NANCY. 24heures après le démantèlement d'un vaste trafic de stupéfiants, la préfecture de Meurthe-et-Moselle et les forces de l'ordre, ont organisé une vaste opération de sécurisation afin de lutter contre "toute forme de délinquance" dans le quartier du Haut du Lièvre. Elle durera plusieurs jours.
Quartier du Haut du Lièvre, mercredi 19 novembre 2025, 17 h. La rue Pinchard est marquée par une présence policière décuplée et dissuasive. Le ballet des uniformes et des véhicules ne laisse personne indifférent, plus de 70 policiers déployés, dont des forces mobiles cinquante CRS 40 venu de Dijon, épaulés par la Direction interdépartementale de la Police nationale de Meurthe-et-Moselle. Une opération voulue par les services de l'État et de la municipalité de Nancy avec la volonté d'occuper durablement le Plateau de Haye, 24 heures après un important démantèlement de réseau au 3 rue Jean Mihé.
Le préfet de Meurthe-et-Moselle, Yves Séguy, arrive sur place entouré d’élus nancéiens dont Lionel Adam, adjoint délégué à la sécurité à la ville de Nancy, adjointe déléguée au territoire NORD, déléguée à la politique de la ville ou encore Fatiha Rabhi Conseillère déléguée au quartier Plateau de Haye et acteurs de la vie du quartiers, mais aussi d'acteurs et partenaires sociaux.
L’État veut montrer sa présence, physiquement, massivement. « Il s’agit de porter un coup durable au trafic de stupéfiants dans ce quartier, qui est un quartier des quartiers importants de la ville de Nancy est un quartier de la République », martèle le préfet. De faire reculer le trafic de stupéfiants, mais de faire reculer à la fois toutes les insécurités associées à ce trafic, toutes les menaces et difficultés, les violences.
Devant un commerce, quelques jeunes observent la scène, médusés. Certains détournent la tête devant les objectifs, d’autres se contentent de commenter à voix basse. Interrogé sur cette présence policière, un jeune nous répond lassivement et sans vouloir s'exprimer davantage : « oui, ils font leur métier ». Un peu plus loin dans les halls, les policiers progressent méthodiquement. Une chienne malinoise, Nya, 8 ans et demi, a repéré un peu plus tôt, de nouveaux sachets de stupéfiants dissimulés dans les gaines techniques. La veille déjà, près de 70 fonctionnaires, RAID compris, avaient mené une opération d’enquête de longue haleine.

La loi anti-narcotrafic, deuxième volet, administratif et judiciaire
Le directeur départemental de la Police nationale, Frédéric Laissy, assure que ce soir n’est pas une simple suite, « L’idée, c’est d’être dans un bras de fer. Les dealers ne doivent pas se réimplanter sur les lieux où ils sévissaient jusqu’à présent ». Les premières arrestations de la soirée tombent rapidement. Un suspect est interpellé avec de l’héroïne et une forte somme d’argent. Du côté des cellules commerciales, un autre, visiblement agité, est trouvé avec un couteau à cran d’arrêt.
Derrière cette démonstration policière se prépare un deuxième volet, administratif et judiciaire. Yves Séguy l’assume ouvertement, l’État entend utiliser les nouveaux outils offerts par la loi anti-narcotrafic, promulguée en juin 2025. Interdictions de paraître sur les points de deal, expulsions locatives de « nourrices », fermetures de commerces complices… Le préfet promet d’en faire usage en Meurthe-et-Moselle dès que la situation le nécessitera. « C'est la volonté d'agir sur beaucoup de registres pour essayer de permettre le bien vivre ensemble de tous nos concitoyens et tout particulièrement de ceux qui habitent ce quartier et qui pâtissent de cette situation ». Le directeur de la DIPN 54 confirme que les bailleurs sociaux seront sollicités sous l’autorité du préfet et du procureur de la République. « C’est la deuxième lame du rasoir, » glisse-t-il, évoquant les occupants liés au trafic.
La police ne cache pas son intention, ce ne sera ni un one-shot, ni une opération de communication. « Nous allons occuper le terrain en continu, sur les prochains jours et les prochaines semaines », prévient Frédéric Laissy, qui refuse d’en dévoiler le calendrier. Le préfet complète, « Nos efforts porteront sur tous les points sensibles identifiés. Nous aurons à intervenir autant que nécessaire » .









