Dérobée en 2018 au Musée des Beaux Arts et retrouvée à Kiev en Urkraine, la célèbre oeuvre de Paul Signac Le Port de la Rochelle a officiellement été restituée par la justice ce vendredi 12 février 2021 à la Ville de Nancy.
>> En Vidéo. La toile du peintre néo-impressionniste Paul Signac, le Port de la Rochelle (1915) revient à Nancy
Elle était à Nancy depuis plusieurs jours, la célèbre toile de Paul Signac a officiellement été restituée par la justice, ce vendredi 12 février 2021, à la ville de Nancy et libérée de ses scellés. Une cérémonie officielle en présence du Maire de Nancy, du Préfet de Meurthe-et-Moselle, de l’Ambassadeur d’Ukraine en France, du Procureur de la République, de représentants des ministères de la Justice, de l’Intérieur et de la Culture, ainsi que de la direction de Nancy-Musées.
Le moment marquait surtout l’épilogue heureux d’un rocambolesque vol au musée des Beaux arts de Nancy commis le 23 mai 2018. L’une des œuvres du peintre néo-impressionniste Paul Signac, le Port de la Rochelle (1915), évaluée à 1,5 million d’euros, avait été dérobée en plein jour selon un mode opératoire assez simple, la toile avait été soignement découpée à même le tableau, puis emportée. Pour faire la lumière sur les circonstances de la disparition de ce chef d’œuvre, le procureur de la République de Nancy, François Pérain avait confié l’enquête au service régional de la police judiciaire (SRPJ) de Nancy et à l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) sous le contrôle de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Nancy, compétente en matière de criminalité organisée.
Il aura fallu attendre un an avant que la toile ne refasse surface à plus de 2 000 kilomètres de Nancy en Ukraine en marge d’une perquisition à Kiev dans le cadre d’une affaire criminelle liée à l’assassinat d’un bijoutier. Ce suspect âgé de 52 ans avait lui-même signalé l’existence de cette toile aux policiers précisant qu’il s’agissait « d’une œuvre d’art connue » craignant que ce tableau soit « mis au rebut », a indiqué le magistrat. Les investigations débouchaient sur l’identification de trois Ukrainiens suspectés d’être impliqués dans le vol de Nancy. Leur présence était attestée par des images de caméras de surveillance qui confirmaient leur passage à la porte principale du musée pour entrer et en ressortir quelques minutes après.
Spécialisés dans le vol d’œuvres d’art
L’affaire nancéienne s’inscrit dans les agissements d’une même équipe de malfaiteurs spécialisés dans le vol d’œuvres d’art qui impliqueraient trois hommes et une femme. L’un des membres de ce groupe criminel avait notamment été interpellé pour le vol d’un tableau de l’impressionniste français Pierre-Auguste Renoir lors d’une mise aux enchères à Vienne en Autriche.
Le volet judiciaire n’est pour autant pas terminé et l’enquête se poursuit. Le principal suspect né en 1959, cerveau présumé, a été remis il y a quelques mois par les autorités autrichiennes dans le cadre d’un mandat d'arrêt européen à un juge d’instruction de la JIRS, mis en examen puis placé en détention provisoire. Il s’agirait selon François Pérain « d’une personnalité particulière qui se dit spécialiste de l’art et manifestement qui dispose de connaissances approfondies du marché de l’art ».
Une restauration avant l’exposition de la toile
A Nancy, la restitution du chef d’œuvre a été accueillie avec soulagement et émotion. « Je me souviens du choc qu’a représenté la disparition de ce tableau en 2018 (...) Je suis très ému et heureux, quel beau moment pour tous les Nancéiens », s’est réjoui Mathieu Klein exprimant sa joie de retrouver une « œuvre majeure, et emblématique des collections du musée des Beaux Arts ».
L’œuvre retrouvera bientôt les cimaises du Musée des Beaux-Arts. Après la procédure judiciaire, une autre étape attend le tableau celle de l’expertise et de la restauration, selon Susana Gállego-Cuesta, directrice du musée des Beaux-Arts de Nancy. Officiellement sous l’autorité de la ville de Nancy à la suite d'un legs au musée des Beaux-Arts par la veuve de Henri Gallé, la toile va devoir subir une procédure d’expertise pour évaluer les éventuels dégâts dont elle a été victime et ainsi la restaurer.
Depuis ce vol, des mesures de sécurité ont été prises par la ville de Nancy pour renforcer la protection des œuvres dans les différents musées et notamment au Musée des Beaux-Arts. « Nous avons à cœur qu’une telle situation ne puisse se reproduire » a assuré Mathieu Klein.