Arnaud Cochet, préfet de Meurthe-et-Moselle a présenté le bilan 2021 en matière de sécurité et de sécurité routière ainsi que les priorités d’action pour 2022.
Arnaud Cochet, préfet de Meurthe-et-Moselle, a présenté ce lundi, à Nancy, le bilan de la sécurité intérieure pour l'année 2021 qu’il s’agisse d’atteintes aux personnes, aux biens, mais encore de sécurité routière. À ses côtés, François Pérain, procureur de la République près le tribunal de grande instance de Nancy, Laëtitia Philippon, contrôleuse générale, directrice départementale de la sécurité publique, Frédéric Dantin, colonel commandant le groupement de gendarmerie, Paul Boniface, capitaine de la CRS autoroutière de Meurthe-et-Moselle, ont mis l'accent sur les activités et les résultats de l'année passée.
Une période contrastée marquée par la pandémie avec notamment une baisse de certaines atteintes aux biens mais une hausse des atteintes aux personnes et de la mortalité routière. Avec 14 454 faits constatés en 2021, contre 13 851 en 2020, les chiffres des atteintes aux biens sont légèrement en hausse de 4,4%. Rapportés à l'année 2019, avant la pandémie sanitaire et son contexte marqué par les confinements qui a pu bousculer les habitudes, les chiffres montrent une autre tendance à la baisse de 14,9 %. Toujours sur cette délinquance du quotidien, le bilan fait également état d'une baisse durable liée aux cambriolages avec 13,1% pour les cambriolages, un pourcentage qui illustre un taux départemental de cambriolage de l'ordre 2,9 pour 1 000 (bien en-deça de la moyenne nationale de 5,1 / 1 000). Les vols liés aux véhicules sont également en baisse par rapport à l'année de 2019 de l'ordre de 2,7 %, mais les vols d'objets dans les véhicules sont en forte progression de 15%.
En revanche, les dépôts de plaintes concernant les atteintes à l'intégrité physique (AVIP) enregistrent une forte hausse de l'ordre de 26,9 % avec 8 506 faits constatés. Une hausse significative s'inscrivant au-delà de la moyenne nationale.
Les violences intrafamiliales en hausse
Les atteintes à l'intégrité physique portée par les violences intrafamiliales enregistrent, elles aussi, une hausse de 25,6%. En moyenne des chiffres, 10 points au-dessus de la moyenne nationale. "Nous sommes dans un département où cette problématique est particulièrement prégnante", a souligné le préfet saluant le travail de fond conduit par les services de l'État depuis le grenelle des violences conjugales en septembre 2019 qui a abouti à une "plus grande vigilance collective", "une libération de la parole des victimes", mais aussi à un "bien meilleur accueil des forces de sécurité formées" .
Dans cette catégorie ce sont les femmes qui sont surreprésentées, à elles seules, elles représentent 72 % des victimes des violences intra-familiales et 83 % des victimes de violences conjugales.
"Beaucoup d'efforts ont été portés en Meurthe-et-Moselle notamment dans les services de police et gendarmerie", a confirmé de son côté François Pérain, Procureur de la République se réjouissant de l'accélération du traitement judiciaire et des procédurers qui pouvaient durer parfois "plusieurs semaines voire plusieurs mois" et qui sont aujourd'hui "traitées immédiatement".
Pour protéger et sécuriser les victimes, ce sont ainsi 78 bracelets anti-rapprochement (BAR) et 48 téléphones grave danger (TGD) qui sont utilisés dans le département. En Meurthe-et-Moselle, le tribunal judiciaire est le premier tribunal de France en terme du déploiement de bracelets anti-rapprochement (BAR).
Un véhicule de police sur le viaduc Kennedy - crédit photo ici-c-nancy.fr
Une opération en gare de Nancy - crédit photo ici-c-nancy.fr
Trafic de stupéfiants
Il s'agissait d'une des priorités des forces de sécurité cette année, la lutte contre les trafics de stupéfiants. Au cours de l'année 2021, sur les infractions à la législation sur les stupéfiants, les forces de l'ordre ont relevé 2 451 infractions soit une hausse de 41,3 % par rapport à 2020 et de 16,4 % par rapport à 2019. Concernant les saisies, l'année 2021 correspond à des saisies importantes, 1 526 kg de cannabis, 7,9 kg de cocaïne, 68,3 kg d'Heroine, 96,6 kg de drogues de synthèse. Les avoirs criminels confisqués ne sont pas en reste et correspondent à la prise de 518 029 €, 30 armes et 31 véhicules.
