Au moyen d’une image plastique et belle, Thomas Vinterberg décrit la montée de la peur et le déchaînement de la sauvagerie dans une communauté tranquille où plane le soupçon de pédophilie. Un film terrible, rude, qui ne ménage pas ses spectateurs.

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  Lucas, un instituteur respecté dans un petit village paisible du Danemark, reconstruit sa vie après un divorce difficile. Très aimé, estimé membre d’un club de chasse, il est soutenu, entouré, invité à toutes les festivités. Mieux encore, Lucas est sur le point de récupérer la garde de son fils adolescent, que son ex-femme tenait injustement éloigné de lui, et qui veut revenir vivre avec son père. Et puis il vient de faire la rencontre d’une femme à qui il plaît et qui lui plaît. Mais alors que sa vie semble petit à petit revenir sous son contrôle se produit un incident.

  Au début, ce n’est presque rien. Une petite fille contrariée qui laisse échapper un mot en l’air. Et puis les adultes s’emparent de l’affaire. Le mot devient accusation, la rumeur enfle, les frontières entre mensonges et réalité se brouillent pour l’enfant, qui essaie d’avouer sa faute sans être crue. Un schéma de haine, de peur et de destruction se met en place à mesure que les adultes se mettent à croire à l’existence du mal et en convainquent les enfants. Ce mal, qui glace la communauté d’effroi, et la pousse à sombrer dans la cruauté pour assurer la protection qu’elle pense nécessaire, porte le terrible nom de « pédophilie »…

  Le nouveau film de Thomas Vinterberg, antan co-fondateur du Dogme 95 et réalisateur de l’acclamé Festen, est terrifiant dans sa description des mécanismes de montée de la peur, de l’hystérie qui s’empare d’une foule persuadée qu’une brebis galeuse se cache en son sein. Evidente, la métaphore de la chasse donne pourtant du poids à cette description de la tentative d’annihilation d’un homme soupçonné d’avoir commis le crime le plus tabou. Dans les paysages pastels d’automne et les forêts enneigées de l’hiver, peu avant Noël, il filme une pureté idyllique, une vie originelle harmonieuse et insouciante, où la nudité ne pose pas problème, gangrénée par le soupçon née d’une parole soudaine. Et c’est l’interprétation toute en fragilité de Mads Mikkelson, dans le rôle de l’instituteur brisé, qui donne à La Chasse l’âpreté nécessaire, faisant ressortir toute l’horreur de la situation. Très civilisé, soucieux de rester digne jusqu’au bout, de demeurer pacifiste, confiant en la justice et le bon sens d’une communauté dont les membres sont tous des amis de longue date, il va se trouver poussé dans ses retranchements, obligé de céder à une certaine sauvagerie pour se préserver face au déchaînement de haine qui s’abat sur lui.

  Thomas Vinterberg n’épargne pas le spectateur, lui montrant bien qu’une fois enclenché, l’engrenage de violence ne peut mener qu’à la destruction ; que confrontée à la peur la plus profonde, l’humanité se délite. Pour autant, il ne condamne pas. Son but n’est pas de délivrer un jugement moral ; ses protagonistes sont tous innocents. Aussi bien les enfants, qui ne savent plus identifier la marge entre rêve et réalité, entre la mémoire et le souvenir inventé, entre le bien et le mal ; que les adultes qui réagissent instinctivement en croyant protéger les petits.

  La Chasse en est d’autant plus terrible qu’il sonne juste, évoquant de tristement célèbres affaires judiciaires dont Vinterberg dit s’être inspiré (Outreau, par exemple), et surtout, parce qu’il est plastiquement beau, d’une esthétique simple et épurée. Un film-choc, rude et intelligent, qui interroge constamment le spectateur sur ses propres limites.

 

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chasse-ncyLa Chasse,

Drame (01h51min) - Date de sortie : 14/11/2012

De Thomas Vinterberg 

Avec Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen Thomas Bo Larsen, Susse Wold, Lasse Fogelstrom. 

Après un divorce difficile, Lucas, quarante ans, a trouvé une nouvelle petite amie, un nouveau travail et il s'applique à reconstruire sa relation avec Marcus, son fils adolescent. Mais quelque chose tourne mal. Presque rien. Une remarque en passant. Un mensonge fortuit. Et alors que la neige commence à tomber et que les lumières de Noël s'illuminent, le mensonge se répand comme un virus invisible. La stupeur et la méfiance se propagent et la petite communauté plonge dans l'hystérie collective, obligeant Lucas à se battre pour sauver sa vie et sa dignité.

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