Résumé du film : Une nuit de Noël à Roubaix. De permanence, le commissaire Daoud se rend sur un feu de véhicule dans une courée. Puis laisse l'affaire à ses adjoints pour enquêter, avec Louis, jeune recrue, sur le meurtre d'une octogénaire. Très vite deux voisines deviennent suspectes : Marie et Claude.
Roubaix, qui s'enorgueillit de l'un des plus beaux musées de France (installé dans l'ancienne piscine municipale), compte aussi deux célébrités natives de l'endroit : Maximilien de Robespierre et Arnaud Desplechin, réalisateur de ce film injustement ignoré en mai dernier par le jury cannois. S'inspirant ici d'un documentaire (« Roubaix, commissariat central, affaires courantes ») que Mosco Boucault réalisa en 2002 pour France 3, Desplechin reprend l'affaire, la dissèque, la malaxe et confronte impitoyablement les deux suspectes (Léa Seydoux, Sara Forestier) jusqu'à faire émerger l'unique lumière d'une enquête criminelle : la vérité.
Une enquête bien bouclée révèle toujours une équipe soudée et opiniâtre que chapeaute un chef respecté. Ici c'est le commissaire Daoud que Roschdy Zem enrichit de son autorité, son flair et ses silences. Un solitaire dont la caméra de Desplechin cerne le quotidien austère (pas de femme dans sa vie) et une certaine nostalgie qu'il évacue en une gravure algérienne au mur et une simple phrase (« Toute ma famille est repartie au bled. Je suis resté»). Seule distraction de ce grand mystérieux : les courses de chevaux. L'occasion de s'aérer les méninges et de laisser enfin place au hasard.
Léa et Sara : un duo percutant
Car dans son métier, le moindre détail compte. Voir pour s'en convaincre la longue scène de reconstitution criminelle menée dans le modeste logement de l'homicidée, comme dirait un autre commissaire (l'excellent « Nicolas Le Floch » sur France 5).
Une scène où les deux suspectes s'ingénient à rejeter sur l'autre intention criminelle et préméditation. D'où un formidable duel entre deux actrices étonnantes. L'une, Léa Seydoux, blême et éperdue d'angoisse à l'idée d'un séjour carcéral l'éloignant de son jeune fils. L'autre, Sara Forestier, front ridé et pull trop large, se révélant maligne et plus difficile à passer aux aveux malgré son apparente candeur. Un duo si percutant qu'il serait bien dommage de le dissocier en février prochain aux César.
Fiona Franchi
Sortie du film : 21 août