Interview- À l'occasion de leur passage à Nancy pour présenter leur dernier film Amitiès sincères, nous avons rencontré le co-réalisateur du film François Prévôt-Leygonie et Gérard Lanvin.

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Gérard Lanvin et François Prévôt Leygonie à l'Hôtel de la Reine de Nancy. Crédit photo ici-c-nancy.fr

Est-ce que vous vous sentez proche de votre personnage dans Amitiés Sincères ?

Gérard Lanvin : Non, déjà parce que je n'ai pas de fille, Dieu merci, j'ai deux fils, par contre j'ai une petite fille et je pense que son père en voyant le film va être très vigilant avec les copains de maternelle (rire) il est proche de moi dans le sens où quand on défend un rôle on y met sa nature. Là, c'est un rôle particulier, complexe, au départ il peut-être psychorigide, mais il faut l'amener à être aimé un peu comme le papa du Fils à Jo. Il se trouve que l'on m'a trouvé à chaque fois des enfants, parce que si l'enfant n'est pas intéressant, le film est foutu. Jérémie Duval dans le Fils à Jo et Anna Girardot dans Amitès Sincères m'ont amené à croire que j'étais leur papa. 

Votre personnage est psychorigide, mais aussi affectueux et d'une grande générosité...

G.L : Pourquoi les gens sont psychorigides ? Parce qu'ils ont des valeurs, ils ont des comportements et ils espèrent des autres la même chose, à tort, mais ils ont un point de vue sur la manière de se tenir , les efforts à faire et cela en fait des gens très chiants, néanmoins ça en fait des gens que j'aime bien parce que ces choses-là il faut les défendre encore et dans le comportement on devient un peu tolérant si les autres vous y amènent, c'est la problématique du film. C'est aussi un mec qui est trop débordant et donc il me ressemble pas sur ce point, moi je suis débordant pas trop, j'ai envie d'aimé donc pour être aimé il faut déjà aimé soi-même les autres, pour avoir des amis il faut en être un et des amis c'est comme les livres il en faut avoir, mais des bons. Tout cela mélangé plus, l'instinct d'écriture des réalisateurs, leur envie, la construction du scénario m'ont convaincu d'aller dans ce rôle. J'ai eu envie de travailler l'écriture de ce rôle, car pour moi il n'était pas calé, il faut toujours avoir une option à proposer et on a travaillé ensemble avec humilité, plaisir et amusement et ça donne cela...

Quelle différence il y a entre le personnage de votre pièce et celui du film ?

François Prévôt-Leygonie : Dans la pièce, le rôle était joué par Michel Leeb et c'était un grand con naïf, on ne voulait pas proposer ce genre de rôle à Gérard Lanvin. Dès que l'on a commencé à l'adapter pour le cinéma, on voulait proposer le rôle à Gérard, donc on a écrit en pensant à lui. L'avantage c'est que comme il nous inspire beaucoup depuis l'adolescence, on connaît sa filmo par coeur et du coup c'est facile de sentir la sensibilité de l'acteur et puis donc du personnage. On a eu la chance que Gérard nous consacre du temps pour travailler sur le personnage pour que le premier jour de tournage il mette les pieds dans les chaussures de Walter et qu'il avance plus librement.

Comme Walter, est ce que vous détestez le mensonge ?

G.L : Je ne me prends pas la tête avec cela, les gens adoptent le comportement qu'ils veulent adopter, s'il me convient je reste sinon je m'en vais, mais en aucun cas je ne vais avoir un jugement sur les choses de manière définitive. On peut mentir, moi cela m'est arrivé, pour s'extraire d'une situation merdique, tout le monde a recours au mensonge, avec la vérité on va partout même en prison, il faut lancer le message on a le droit de mentir de temps en temps, il ne faut pas être idiot non plus...

Le vin tient une place importante dans le film...

G.L : Le vin c'est le sang de la terre, c'est aussi lié à l'amitié.

Il y a des vins très chers, vous lez avez vraiment bu ?

G.L : Quand les bouteilles sont débouchées, il faut les boire (rire) 

Dans l'écriture votre référence c'est Claude Sautet...

F.P-L : Avec toute l'humilité que ça demande, pour Stéphane Achinard et moi c'est vraiment une référence, comme Dabadie qui s'est beaucoup promené entre Sautet, De Broca, Pinoteau. En fait Dabadie c'est notre maître.

Est-ce que dans la vie, vous avez des potes de trente ans ?

