Alors que la désertification médicale ne cesse de progresser, l’UFC-Que Choisir publie une nouvelle étude dénonçant une répartition toujours plus inégale des médecins sur le territoire. Entre 2014 et 2023, 73 départements ont vu leur densité médicale reculer, touchant particulièrement les territoires déjà en difficulté. Les départements de de Lorraine ne sont pas épargnés par la baisse de l’offre de soins.
L’accès aux soins continue de se dégrader dans plusieurs départements de l’Est, selon une étude publiée ce mardi 24 juin par l’UFC-Que Choisir. L’association de consommateurs alerte sur une "un important recul" de l'accès aux soins en Meurthe-et-Moselle, la Meuse, la Moselle et les Vosges, où la densité médicale a reculé depuis dix ans.
D’après les données issues du Conseil national de l’Ordre des médecins et compilées par l’UFC-Que Choisir, la majorité des départements français (trois sur quatre) ont vu baisser leur densité médicale entre 2014 et 2023.
En Meurthe-et-Moselle, le nombre de médecins pour 10 000 habitants est passé de 39,13 en 2014 à 37,94 en 2023. Si ce chiffre reste au-dessus de la moyenne nationale (27,28), la tendance est clairement à la baisse. Le constat est encore plus marqué en Meuse, où la densité est tombée de 20,41 à 17,70, plaçant le département parmi les dix moins bien dotés du pays. Dans les Vosges, un recul est également notable, avec un passage de 23,93 à 22,11 médecins pour 10 000 habitants et la Moselle de 26,62 à 24,74 médecins pour 10 000 habitants, indique l’UFC-Que Choisir.
Spécialités critiques également touchées
La baisse de l’offre médicale ne se limite pas aux généralistes. Les spécialités sont également touchées, aggravant encore les difficultés d’accès aux soins. En Meurthe-et-Moselle, la densité de gynécologues libéraux a presque été divisée par deux en dix ans, passant de 0,76 à 0,41 pour 10 000 habitants. La pédiatrie libérale, pourtant essentielle pour la prise en charge des enfants, subit un net recul, notamment dans les Vosges, où la densité est tombée de 0,40 à 0,14 sur la même période. Elle est aujourd’hui de 0,45 en Meurthe-et-Moselle (contre 0,53 en 2014), de 0,27 en Moselle (0,34 en 2014), et de seulement 0,11 en Meuse (0,16 en 2014).
L’ophtalmologie n’est pas épargnée. En Meurthe-et-Moselle, le nombre d’ophtalmologues libéraux est passé de 0,74 à 0,55 pour 10 000 habitants entre 2014 et 2023, restant toutefois au-dessus de la moyenne nationale (0,47). La Meuse enregistre un recul de 0,37 à 0,22, la Moselle de 0,55 à 0,43, et les Vosges de 0,43 à 0,34.
Des politiques publiques jugées inefficaces
Pour l’association de défense des consommateurs, cette tendance confirme l’échec et le manque d'efficacité des politiques d’incitation à l’installation de professionnels de santé. Face à cette situation, l’UFC-Que Choisir Nancy et sa Région appelle à des mesures fortes, parmi lesquelles la régulation obligatoire de l’installation des médecins, comme le propose une loi adoptée au printemps à l’Assemblée nationale.
L’association plaide également pour un investissement massif dans la formation médicale, en lien avec les réalités territoriales, ainsi que pour une interdiction des dépassements d’honoraires.