La 41e édition des Journées européennes du patrimoine ont lieu ces samedi 21 et dimanche 22 septembre. À Nancy, le public pourra découvrir "un Itinéraire des trois trésors".
Dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine les samedi 21 et dimanche 22 septembre 2024, le public pourra découvrir à Nancy un Itinéraire des trois trésors. Nancy peut en effet s'enorgueillir de recéler trois pièces inestimables du patrimoine européen, dignes de séduire les amateurs les plus exigeants : l'évangéliaire de Saint-Gauzelin à la cathédrale, un acte de Charlemagne au Centre des mémoires Michel Dinet et le camée à la Bibliothèque Stanislas. Compte tenu de leur fragilité et de leur valeur patrimoniale, elles ne sortent des réserves que très rarement. Ces Journées du Patrimoine 2024 sont l'occasion de les présenter exceptionnellement au public.
> L'évangéliaire de saint Gauzelin à la Cathédrale Notre-Dame de l'Annonciation
L'évangéliaire de saint Gauzelin, chef d'œuvre du trésor de la cathédrale Saint-Sigisbert, a été offert en 1801 par les Dames de l'abbaye de Bouxières
Saint Gauzelin, évêque de Toul entre 922 et 962, a fait réaliser l'évangéliaire durant son épiscopat puis l'a emporté avec lui à l'abbaye de Bouxières-aux-Dames qu'il a fondée. Cet objet a été offert à la cathédrale en 1801, après le Concordat, et exposé dans le trésor à partir de la création de ce dernier en 1896.
L'œuvre est exceptionnelle, tant par sa richesse que par son ancienneté. Elle est composée de deux éléments : le manuscrit et les deux plats de reliure qui l'ornent et le protègent.
L'ouvrage est composé de 227 feuillets de vélin épais, comprenant les quatre évangiles avec leur préface, précédés de deux prologues et des quatre canons d'Eusèbe. L'ouvrage s'achève par un calendrier liturgique. Quelques lettrines ornées et des encadrements parsèment le manuscrit.
Les deux plats de reliure qui protègent l'ouvrage sont liés à la commande faite par Gauzelin et ont probablement été réalisés durant son épiscopat, au milieu du Xe siècle, par les orfèvres de Saint-Maximin de Trèves, chef-lieu de la province ecclésiastique dont dépendait l'évêché de Toul.
Le plat supérieur est orné d'une croix d'or délimitant quatre cantons en argent repoussé, autrefois doré, figurant les évangélistes. La partie centrale en or porte un décor de filigranes perlés, flanqué de huit bâtes à arcatures sertissant des cabochons en pâte de verre, grenats et émaux. Ce décor sert de cadre à un émail cloisonné translucide représentant la Vierge. Les bras de la croix et l'encadrement portent un décor identique de plaquettes à décor de filigranes, verroteries, perles, coraux et pierres semi-précieuses.
Le plat inférieur, moins riche, présente une composition semblable en argent repoussé. Les symboles des évangélistes sont cantonnés de part et d'autre d'une croix qui accueille en son centre l'agneau pascal. Sur le pourtour court un rinceau végétal.
> La charte de Charlemagne aux Archives départementales, Centre des Mémoires Michel Dinet
Il s'agit du plus ancien document conservé dans les services d'archives départementales français. Cette confirmation de donation doit garantir à l'abbaye royale de Saint-Denis les ressources en sel nécessaires à la conservation du poisson.
Acte d'exception, il porte tous les signes de validation des documents solennels : lettres étirées de la première ligne, seings, monogramme, ruche de chancellerie et sceau plaqué. Le souverain, ne sachant ni écrire, ni même signer, a authentifié l'acte en apposant un point à l'intérieur de son monogramme (réunion en un dessin des lettres formant son nom en latin : KAROLUS). L'écriture utilisée pour rédiger l'acte est celle de la chancellerie des rois francs, remplacée à partir de 1782 par la minuscule dite « caroline », elle-même inspirée de la cursive latine (réforme d'Alcuin). Abandonnée, l'écriture dite mérovingienne devint rapidement difficile à déchiffrer ; aussi, quatre siècles plus tard environ, les moines du prieuré de Salonnes ont-ils jugé nécessaire de transcrire l'acte en caroline, au-dessus du texte original.
En 1790, Salonnes, comme tout l'arrondissement de Château-Salins appartenait au département de la Meurthe. Aussi, lors de la nationalisation des biens du clergé, les archives du prieuré furent-elles transférées comme papiers publics au dépôt central des archives à Nancy, où elles sont restées conservées jusqu'à nos jours.
> Le camée à la Bibliothèque Stanislas (Complet)
Le camée de Nancy est entré dans les collections publiques en 1792, grâce à l'Académicien Mory d'Elvange. Il a desserti du reliquaire de saint Nicolas saisi à Saint-Nicolas de Port pour être fondu et l'a déposé à la Bibliothèque.
Créé à la gloire de l'empereur Néron, probablement retravaillé deux siècles plus tard pour figurer Caracalla, le camée est à l'origine un bijou impérial de la cour de Rome, puis sans doute transféré à Byzance.
Vers 1471 le Roi René Ier de Lorraine commande un somptueux bras-reliquaire d'or et de pierreries, rehaussé de pièces de grande valeur, pour enserrer une relique de saint Nicolas conservée dans basilique Saint-Nicolas de Port, près de Nancy. Deux camées antiques l'ornent, une Vénus, aujourd'hui conservée à la Bibliothèque nationale de France, et ce camée. Le duc de Lorraine offre cet objet d'une richesse extraordinaire à saint Nicolas alors que sa fille Marguerite d'Anjou, épouse d'Henry VI d'Angleterre, est enfermée dans la Tour de Londres, et que le duc de Bourgogne Charles le Téméraire montre sa volonté de relier ses états de Bourgogne et de Flandres.
La pièce est gravée dans trois couches de sardonyx et mesure 7,1 cm sur 6 cm. Elle représente un personnage portant tous les attributs d'un empereur : aigle aux ailes déployées, couronne de lauriers, égide, corne d'abondance, Victoire ailée dans la main... Sur un fond translucide couleur miel, la peau est gravée dans une couche blanche, les cheveux, les plumes et les vêtements dans une couche brune. La précision et la qualité du travail en font un joyau exceptionnel dès sa création ; aujourd'hui il reste très peu de camées antiques d'un tel format, hormis quelques pièces des collections royales.
Visite guidée par Marie Gloc, conservatrice des monuments historiques, samedi 21 septembre à 14h (départ devant la cathédrale).