A l'occasion de la sortie du film Stars 80, qui voit Richard Anconina et Patrick Timsit chercher gloire et fortune dans l'ombre des stars de leur jeunesse, l'équipe d'Ici-C-Nancy.fr a rencontré Peter & Sloane ; Alec Mansion du groupe Léopold Nord et Vous ; Cookie Dingler ; Caroline Loeb, qui préférait La Ouate à toutes les matières; et Patrick Hernandez.

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D'où est venue l'idée de ce film ?

Alec Mansion : Apparemment d'un reportage que Thomas Langmann a vu à la télé où les producteurs parlaient de la tournée. Et il a trouvé que la Success Story serait intéressante à mettre en fiction.


Peter : Il est venu nous voir au Zénith de Marseille et puis il est venu nous parler en nous disant : « J'ai vu une émission sur le spectacle, j'ai vu le spectacle, j'ai envie de faire un film sur vous avec vous. Vous êtes d'accord ? » On s'est tous regardés et puis on a dit oui.

Sloane : Pendant un an on n'a pas eu de nouvelle et puis il nous a appelés, chacun l'un après l'autre. Et puis il nous a dit : « Ça y est. Si vous êtes toujours d'accord, je suis prêt pour faire le film. »

Cookie Dingler : On connaît tous sa vie et on admire son parcours ; être le fils de Claude Berri, ce n'est pas rien, mais avoir réussi un coup pareil, faire The Artist, un film muet en noir et blanc alors que personne ne voulait lui prêter d'argent pour le faire, avoir eu le culot de faire ce film, déjà, là, on a senti quelqu'un ! Quand il veut faire quelque chose, il va jusqu'au bout. Croyez-moi ça a été un film compliqué à faire, rien que pour acquérir les droits de toutes les chansons, mais il voulait vraiment le faire, il y croyait. Et il a bien fait, parce que ça va être une réussite, j'en suis sûr, et il le mérite, parce qu'il a porté ce film à bout de bras.

Comment expliquez-vous que vos tubes soient encore aussi présents dans la mémoire des gens ?

Alec Mansion : Pour beaucoup d'entre nous, ces chansons étaient déjà des miracles dans les années 80, puisqu'elles avaient été refusées par plusieurs maisons de disques.

Patrick Hernandez : Nous ne sommes pas responsables de ce contact. J'ai sorti Born To Be Alive en 1979, elle est allée au trou pendant deux ou trois ans, et puis c'est le public lui-même qui a fait sa propre sélection. Il y a des chansons, dans le disco, qui sont tombées dans le trou et ne sont jamais réapparues. Le public est allé lui-même chercher ce qu'il voulait. Il est allé demandé auprès des radios, des discothèques ces chansons qui sont passées du statut un peu fragile, très temporel, de tube, à celui de standard. On a tous fait des standards, mais on ne le savait pas. Et ce n'est pas nous qui avons choisi de faire notre come-back, c'est le public lui-même qui l'a décidé.


Cookie Dingler : Les gens ont envie de les ré-entendre. Quant à savoir pourquoi celles-là... Et il y a un public plus jeune encore qui les écoute, parce que les parents leur font entendre les chansons des années 80.

Alec Mansion : Dans les salles durant la tournée, il y avait des gens de 18 ans, de 20 ans, qui n'étaient pas nés à l'époque où sont sorties ces chansons, mais qui les mettent en soirée, pour faire la fête.

Patrick Hernandez : C'est intergénérationnel ; on s'aperçoit qu'il y a minimum trois générations qui viennent à ces spectacles. Il y a des très jeunes qui viennent, qui en profitent d'ailleurs pour se déguiser comme ils pensent qu'on était déguisés à l'époque...

Alec Mansion : … Alors que c'est faux !

Patrick Hernandez : … Ils mettent des couleurs fluo... Et puis il y a leurs parents, et la génération des gens qui ont 60 / 70 ans, qui se déplacent aussi.

