L’effet de l’air : 12 scènes végétales
1- Silhouette
Etienne de Silhouette (1709/1767) aurait eu la passion de dessiner des profils en jouant sur le noir et blanc. Les "profils à la Silhouette" désignent une manière d'inscrire sur le dessin ce qui est la caractéristique principale d'une personne. Le dessin est aussi la première phase de création d’un jardin. En 2023, 40e anniversaire du classement de l’espace nancéien XVIIIe au patrimoine mondial de l’UNESCO oblige, le logo de l’institution internationale nous inspire. Il faut dire que sa symbolique est idéale. Un carré, pour la créativité humaine, s’inscrit dans un cercle, la représentation du monde.
2- Une allée lumière
Une allée monumentale, un chemin vers la découverte végétale. A l’image de ce qui se faisait dans les propriétés princières du siècle des Lumières. Le visiteur était conduit, guidé par des arbres alignés vers l’imposant bâtiment de pierre, en général un château ou un manoir. Ici, l’accueil se fait avec la fleur, massifs aux couleurs de la Lorraine. Le jaune rencontre le rouge du blason de la région. Car ce patrimoine minéral que l’on célèbre en 2023 ne serait rien sans le végétal et le vivant en général.
3- A table, les sensibles
La place Stanislas à Nancy et le Taj Mahal, dans l'État de l'Uttar Pradesh, en Inde. Oui et alors, quel rapport ? Les deux ont été inscrits à la même date sur la liste des plus grands sites mondiaux de l’UNESCO. Ils s’invitent au même banquet des merveilles. Dans le jardin, les tables participent aux échanges.
4- Du haut de Stan
Se mettre pratiquement au niveau du monarque, s’approcher de Stanislas l’imposant en s’élevant au centre de la place, c’est proposer une nouvelle vision du jardin, changer d’angle. L’escalier, symbole d’élévation, permet de s’affranchir de la pesanteur, de la lourdeur, pour décrocher la clé de la rêverie. Elle est à portée de chacun.
5- A la française
Le jardin à la française est un repère dans l’histoire des jardins. Dessiner, organiser l’espace géographiquement, a souvent séduit les créateurs. En particulier au XVIIIe siècle. Et ce n’est pas étonnant, le siècle des Lumières a vu un bon nombre de principes philosophiques remuer la société d’alors. La symétrie, le calme de la géométrie, permettait de retrouver ses marques.
6- Fleurons
Dans fleuron, il y a fleur et le terme évoque immédiatement en architecture le motif végétal qui surplombe certaines parties des bâtiments. Encore un exemple qui illustre la force du végétal lorsqu’il inspire l’architecte, l’homme qui échafaude et qui construit.
7- La création portée
Quand de jeunes architectes d’une école sont invités pour « l’Effet de l’air », ils proposent leur propre vision de l’aérien, du transparent. Mais pas seulement. Cette porte, cette entrée vers l’espace végétal, les étudiants l’ont assemblée, construite avec leurs bras dans les serres de la ville, installée sur la place avec les jardiniers. Cette invitation à entrer dans un univers inédit prend alors une autre dimension, coopérative, collective, humaine.
8- Libre comme l’air
Célébrer notre patrimoine commun a toujours été une des vocations du Jardin éphémère. Et qui peut mieux évoquer cette notion de bien collectif que le Français Jacques-Henri Lartigue (1894 /1986). Il est l’une des figures majeures d’un art considéré comme mineur à sa naissance. Avec la photographie, Jacques-Henri Lartigue a fait beaucoup plus qu’aiguiser son regard, il a exprimé sa liberté de voir, de regarder le monde et souvent sa propre vie, celles de ses proches, de ses amis.
9- Schuiten, patrimoine du futur
À la fois architecte et dessinateur, Luc Schuiten est un célèbre créateur belge à l’utopie pionnière. Né en 1944, l’homme a très vite intégré « l’urbanisme, l’écologie et la science » dans son travail. Pour éclairer cette sélection de douze tableaux présentés à Nancy et imaginer un patrimoine de demain, le mieux est d’écouter Luc : « Aujourd’hui, construire c’est d’abord détruire : arbres abattus, terre cuite, pierres taillées, minerais fondus. La cité archiborescente, elle, est vivante. Elle se régénère à partir de ses propres déchets. Elle est conçue comme un massif corallien, où tous les systèmes se nourrissent mutuellement. Elle est plus réaliste que les nouvelles villes comme Dubaï qui est construite sur le pillage des ressources de la planète ».
10- Paraneige Yuki-zuri
La ville de Kanazawa (qui vient de kana « or » et zawa « la source ») est jumelée avec Nancy depuis 50 ans. Clin d’œil à cette relation privilégiée, le Jardin éphémère présente une technique d’haubanage utilisée pour protéger les branches d’arbres en hiver dans le célèbre jardin Kenrokuen de nos amis nippons. L’ingénieux dispositif yuki-zuri oppose une résistance aux coups de vents et surtout au poids de la neige, abondante dans ces régions septentrionales de l’Archipel.
11- Au rayon Karlsruhe
Le 22 janvier 1963, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer signaient le Traité de l'Élysée et bâtissaient les fondements d'une solide amitié franco-allemande. Soixante ans après ce moment clé de la réconciliation, le Jardin éphémère rappelle le tracé de sa ville jumelle allemande. Karlsruhe doit son appellation de « ville éventail » car son château, résidence officielle des margraves puis des grands-ducs de Bade, est situé au centre à partir duquel les rues se distribuent comme des rayons. D’où l’idée de ces diagonales fleuries.
12- Ponthot de l’air
Colin Ponthot, artiste designer bruxellois, explore l’univers et les limites du son dans l’espace. Ce professeur à l’École nationale supérieure d'art et de design de Nancy propose à l’œil et à l’oreille ses étonnants hauts parleurs organiques dans le Jardin éphémère. Ils ont digéré des sons en résonance avec la scénographie végétale. Depuis de nombreuses années, le jardin invite ces inventeurs