Lors d'un tractage à Nancy ce mercredi matin, des policiers ont alerté la population sur la crise profonde que traverse la filière investigation. À travers une distribution de tracts intitulés « Victimes abandonnées : et si c’était vous ? », ils dénoncent le manque de moyens, la surcharge des services et des enquêtes laissées sans suite.
Des tracts et des affiches, ce mercredi matin à Nancy, des policiers à l'appel du syndicat UNITÉ sont descendus dans la rue pour alerter sur la situation « critique » de la filière investigation. Sous le slogan « Victimes abandonnées : et si c’était vous ? », ils ont distribué des tracts à la population afin de dénoncer un manque de moyens devenu, selon eux, insoutenable.
Le syndicat évoque une véritable « crise de l’enquête », en France plus de trois millions de procédures judiciaires seraient en attente et près de deux mille enquêteurs manqueraient à l’appel. Outils informatiques obsolètes, procédures de plus en plus lourdes, dossiers qui s’empilent…
Une situation qui n'épargne pas le département de Meurthe-et-Moselle. À Nancy, les policiers affirment aussi ne plus pouvoir assurer leurs missions correctement. « C'est très compliqué » réagit Clémentine, enquêtrice à la brigade des mineurs. Au quotidien, elle et ses collègues s'occupent d'enquêtes dans tout le département, tout en traitant le tout venant. « Avec dix effectifs, on tourne entre 70 à 90 dossiers par personne », souligne t-elle. Une tâche de plus en plus ardue pour les policiers enquêteurs. « Aujourd'hui, tout devient urgent, mais on n'a pas les moyens, ni les effectifs, c'est très compliqué de tout gérer aujourd'hui ». Parmi les autres sources d'inquiétudes, le manque d'attractivité de la filière qui ne séduit plus les jeunes recrues.
« Cette crise de l'investigation, elle sévit depuis bien trop longtemps, les choses n'ont pas évolué », affirme Régis Peiffer délégué en Meurthe-et-Moselle du syndicat de police Unité, déplorant l'inaction de l'État. Les policiers attendent du ministère de l'Intérieur « des gestes très forts » pour la filière.