Cookie Dingler : Moi il y a un gamin qui m'a dit cette phrase que je trouve extraordinaire : « Bon, moi je n'étais pas né à l'époque, ce n'est pas ce que j'écoute dans mon MP3, mais dès qu'on fait une fête, c'est ça, c'est cette musique qu'on veut. »

Peter : S'ils ne passent pas les chansons des années 1980, c'est pas possible, les gens ne font pas la fête.


Caroline Loeb : Il n'y a pas une fête où on n'entend pas nos chansons. Quand je passe dans la rue près d'une fête aux fenêtres ouvertes, je les entend tout le temps.

Sloane : Moi j'ai une fille de vingt-trois ans. Avec ses potes, copines, copains, ils sont tous branchés musique actuelle, électro et tout, mais ils écoutent tous aussi la musique des années 80. Il y a toujours un moment donné où ils la mettent.Ils crient, ils sautent, c'est magique.

Peter : Si les parents ne leur font pas écouter, bien sûr qu'ils ne vont pas écouter ça en radio. Ils vont écouter les trucs modernes, Disney, Britney Spears. Mais dès qu'on leur fait écouter les années 80, ils apprécient, ils dansent dessus, ils chantent dessus.

Sloane : C'est la fête !

Cela surfe tout-de-même sur une certaine nostalgie...

Peter : Nostalgie, c'est notre partenaire !

Alec Mansion : La musique évoque toujours un moment de la vie des gens...

Caroline Loeb : Les gamins qui dansent dessus, c'est pas par nostalgie !

Alec Mansion : Oui, mais il y a de tout ! A la sortie du film, par exemple, on a vu des gens qui nous ont dit : « Oh ben moi, j'ai pleuré, ça m'a rappelé des souvenirs... » Mais ce n'est qu'une partie du public ! Pour une autre partie du public, ce n'est pas du tout ça.

Cookie Dingler : Moi je suis à moitié d'accord avec vous. Les modes reviennent au bout de vingt ans. Que ce soit pour la musique ou les vêtements, la mode c'est ce truc cyclique. Mais ces chansons-là, en particulier, elles n'ont pas disparu en vingt-cinq ans, elles ont toujours été là. Il y a parfois une envie de retrouver des choses à une époque, mais ces chansons, elles ont toujours accompagné les gens, elles les accompagnent encore maintenant. Mais évidement, les années 80, qui que ce soit qui y pense se dit déjà : « J'avais 28 ans de moins », c'était avant le sida, avant la crise, c'était une période assez festive, les chansons l'étaient aussi, donc c'est toujours bon d'aller se replonger là-dedans. Mais il n'y a pas vraiment de côté nostalgique.

Patrick Hernandez : Il reste aux créateurs d'aujourd'hui de nous supplanter à un moment ou à un autre aussi, parce qu'il ne se passe pas grand-chose non plus, il faut bien le reconnaître ! Si les gens vont pêcher des choses qui ont vingt ou trente ans, c'est parce qu'ils n'ont pas non plus le choix quand ils ont envie de faire la fête ! A mon époque, il y avait des boîtes de nuit où on écoutait du Led Zeppelin et personne ne dansait, alors il fallait aller pêcher Just A Gigolo pour choper les gens. On en est un peu là. Alors il faudrait un nouveau grand phénomène qui vienne sur le tapis, mais on l'attend encore.

Cookie Dingler : Enfin nous on ne l'attend pas trop, parce qu'on est bien contents comme ça !

Patrick Hernandez : Il reste à ceux qui sont en âge de le faire de nous bouler dehors !

Caroline Loeb : Patrick, ce qui se passe aujourd'hui c'est qu' il y a beaucoup plus de choses qu'avant, mais chaque phénomène a son média. Dans les années 80, il y avait quatre ou cinq chaînes, quelques radios donc ça traversait toutes les couches sociales et c'était trangénérationnel.

