Santé. À Essey-lès-Nancy sur le site de la Clinique Louis Pasteur, le Centre Médical de Soins Immédiats (CMSI) gère le service des urgences ainsi qu’une filière « Covid-19 » mise en place le 15 mars dernier pour accueillir les cas suspects liés au coronavirus. Une situation sanitaire évolutive qui s’inscrit dans une organisation rigoureuse, voire militaire. Reportage.

>>> [ En vidéo ] Les explications de Dr Loïc Libot, médecin coordinateur du CMSI de Nancy.


Gérer l’instant T, tirer les leçons des derniers jours, poser une vision globale pour savoir anticiper... Au-delà des diagnostics médicaux, les établissements de santé du public et du privé doivent adopter des stratégies communes pour faire face à l’afflux de patients touchés par le coronavirus covid-19. Au centre Médical de Soins Immédiats (CMSI) de Essey-lès-Nancy situé au coeur de la clinique Pasteur, le médecin coordinateur de la structure également en charge du CMSI de Épinal, Loïc Libot, n’a pas attendu la flambée des chiffres pour déployer des tentes dès le 15 mars sur le parking de la clinique Louis Pasteur. Objectifs affichés, assurer la continuité des soins dans le respect de la santé des patients et des soignants par le biais d’un poste médical avancé, installé en partenariat avec les pompiers, afin d’améliorer la bonne orientation des patients depuis leur arrivée jusqu’à l’admission finale. Un dispositif complété par une seconde tente, présentée jusqu’ici comme une solution de secours afin de permettre « en cas de nécessité » d’accentuer l’accueil avec cinq salles supplémentaires en renfort des locaux internes. En cas de détresse du patient, ce dernier peut-être hospitalisé au CHRU de Nancy soit dans la clinique Louis Pasteur. 

Des soignants sur le pied de guerre, mobilisés 7j / 7 

eyDe mémoire de médecin urgentiste, Loïc Libot n’avait jamais connu une telle situation sanitaire. « On a repris les grands classiques de la médecine de catastrophe, je ne pensais pas qu’on les appliquerait un jour à Nancy-centre », confie le docteur. À circonstances exceptionnelles, l’organisation se veut d’autant plus rigoureuse et accompagnée sur le terrain de consignes de sécurité basées sur un parcours en marche avant en sens unique ou encore des conditions drastiques d’hygiène et de désinfection. 

« Les équipes travaillent 7j/7 depuis 20 jours, lorsqu’un après-midi est plus calme, on peut se permettre de laisser partir un médecin, une infirmière... » ajoute Loïc Libot . Des journées d’autant plus longues pour ces professionnels de santé qu’il faut ajouter aux temps consacrés aux patients, les cellules de crise, l’écriture des protocoles, des process... « Aujourd’hui la stratégie c’est une stratégie d’adaptation permanente...C’est assez chronophage », admet le praticien. À quelques mètres des bâtiments du CMSI, la clinique Louis Pasteur a ouvert 16 lits en réanimation Covid avec une possible étendue à 22 lits. Des lits occupés par des patients de la clinique ou encore du CHRU de Nancy et plus globalement d’hopitaux issus du Grand Est. « Il y a 5 jours, nous avions encore 70 % d’Alsaciens hospitalisés en réanimation ». 

Un ennemi invisible
« C'est important de faire du tri car les symptômes sont très polymorphes... »

Dr Loïc Libot, Médecin coordinateur CMSI de Essey-lès-Nancy

Et les patients Covid ne cessent d’affluer au CMSI, l’épidémie de coronavirus absorbe 75 % des flux de patients et 25 % de patients hors Covid-19. Nombreux sont les patients à évoquer un essoufflement, un épisode fiévreux d’autres une simple rhinopharyngite, autant de symptômes atypiques qui nécessitent la prudence... « C’est important de faire du tri, car les symptômes sont très polymorphes parfois même avec de simples diarrhées et c’est au scan que l’on détecte le Covid dans les poumons », reprend Loic Libot . « C’est très compliqué à détecter, si vous faites de la médecine de guerre et que vous avez un poste médical avancé, d’emblée vous faites face à des gens blessés... Mais ,dans le cas présent. Qui, quoi, quel âge, comment...  ? Tout le monde peut être touché, vous pouvez faire une forme grave même à 30 ou 40 ans et si vous êtes polypathologiques, plus les probabilités d’une forme grave sont importantes. » affirme le médecin. 

Pour confirmer les diagnostics et sécuriser le parcours patient, la structure pratique le dépistage rhino-pharyngé et l’usage de scanners. 

La crainte de l’effet « rebond » à la sortie de l’épidémie  

Au CMSI de Essey-lès-Nancy, depuis le confinement, les soignants observent une baisse d’activité d’environ 50 % des consultations d’urgence, mais en parallèle une augmentation des consultations Covid-19. « On est à fois dans la gestion du quotidien de cette épidémie et puis déjà dans l’anticipation de ce que peut être "l’après" » affirme Loïc Libot. « L’après » ce sera la levée du confinement que les soignants devront également appréhender avec une montée en puissance des consultations dans les cabinets médicaux et de certaines spécialités. « On risque d’avoir un effet rebond de pathologies qui auront sans doute évolué pendant le confinement. », redoute le médecin. 

Et de diagnostiquer une situation qui devrait perdurer encore plusieurs mois. « On sait que l'on part sur plusieurs mois de confinement et de déconfinement, peut être jusqu’à 6 mois, le temps de faire la vague et éventuellement une seconde vague. Ce n’est pas parce que le confinement sera levé que la pathologie ne circulera plus. Il se posera la question de la médecine générale, comment et dans quelles mesures les médecins pourront-ils reconsulter dans leur salle d’attente ? », s’interroge Loïc Libot. 

Une situation évolutive qu’il faudra encore structurer au gré des avancées scientifiques et techniques en attente d'un vaccin. L'attention devrait se porter lors du déconfinement sur les tests sérologiques permettant notamment de définir si la personne est ou a été infectée par le virus. « Cela permettra d’avoir un recul sur le nombre de personnes contaminées dans la population. Aujourd’hui on évalue que la population Meurthe-et-Mosellane pourrait être touchée entre 5 à 10 % versus la population alsacienne comme en particulier à Mulhouse qu’on estime à 50 %... », indique le médecin coordinateur. 

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