A la veille de rencontres très attendues entre Gérald Darmanin et les syndicats de police, Linda Kebbab déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO était à Nancy au commissariat central pour une visite de terrain.
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Un an qu’elle n’était pas venue à Nancy. Linda Kebbab, Gardienne de la paix et déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO était à Nancy pour une visite de terrain ce jeudi 17 décembre 2020. Celle qui est devenue au fil du temps l’un des visages les plus médiatiques de la police nationale, interlocutrice reconnue des médias pour son éloquence et sa maîtrise des dossiers avait fait le déplacement à Nancy pour prendre le pouls, échanger avec les policiers de terrain, entendre leurs griefs, leurs revendications et mesurer les difficultés rencontrées à l’échelle du département Meurthe-et-Mosellan. Une visite qui s'est concrétisée par un tour des services la menant de la police judiciaire aux services de la sûreté départementale à la brigade de roulement en passant par la direction. L’actualité la plus commentée s’inscrivant dans le sillon de l’interview donnée à Brut par le chef de l’État évoquant des violences de la part de certains policiers ou les contrôles au faciès... Et un sentiment de ras-le-bol généralisé qui a conduit ces dernières semaines, les policiers vilipendés à mener des actions d’humeur comme la grève du zèle par le biais d’opération de non-contrôle ou encore par l’application du code 562 se traduisant par un service minimum sans initiative ni rendu statistique. Les policiers ne sortant que sur appel de police secours au 17.
Alors, quid de l’évolution des difficultés et vicissitudes observées à l’échelle départementale ? Pour Linda Kebbab, « les problèmes sont malheureusement les mêmes qu’à la dernière visite ». »Chaque visite c’est la constatation, la prise en compte d’une situation qui se dégrade. Les fermetures de poste, les répartitions d’effectifs... Ce qui est alarmant c’est que ce n’est pas cohérent et ça ne coïncide pas avec le discours national. On ne peut pas consciemment évoquer la sécurité comme la préoccupation numéro 1 des Français en parlant d’augmentation et de diminution de l’effectif », lâche l’auteure de « Gardienne de la Paix et de la Révolte » qui s'est forgée depuis des années aux arcanes de la sécurité intérieure .
Linda KEBBAB, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO
En plein débat sur la loi de sécurité globale qui doit être examinée en mars au Sénat, le prochain Beauvau de la sécurité destiné à « améliorer les conditions d’exercice » des forces de l’ordre est également source d’espérance. Le syndicat FO participera à partir de janvier aux concertations. « Je pense qu’il n’y a pas mieux dans une République de s’adresser au chef de l’État, on a demandé à ce que soit ouvert un Beauvau de la sécurité. On a la demande d’ouverture d’un chantier, on a signé le permis de construire parce que le président de la République c’est la signature d’un permis de construire. Ce chantier-là, on va en être acteur plein, il va devoir aller absolument dans notre sens, pas le nôtre en tant qu’organisation syndicale, mais en tant que porte-paroles des effectifs de terrain. Nous de notre côté, on ouvre un énorme chantier, on s’est appuyé sur les 7 péchés capitaux que Gérald Darmanin avait cité, on a ajouté d’autres thématiques comme les sujets du maintien de l’ordre, mais aussi celle du management », affirme la syndicaliste qualifiant le management comme « le talon d’Achille de la police nationale ». Sur le fond et la forme, elle réaffirme une intransigeance assumée. « On ne peut pas avancer si on se contente juste de faire de la contestation sans rien apporter derrière, on est réformiste , on est progressiste, forcément ça exige d’avoir des discussions ». « Clairement si ce chantier ne nous donne pas satisfaction on le quittera ! ». Et d’étriller sans ménagement les syndicats Alliance et Unsa qui ont fait savoir cette semaine leur refus de participer au Beauvau de la sécurité avec l'argument que « les conditions pour y travailler sereinement ne sont pas réunies » . « Très clairement, ils finiront par en être, ils n’ont pas le choix, aujourd’hui ils font du spectacle. C’est très populiste et extrémiste, ils ne rallient que les colères à eux, c’est contre-productif » tranche-t-elle.
Dans le terreau de ces vives oppositions syndicales, la situation sanitaire et son léger regain des cas Covid-19 en France, alimente des inquiétudes au sein des commissariats. À l’Hôtel de police de Nancy où un cluster a été identifié, une vaste opération de dépistage par tests PCR se déroulera vendredi 18 décembre. Selon les syndicats de police, une quinzaine de cas Covid-19 et plus de 45 cas contacts ont déjà été recensés. D'autres cas pourraient encore être identifiés en cette fin de semaine. Une fin d'année sous le signe de la Covid-19 qui pourrait bien compliquer la tâche des policiers de la circonscription nancéienne.