LORRAINE. Lors de la traditionnelle cérémonie des voeux aux forces de sécurité, le préfet de Meurthe-et-Moselle, Eric Freysselinard a dressé le bilan de l’année 2019 et listé les priorités pour 2020.
Policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers, militaires, associations de sécurité civile, service de la préfecture, députés et élus, entouraient Eric Freysselinard pour entendre la traditionnelle cérémonie des vœux ce vendredi 10 janvier 2020 dans le salon Albert Lebrun. En pleine période de mobilisation sociale contre la réforme des retraites, le préfet de Meurthe-et-Moselle a témoigné aux acteurs de la sécurité publique son soutien et souhaité une « année d’apaisement pour la société ». « Je sais les contraintes de vos métiers et le poids que celles-ci représentent parfois sur vos parcours et vos vies. En toutes circonstances, vous poursuivez votre action, dans des conditions parfois difficiles, et je veux vous témoigner de ma reconnaissance et de mon indéfectible soutien » a affirmé le représentant de l’État en Meurthe-et-Moselle.
Une délinquance globalement en hausse
Les vœux ont également été l’occasion pour Eric Freysselinard de dessiner un premier bilan de l’an passé. Premiers chiffres évoqués par la préfecture ceux de la sécurité intérieure avec des statistiques de la délinquance globalement en hausse enregistrant + 1,8 % de faits. Les faits élucidés sont quant à eux en baisse de 1,1 %. « Ce ne sont pas de bonnes tendances » concède le préfet invitant aussitôt à relativiser les chiffres notamment « après plusieurs années de baisse de la délinquance » et un taux d’élucidation s’établissant à un niveau de 46 %, jugé « remarquable pour un département de cette taille ». Dans « cette reprise modérée de la délinquance », le préfet fait remarquer que les violences physiques ont augmenté en 2019 de 5 % et les cambriolages de 8 %. Des cambriolages qui ne sont « pas sans lien avec la multiplication des manifestations et mouvements sociaux qui mobilisent nos forces de l’ordre ; non seulement nous ne pouvons plus autant surveiller les habitations, mais en plus le temps consacré aux investigations et enquêtes a beaucoup diminué. » estime Éric Freysselinard.
Le SRPJ de Nancy et les services des douanes salués par Éric Freysselinard
Dans les luttes contre l’économie souterraine, les services d’investigations ont procédé à d’importantes saisies en 2019. Près de 2,2 millions d’euros d’avoirs criminels et le démantèlement de nombreux trafics, pour le SRPJ de Nancy piloté par le commissaire Crivelli qui assure l’intérim depuis le départ d’Eric Corderot .
De bons résultats observés également en matière de lutte contre la consommation et le trafic de produits stupéfiants par les douanes régionales. « Je souligne le doublement des quantités saisies et la très forte dynamique dans la lutte contre les trafics internationaux menée par les Douanes, avec à leur tête Joseph Grandgirard. 300 000 cachets pour une valeur de 3 millions d’euros ont été saisis récemment. Il s’agit de la plus importante saisie de cette drogue par les services douaniers en 2019 et qui représente à elle seule le quart des quantités de cette drogue interceptées par la douane l’an dernier, au niveau national. »
« Un pic inédit » des missions de maintien de l’ordre
Comme partout en France les forces de sécurité ont été très sollicitées en 2019. L’activité de maintien de l’ordre a constitué selon le préfet de Meurthe-et-Moselle « un pic inédit en la matière », à rapprocher directement aux nombreuses manifestations sociales, culturelles, sportives ou encore à la trentaine de déplacements ministériels. « Les manifestations des “gilets jaunes”, en particulier au 1er semestre, Vent de Bure fin septembre, Journées Nationales d’Action des agriculteurs, Journées Nationales d’Actions contre la réforme des retraites à partir du 5 décembre, ont ponctué cette année 2019 marquée par une hausse sans précédent du nombre déclaré de manifestations : 24 en 2017, 89 en 2018 et 3 107 en 2019 » indique le préfet.

Des sanctions à l’encontre des contrevenants
Affirmant son attachement au dialogue social, le préfet a tenu un discours de fermeté avec celles et ceux qui contrevenaient la loi. Dans le département de la Meurthe-et-Moselle, la mobilisation des gilets jaunes a donné lieu depuis le début du mouvement à un total de 210 gardes à vue, 42 peines d’emprisonnement et 47 amendes à 135 euros pour violation de périmètre interdit. La communauté des gens du voyage a quant à elle fait l’objet de 49 mises en demeure et expulsions effectives.
Concernant la lutte contre le terrorisme, une trentaine de réunions du groupe d’évaluation départemental (GED) se sont tenues en 2019 en préfecture. « Environ 50 nouvelles situations ont été analysées. Les individus identifiés font l’objet d’une évaluation approfondie et d’un suivi rigoureux, collectif et précis ». Évoqué par Emmanuel Macron lors de ses vœux, un plan de lutte contre le communautarisme est en préparation par les services de l’État. Dans cette dynamique, le Préfet informe avoir écrit le 23 décembre à chaque maire afin qu’il signale à la préfecture « toutes les situations qui leur sembleraient contrevenir aux principes républicains ». Et d'ajouter « Je serai intraitable sur le sujet ».
De nouveaux radars plus perfectionnés arriveront en 2020
Malgré le vandalisme sur les radars fixes, la mortalité sur les routes de Meurthe-et-Moselle a reculé passant de 32 tués en 2018 à 29 tués en 2019. De nouveaux radars plus perfectionnés seront déployés en 2020 notamment dans notre région, informe Éric Freysselinard.
La feuille de route pour 2020
Pour débuter l’année 2020, le préfet a déroulé la liste des axes et les priorités de l’État. En premier lieu, la lutte contre le terrorisme et la prévention de la radicalisation, suivie de la lutte contre toutes les formes de délinquance, « en particulier la délinquance itinérante qui est souvent à l’origine de vols par effraction, cambriolages et d’agressions d’une grande violence ». Le représentant de l’État a également évoqué la lutte contre l’immigration irrégulière pour laquelle sera créé un local de rétention administrative afin de permettre « de reconduire les étrangers en situation irrégulière sans envoyer nos policiers dans des trajets invraisemblables vers des CRA éloignés de plusieurs centaines de kilomètres ».
Enfin pour rédiger un livre blanc sur la sécurité intérieure, l’année à venir promet d’être celle du dialogue avec la tenue d’assises territoriales de la sécurité intérieure en Meurthe-et-Moselle.