute en couleur, Alysia a été élue Miss Curvy Lorraine 2025, suivie de Chloé, première dauphine, et Fanny, deuxième dauphine.
Un parcours de résilience et d’affirmation contre la grossophobie
Pour Chloé, cette distinction dépasse largement le cadre d’un concours de beauté. C’est une victoire intime, celle d’une renaissance. En 2013, elle participait à Miss Marne « sans trop savoir ce qu’elle faisait là ». Douze ans plus tard, elle revient sur scène, transformée : « Pendant longtemps, j’ai cru que je devais perdre du poids pour être mieux, raconte-t-elle. Et puis la vie m’a prouvé l’inverse. Ce sont finalement ces kilos en plus qui m’ont permis de me trouver, de m’aimer, de m’affirmer ».
Derrière son sourire, Chloé porte aussi un message fort contre la grossophobie médicale. « Pendant plus de cinq ans, j’ai vécu une errance médicale épuisante. On m’a souvent dit d’arrêter le McDo… alors que je n’y allais jamais », ironise-t-elle. Il lui a fallu du temps pour qu’un diagnostic soit enfin posé, une hypothyroïdie.
Deux semaines après son élection, Chloé commence à « redescendre de son nuage », mais déjà, elle regarde vers l’avenir. « J’aimerais faire bouger les choses. Faire prendre conscience aux gens que leurs paroles a de l'importance, qu'ils ne doivent pas se laisser avoir par des préjugés. Il faut s'écouter et se faire confiance ».
Selon elle, le regard sur les corps féminins évolue, lentement mais sûrement : « Oui, ça commence. Je le vois surtout dans les magazines ou sur les sites de vêtements : les femmes sont moins modifiées...On accepte davantage les rondeurs et les vergetures. Ça commence à rentrer dans le quotidien et je trouve ça super ! »
Et à celles qui doutent encore de leur corps, Chloé adresse un message simple et lumineux : « De toute façon on vit avec. Alors autant profiter de la vie à fond et s’assumer comme on est. Ce n’est pas grave d’être différente. Au contraire, il faut apprécier la vie ».








