Edouard Baer, Benoit Poelvoorde / Copyright PAN-EUROPÉENNE / KRIS DEWITTE
Résumé du film : Raoul Taburin, expert en réparation de vélos et célébrité de son village, a un secret paralysant : il ne sait pas tenir en selle. Débarquant à Saint-Céron, un photographe désireux de l’immortaliser à vélo le met soudain au pied du mur. Cruel dilemme.
Adapté du roman graphique de Jean-Jacques Sempé, ce film a procuré un triple bonheur à Benoit Poelvoorde, ex-étudiant en dessin. Un : rencontrer Sempé, son idole. Deux : renouer avec son ami Edouard Baer. Trois : passer quelques semaines estivales dans la Drôme. Un douloureux vol plané l’attendait pourtant au final.
Avec qui avez-vous appris à faire du vélo ?
Benoit Poelvoorde : Avec mon frère ainé. Il m’a tenu deux ou trois fois jusqu’à ce que je tombe comme un enfant qui apprend à marcher. Je n’ai donc pas connu les petites roulettes qu’on enlève au débutant. Mais je me suis dit : je vais faire du vélo uniquement pour le plaisir de ne plus tomber. Et quand tu y parviens, tu te dis : « C’était aussi con que ça ? » C’est un peu comme rentrer dans l’eau froide.
C’est bien tout le problème de Raoul Taburin qui, lui, ne dépasse jamais sa peur de la chute.
Benoit : Oui et il y voit même une sorte de déterminisme. Est-ce que mes enfants, eux aussi, seront condamnés à ne pas rouler. Car le vélo, si on extrapole, c’est aussi la transmission, l’entrée dans la vie.
Gardez-vous le souvenir d’une gamelle magistrale ?
Benoit : Et comment ! Il nous restait deux jours de tournage, je devais avancer seulement d’un mètre à vélo. Mais non, je décide d’aller plus loin que la caméra et de descendre la pente que l’on voit dans le film. Alors je freine, j’oublie la position des freins et je passe au-dessus de mon vélo. Résultat : triple fracture du coude droit et 17 points de suture !
Pour en revenir à Sempé que vous adaptez ici, qu’est-ce qui vous fascine chez lui ?
Pïerre Godeau : J’aime son œuvre sans la connaître aussi bien que Benoit. C’est précisément ce qui m’a permis de l’adapter, car je n’étais pas trop imprégné de ses dessins, ni trop révérencieux. En revanche, ça me plaisait d’y travailler. De regarder comment il était possible d’étoffer le livre sans l’alourdir. C’était très enrichissant, car je me retrouvais dans sa bienveillance, sa tendresse et sa curiosité. Cette distance-là me parlait.
Benoit : Moi, ce que j’aime le plus chez Sempé, c’est le héros du quotidien. Il dessine le quotidien et ça le rend merveilleux, car il va toujours à l’essentiel.
Comment avez-vous trouvé le compère de Taburin ?
Pierre : Quand Benoit a dit OK, il a fallu lui trouver effectivement celui qui va dénouer le secret. Edouard Baer dont je suis très fan correspondait parfaitement. Car avec son côté citadin, il apporte la parole dans ce village. Et l’amitié à ce grand solitaire renfermé en lui-même qu’est Raoul.
J’imagine qu’Edouard Baer est également pour vous le partenaire idéal ?
Benoit : Édouard et moi faisons partie des acteurs hélas en cours de disparition qui ne jouent pas avec leur téléphone. Car depuis 5 ou 6 ans, dès que la prise est finie, acteurs et techniciens plongent sur leur téléphone. Donc on ne se parle plus sur les plateaux. Alors qu’Édouard et moi discutions ensemble ou avec le village. Mais, entre nous, c’est aussi une façon de se concentrer sans prendre les choses au sérieux.
Recueilli par Fiona Franchi
Sortie du film : 17 avril