Cookie Dingler : Et au niveau de la musique, il y avait une vraie lisibilité qu'il n'y a plus du tout maintenant. C'est fou ce qu'il y a comme musique, avec internet, c'est hallucinant ça tombe de partout, de la techno-truc, du hard-drum, on n'y comprend plus rien ! On prend un nom et le colle avec n'importe quoi. Autrefois, c'était blues, rock, chanson, et on y voyait clair. Il y a peut-être aussi un peu de ça : maintenant, les gens ne s'y retrouvent plus. Peut-être que tout ça va être trié au bout d'un moment, qu'il faut le temps que ça se mette en place, mais pour l'instant, on n'y voit pas très clair.

Peter : On est beaucoup aidés aussi par le phénomène de la compilation. Aujourd'hui les gens achètent moins de disques, les artistes ont beaucoup de mal à en vendre mais les compilations des années 80 on en vend beaucoup et toutes les compiles, c'est nos titres.

Sloane : Et les gens à la sortie des salles nous disent : « Ah, vous nous avez fait rajeunir de vingt ans ! » Il y a ça aussi.

Comment était-ce, pour vous, d'aborder le cinéma en jouant votre propre rôle ?

Patrick Hernandez : Pour 99 % d'entre nous, c'était notre première expérience au cinéma, et nous ne sommes pas naturellement acteurs.

Cookie Dingler : Mais on s'est vite rendus compte que c'était un métier d'escroc !

Alec Mansion : Sauf Caroline qui avait déjà une expérience de comédienne. Sur Le Grand Bleu, notamment.

Sloane : Mais on a tous réellement joué.

Alec Mansion : Comme ce n'était pas un reportage, on nous a demandé de jouer ce qui était écrit.

Peter : Et puis on oublie une chose ; c'est que, quand on est chanteur, on regarde les caméras. Là il ne fallait surtout pas les regarder !

Sloane : On a appris plein de choses.

Patrick Hernandez : Même si on a l'habitude des caméras depuis une dizaine d'années, ce ne sont pas les mêmes caméras, ce n'est pas la même manière de travailler, ce n'est pas le même regard, ce n'est pas le même rendu d'ailleurs. Ce qui est extraordinaire, c'est que pour la plupart d'entre nous, nous avons découvert ce que ça rendait de nous, ce n'est pas la même image de nous qu'à la télé.

Caroline Loeb : Moi ça fait très longtemps que je suis comédienne...

Cookie Dingler : Le théâtre, le cabaret sont beaucoup plus proches de la chanson : vous n'avez pas deux chances. Le cinéma, c'est génial, si vous vous plantez, vous pouvez recommencer trente, quarante, cinquante fois ! C'est pour ça que je dis que c'est un peu un métier d'escroc ! Après, ils ont 130 heures de film, et ils choisissent ce dont ils ont besoin ! Donc je trouve que c'est vraiment un métier plus facile que de faire de la scène.

Peter : Pas comme le théâtre. Là, c'est du vrai, tous les soirs les phrases doivent partir...

Cookie Dingler : Le théâtre pour moi c'est le pire. Je tremble, si  on oublie une phrase, c'est terrible ; la personne en face attend, alors que quand on chante, si on oublies une phrase, au pire, on fais : « Lalala » ! Le théâtre, ça m'avait terrorisé !

Peter : Moi j'ai commencé comme doublure. Dans les années 70 avec Peau d’Âne où je doublais Jacques Perrin ; dans Les Uns et les Autres j'ai doublé Manuel Gélin. Le cinéma je l'ai approché un peu comme ça, en tant que doubleur, mais ce n'était pas quelque chose qui m'intéressait vraiment. J'étais surtout passionné par la chanson, en solo, en duo, et puis là on est servis !

Sloane : Moi à 18 ans, j'ai été doublure lumière pour une production anglaise. C'est vrai que c'est long, le temps qu'ils installent leurs lumières et qu'ils fassent leurs réglages, donc, moi j'étais là pour ça. Mais alors le film ! C'était avec une actrice anglaise qui était très connue en Angleterre, mais que je ne connaissais pas du tout, et puis je vais vous dire, je ne m'en souviens plus. On ne me voyait pas, mais j'ai quand même pu approcher les caméras et les éclairages !