G.L : J'ai très peu d'amis, j'ai de très bon copains c'est mes fils ils me suffisent, pour les autres c'est de l'amitié que l'on peut avoir pour des gens qui sont rentrés dans votre vie comme Olivier Marchal, Philippe Guillard. Mais je n'ai pas conservé d'amis depuis vingt ou trente ans parce que la vie nous a séparés. Ma vraie cam d'amis c'est ma famille, c'est à eux que je dis tout, c'est eux qui me remettent à flot quand j'ai de la detresse et j'en ai parfois... 

Vous vous montrez très critique sur les récompenses dans le cinéma comme les césars...

G.L : La notion de meilleure m'est insupportable, le monde devient comme ça, je sais que j'ai raison de ne pas défendre ce mot-là dans mon métier, c'est un métier de partage donc on ne va pas s'amuser à être le meilleur, les mots sont importants. Je travaille avec des mots et j'ai l'impression de travailler avec des c... qui n'en connaisse pas le sens. Maintenant, il faut être le meilleur, il faut marcher sur l'autre, ce n'est pas bien... Je sais que mes notions sont des notions propres, sentimentales, j'aime le cinéma , les acteurs, je respecte les gens et aujourd'hui j'ai le résultat des courses. Je suis un rebelle et je tiens debout pas comme certains qui avait la bouche en fer et qui se dit rebelle et qui assiste à un défilé Chanel...

Et Gérard Depardieu ? 

G.L : Moi je pense qu'il faut arrêter de parler des autres. Pour moi Gérard n'est pas un exemple de comportement depuis fort longtemps, par contre il fait ce qu'il veut, s'il a envie de se faire ch... en Belgique tant mieux pour lui. Mr Hollande est un abruti de taxer les gens à 75 % , il n'a pas compris que ça fait trente ans que l'on travaille, que l'on fait gagner de l'argent à un système, j'aide financièrement ma mère, des amis, mes enfants, qu'il me laisse faire avec mon argent et qu'il me prenne 50 % et c'est normal par contre 75 % je ne suis pas une p... pour ce monsieur, mais je les paierais quand même, car je ne veux pas être un exemple de mauvais comportement comme le fait Depardieu. L'histoire devrait durer deux ans, on verra s'il a raison de nous piller, mais pour l'instant soyons cons et payons 75 %, mais je ne vais pas quitter la France pour de l'argent, ma famille, mes amis et mon plaisir sont en France... Mais ça m'emmerde profondément d'avoir un président de la République qui me pointe du doigt comme si j'étais un enc...c'est inadmissible, maintenant il verra le résultat des courses, si seulement cela servait à quelque chose... Ils vont faire quoi avec mon argent ? Construire un aéroport à Nantes, il y en a déjà un... Je ne suis pas là pour aller contre les choses, les gens ont voté pour, je fais avec...

Pour un premier film, c'est un beau casting...

F P-L : On a eu de la chance, mais grâce à Gérard encore une fois, à partir du moment où il a dit oui au projet, les portes se sont ouvertes beaucoup plus facilement au niveau de la production et au niveau des acteurs, Jean-Hugues Anglade, Zabou ont eu envie de venir sur ce film grâce à la présence de Gérard. 

Gérard vous venez de tourner dans une nouvelle version d'Angélique...

G.L : Geoffrey de Peyrac c'est un put.. de rôle surtout qu'on ne l'a pas fait de la manière naïve dont il a  été fait auparavant. Ariel Zeitoun, le réalisateur, a rencontré l'auteur du livre Anne Golon qui lui a dit qu'elle n'a jamais été heureuse des adaptations du roman. On a fait la vraie histoire d'Angélique, l'histoire d'une jeune fille qu'un père oblige  à aller épouser un vieux monsieur avec une balafre et handicapé. J'ai eu beaucoup de chance de faire mon premier film en costumes avec un rôle pareil qui nécessitait trois heures de maquillage à cause de la cicatrice. Je viens aussi de terminer Colt 45 avec Joey Starr un film policier dans lequel j'ai remplacé au dernier moment François Cluzet qui ne pouvait pas le faire... 

Et vous, François quels sont vos projets avec Stéphane Achinard ?

F.P-L : Déjà, on va revenir au théâtre en septembre avec une pièce qu'on a écrite Love Birds (les inséparables) puis on a des envies d'autres films et si Gérard nous suit on a très envie de retravailler avec lui. Il y a toujours quelque chose avec Gérard et il y avait ça avec Ventura... Gérard c'est un acteur qui ne fabrique pas.

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