Meurthe-et-Moselle. Une trentaine d’élus locaux, tous volontaires, ont été formés cette semaine par des policiers de Nancy. L’objectif, aider ces représentants de l'État à faire face à des situations conflictuelles grâce à des techniques concrètes basées sur le dialogue, l’écoute ou encore l’empathie. 

Insultes, propos menaçants jusqu’à parfois atteindre le stade ultime de la violence physique voire davantage comme ce fût le cas en 2019 du maire de Signes (Var) tué en tentant d’empêcher un dépôt sauvage de déchets... Pour faire face à des situations conflictuelles d’administrés à laquelle ils ne sont que rarement préparés, les édiles et leurs adjoints se sont vus proposer une formation pour leur donner « des clés de compréhension pour désarmer les conflits, faciliter le dialogue et rétablir la communication des personnes impliquées ». Une initiative nationale lancée début 2021 par Gérald Darmanin, Ministre de l’Intérieur et l’Association des maires de France (AMF) d’abord développée au sein des groupements de gendarmeries des départements avant de s’ouvrir aux directions départementales de la police nationale.

À Nancy, la direction départementale de sécurité publique est la première de la Zone Est à avoir proposé cette formation. Une trentaine d’adjoints et de maires de Meurthe-et-Moselle dont plusieurs de la Métropole du Grand Nancy, y participaient ce mardi et mercredi. Une formation dispensée en deux sessions par trois policiers initiés en amont à des techniques de négociation par un agent du RAID à Metz.

Pendant quatre heures, les élus ont travaillé sur la théorie et la pratique alternant l'usage de supports pédagogiques et de jeux de rôles pour développer de bons réflexes et adopter le bon dialogue en s'appuyant notamment sur une méthode d'analyse réflexe imaginée par le Ministère de l'Intérieur et de l'AMF : le protocole intitulé M.A.I.R.E.S, acronyme de « Motifs », « Acteurs », « Instants », « Risques », « Environnement », « Solutions ». 

Dès l’ouverture de cette formation et parmi les premiers à se porter volontaire, Eric Pensalfini, maire (LR) de Saint-Max avait tenu à être présent, mais aussi à ce que tous ses adjoints soient formés. « Au cours de cette formation, nous avons notamment participé à des mises en situation en prenant les rôles d’agressés et agresseurs. Les formateurs donnaient leur œil d’expert et parfois, sans le savoir, on a constaté que l'on mettait déjà des choses en pratique. C’est une expérience particulièrement enrichissante » a salué l’édile convaincu de l'intérêt de ces échanges en vue de désamorcer les prémices d'un conflit. 

Des situations de tension sur des conflits sans gravité

Selon l’observatoire de l’AMF et les chiffres du Ministère de l'Intérieur, les agressions constatées envers les élus sont en régulière hausse. En 2020, 1276 actes d’incivilités de toute nature ont été exercées à l'encontre des élus locaux. Les atteintes physiques affichant par ailleurs une hausse de 23 % avec plus de 500 maires ou adjoints et 60 parlementaires agressés physiquement. Des statistiques qui attestent selon l’AMF « de difficultés grandissantes et du non-respect de l’autorité que vivent chaque jour les élu(e)s dans l’exercice ou du fait de leurs fonctions ».  

« Aujourd’hui, l’uniforme et même l’écharpe ne donnent plus aucune garantie d’ordre ou de respect... »

Eric Pensalfini, maire (LR) de Saint-Max

En Meurthe-et-Moselle, si on ne dispose pas de chiffres précis, les statistiques restent « partielles » et ne prennent pas en compte une réalité plus vaste celles notamment « des incivilités pour lesquelles les élus ne déposent par forcément plainte », indique la cellule communication de la DDSP54. 

Face à ce phénomène, prévenir l'aggravation de certaines situations est nécessaire, insiste le Maire de Saint-Max. « Aujourd’hui, notre société est rentrée dans une certaine forme de violence qui n’existait pas avant et une violence rapide.». « Au quotidien, les élus peuvent être confrontés à des situations de tension tels que sur des conflits de voisinage, pour une place de stationnement ou encore une autorisation d’urbanisme qui n’aurait pas été accordée par exemple »,. 

« Il est évident que ce n’est pas nous, qui allons aller à la négociation avec un preneur d’otages, néanmoins le constat qui est fait, c’est qu’il y a quinze ans en arrière on jetait des cailloux sur la police puis ça été les pompiers, aujourd’hui ce sont les élus... Aujourd’hui, l’uniforme et même l’écharpe ne donnent plus aucune garantie d’ordre ou de respect. Il n’est pas rare que les élus se fassent agresser. L’idée, c’est comment éviter de prendre un coup sur des conflits qui bien souvent ne sont pas d’une grande gravité... ».

Forte de cette expérience s’inscrivant dans la sécurité du quotidien, la cellule communication de la Direction départementale de la sécurité publique 54 (DDSP) indique qu'elle poursuivra ces formations à destination des élus locaux à travers la programmation de nouvelles sessions. 

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