Cookie Dingler : Moi j'ai tourné un film pour rendre les écoliers attentifs au problème de l'eau. C'était un film commandé par l’Éducation Nationale. J'ai une combinaison argentée avec une nageoire dorsale. Il y a des mecs qui se brossent les dents, et moi je sors du robinet en disant : « Attention, l'eau ça va être le problème de demain, il faut faire attention » et ce film est passé dans les écoles, et je n'arrive pas à le retrouver ! Vous m'imaginez déguisé en poisson ? J'aimerais l'avoir ce film, c'est un souvenir fabuleux.

Alec Mansion : On a tous été approchés à un moment ou à un autre. Avec mon frère, avec Léopold Nord et Vous, on a fait deux ou trois courts-métrages en Belgique complètement expérimentaux et complètement déjantés, qu'on peut d'ailleurs voir sur internet, et on avait reçu un scénario du mec qui avait fait Les Charlots mais on n'a pas aimé !

Vos personnages s'inspirent-ils tout-de-même un peu de vous ?

Cookie Dingler : Les trois ou quatre premières moutures du film changeaient tous les quinze jours et les scénarios étaient, je ne vois pas d'autre mot, indigents. Les gens ne savaient d'abord pas qui on était, et puis après les équipes se sont mises à travailler et puis beaucoup de choses ont été écrites sur le tas. Jean-Luc Lahaye a fait rajouter la scène du bouquin, parce que ça lui correspondait...

Alec Mansion : Les scénaristes ont commencé à se rendre compte que nos anecdotes, notre façon de parler pouvaient servir et que ce serait plus intéressant d'être raccord avec ce qu'on était vraiment, et ils ont eu l'intelligence de s'adapter à ça. Quand Cookie sortait une vanne, ils la mettaient. Le film a fini par être beaucoup plus proche de nous qu'il ne l'était au début.

Peter : Je crois qu'ils ont compris au bout d'un moment. Et puis ils nous avaient reçu chacun à un moment pour savoir comment ça se passait dans les loges, comment ça se passait dans le tourbus...

Cookie Dingler : Je pense qu'ils ont vraiment réussi un exploit, parce qu'avec le nombre de musiques et de chansons qu'il y a, ça ne laissait plus beaucoup de place pour l'histoire, et vraiment le montage est bien fait ! Comme je le disais il y a 129 heures qui ont été fichues à la poubelle, mais je trouve que le montage est réussi, même s'il y avait de quoi faire trois ou quatre films, c'est clair. Mais mettre autant de musique et raconter l'histoire de ces deux mecs, c'est bien vu, parce que nous on illustre juste le film d'une certaine façon, mais c'est tellement bien fait qu'on existe tous à l'écran. Ce qui est vraiment frappant, c'est le retour des gens. Ils avaient déjà une énorme affection pour nos chansons, ça c'est indéniable, et là ils découvrent en fait que c'est chanté par des gens qu'ils voient marcher, parler, picoler, et ils se prennent d'affection aussi pour les personnages.

Sloane : Ils nous découvrent !

Cookie Dingler : Et ce sera peut-être une des raisons – enfin j'espère – du succès de ce long-métrage !

Tout ça demande tout-de-même beaucoup d'autodérision...

Patrick Hernandez : Oui mais on en a dans la vie courante. Ils s'en sont servi parce qu'ils l'ont probablement vue...

Peter : ...Et encore il y a des choses qui ont été freinées !

Cookie Dingler : … Parce que Jean-Luc Lahaye est bien en-dessous de ce qu'il est vraiment !

Patrick Hernandez : Vous imaginez ce que ce serait de nous voir sans dérision jouer nos propres personnages ? Ce serait ridicule et vous ne seriez pas restés deux secondes !

 

 

Stars 80, de Frédéric Forestier et Thomas Langmann, avec Richard Anconina, Patrick Timsit, Peter & Sloane, Jean-Luc Lahaye, Début de Soirée, Desireless, Alec Mansion, Gilbert Montagné...

(Sortie le 24 octobre 2012) 

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