François Pérain, Procureur de la République
Concernant les lieux de trafics, les années 2020 et 2021 ont vu l'émergence de nouvelles communes touchées par le fléau de la drogue, le signe d'une certaine mobilité et faculté d'adaptation des dealers. Si les quartiers des Provinces , Haut du Lievre , Van'Est et la Californie restent les "quatre piliers géographiques du trafic de stups dans l'agglomération" d'autres quartiers ont fait parler d'eux, a insisté le Procureur de la République. En témoignent, les démantèlements de trafics à deux reprises rue Saint-Nicolas à Nancy ou au centre-ville de Nancy impliquant dans le second cas, une filière albanaise qui s'était jusque-là spécialisée dans les cambriolages, mais s'était adonnée à la vente d'héroïne à Nancy intra-muros. "La police et la gendarmerie ont réussi à démanteler des trafics dans des circonscriptions où l'on en observait peu comme à Lunéville, à Pont-à-Mousson et à Dombasle. Cette année, nous avons marqué des points dans la lutte contre les stupéfiants, des points significatifs", s'est félicité François Pérain .
Pour mener à bien les investigations contre le trafic de drogue, des méthodes novatrices ont été déployées, confirme Laëtitia Philippon, contrôleuse générale, directrice départementale de la sécurité publique. Une organisation au cordeau qui s'appuie notamment sur le rapprochement de la police avec les institutions, associations et partenaires locaux. Une méthode qui consiste d'après la première flic de Meurthe-et-Moselle à travailler "à la connaissance du trafic et au partage des renseignements" par le biais de l'utilisation d'un panel d'outils dont l'élaboration d'une cartographie des points de deals. Une façon de mieux appréhender le terrain avec pour finalité de "déstabiliser les points de vente" avec des opérations de contrôle à destination des dealers, mais aussi des usagers avec l'application dissuasive d'une amende forfaitaire délictuelle (AFD).
Au cours de l'année 2021, les forces de l'ordre ont relevé 2 451 infractions à la législation sur les stupéfiants soit une hausse de 41,3 % par rapport à 2020 et de 16,4 % par rapport à 2019. Ainsi, ce sont 830 amendes forfaitaires délictuelles pour possession de moins de 50 grammes de cannabis (ou moins de 5 grammes de cocaine) ont été dressées.
L'A31 - crédit photo ici-c-nancy.fr
Sécurité routière
La préfecture a également endu public son bilan en matière de sécurité routière dans le département. Une année plutôt mauvaise d'après les chiffres et une mortalité routière qui retrouve ses plus hauts niveaux de 2017 avec 33 morts sur le département, une hausse des accidents 22 % et une augmentaion de 14 % des blessés. La typologie montre deux classes qui concentrent ces accidents mortels, les jeunes de 18 à 25 ans et les séniors de 55 à 65 ans. Le facteur vitesse et stupéfiants est représenté dans un accident mortel sur deux.
Sur les autoroutes du département, la lutte contre les excès de vitesse a représenté "3279 verbalisations avec interception et 43 130 verbalisations automatisées" a indiqué Paul Boniface, capitaine de la CRS autoroutière de Meurthe-et-Moselle.
"Les chiffres ne sont pas bons et on peut considérer que le comportement de nos concitoyens n'est pas très vertueux", a souligné Arnaud Cochet évoquant également le retour des "très grands excès de vitesse" et un relâchement assez global qui devrait donc amener les services de l'État à des actions en 2022 sur le champ de la prévention, du contrôle et du volet répressif.
Au total en 2021, ce sont 2 850 suspensions de permis de conduire qui ont été prononcées. La conduite sous stupéfiant s'avère prégnante représentant 43 % des conduites délictuelles, un pourcentage en hausse, ont constaté les forces de sécurité qui utilisent des tests salivaires pour les contrôles.
De manière générale, il s'agit d'une accidentologie locale. La plupart des accidents mortels concernent des Meurthe-et-Mosellans qui ne circulaient pas très loin de leur domicile, soulignent les services de l'État. D'après Frédéric Dantin, colonel commandant le groupement de gendarmerie, les accidents de la route surviendraient davantage sur les routes départementales concentrant 65 % des accidents. Autre tendance qui se détache, la survenue des accidents en fin de semaine entre 14h et 20h.
Priorités 2022
En 2022, les priorités opérationnelles pour les services de l'État se concentreront sur la présence sur la voie publique, la mise en oeuvre de la sécurité du quotidien, la lutte contre trafics de stupéfiants et la lutte des violences intrafamiliales.