Comme prévu, de nombreux élus sont intervenus jeudi après-midi lors du débat autour de la délibération sur le plan de mobilités qui acte un temps de concertation pour élaborer un nouveau réseau des mobilités dans le Grand Nancy

« Que de temps perdu ! » Cette phrase exprimée par Bertrand Masson jeudi lors du conseil métropolitain résume parfaitement le sentiment général. Débattre plusieurs heures sur le mode de déplacement des grands Nancéiens alors que de nombreuses métropoles en sont à discuter de leur deuxième voire troisième ligne de tram, l’agglomération nancéienne, elle, balbutie toujours sur une première ligne, telle est la triste réalité pour la métropole du Grand Nancy.

Patrick Hatzig, le rapporteur de la délibération en tant que Vice-Président du Grand Nancy à la Mobilité a annoncé la couleur d’emblée « cette délibération acte une réflexion de 7 mois. » C’est à dire une nouvelle période de concertation avec les usagers, les associations, collectifs et aussi en organisant les assises de la mobilité. Une délibération « qui ne signe pas l’arrêt du tram, mais qui porte la réflexion à une autre échelle, au-delà de la Métropole du Grand Nancy. » Pour autant, le tram sur pneu actuel s’arrêtera fin 2022 « si nous décidions aujourd’hui la construction d’un tram même partiel, il ne serait pas réalisé avant 2026 avec des inconnus sur des ouvrages d’art notamment le viaduc Kennedy. » Alors que faire ? « Nous ne savons pas à ce jour le scénario final, tout reste à penser, nous prenons sept mois de réflexion, d’études, de recherches pour présenter en automne un projet de mobilités globales. » Mais quand même « on est obligé, de dire le tram ne se fera pas sur ce mandat. »

"L'abandon d'une ambition pour les Grands Nancéiens"

Pour Laurent Hénart, cette délibération porte le deuil du tram sur rail « derrière l’idée de suspendre le tram, il y a une idée d’abandon, quand on casse les contrats ils n’existent plus, le tram que nous avons largement voté, il faut assumer que celui-ci ne se fera pas. Nous ne voulons pas valider cet abandon. » Selon l’ancien maire de Nancy « c’est l’abandon d’une ambition pour les Grands Nancéiens, pour les mobilités douces, car pour permettre aux gens de laisser la voiture, de prendre les transports en commun, prendre le vélo, il faut un réseau performant. Il faut donc la ligne 1 de voie ferrée. C’est l’abandon à l’échelle du sud de la Meurthe-et-Moselle, une ambition abandonnée pour les entreprises, qui financent les transports en commun, pour les étudiants et l’université, l’abandon d’une ambition pour les soignants, les familles des malades qui demain avec la concentration sur Brabois seront plus nombreux à s’y rendre, mais aussi pour la justice parce qu’un des éléments de l’implantation de la cite judiciaire sur Alstom c’était la connection avec le tram. » Concernant Brabois, pour Hervé Féron « André Rossinot a fait les choses à l’envers en faisant déménager et transférant de nombreux services à Brabois sans concertation et sans avoir prévu comment transporter tous ce monde chaque jour. » 

Une idée d’abandon à laquelle ne cautionne pas Michel Breuille, maire d’Essey lès Nancy « non cette délibération n’entraine pas l’abandon du tram, cette affirmation a pour but de créer des craintes. Ce projet ne pouvait pas être réalisé avant 2023 ni même avant 2026. Le problème avec le viaduc Kennedy le rend infaisable, le viaduc doit être revu ce qui coute 20 à 30 millions d’euros. » Des coûts supplémentaires donc rajoutés à une enveloppe déjà conséquente, autour de 500 millions d’Euros « ce qui représente huit ans d’investissement du Grand Nancy » souligne Mathieu Klein. Avec des comptes dans le rouge et dans un contexte de crise sanitaire qui ont rendu encore plus fragiles les finances publiques, la majorité métropolitaine estime que le tram sur rail n’est plus finançable en l’état actuel des choses. Vincent Matheron, maire de Jarville considère que « surseoir un projet ce n’est pas l’abandonner, c’est interroger sa crédibilité et sa légitimité », Jean François Midon, adjoint au maire de Saint-Max lui est moins positif « avec l’abandon de ce programme, c’est une renonciation rapide à une métropole attractive, tournée vers un avenir plus moderne, à une métropole moins polluée. » Tout le contraire de Laurent Watrin « cette délibération nous permet de prendre de la hauteur, d’ouvrir des perspectives sur une meilleure qualité de vie des habitants, elle porte une vision ambitieuse des déplacements pour tous. » François Werner, vice-président du Grand Nancy y voit plutôt « un saut dans l’inconnu qui inquiète surtout que personne n’a ébauché de solutions. » Mathieu Klein lui estime « que l’attractivité du Grand Nancy ne se résume pas au seul matériel roulant sur son réseau de transport. » 

"Mobiliser toutes les ressources financières"

Face à ce constat des difficultés de financement « que nous assumons » dixit Patrick Hatzig, Jean-François Husson regrette et dénonce la gratuité des transports en commun le week-end  « un choix qui interroge » tout en déplorant « l’absence de concertation avec les entreprises qui versent 60 millions chaque année pour les mobilités, ce choix transféré sur le dos ds entreprises n’est pas acceptable. » Patrick Hatzig a d’ailleurs livré un bilan des week-ends gratuits « sur 5 week-ends, entretien auprès de  2004 usagers, 18 % prenaient pour la première fois un transport en commun un week-end, 31 % le prenaient très rarement, 56 % ont été incités à se déplacer par la gratuité, 13 % seraient venus en voiture si cela n’avait pas été gratuit. » Pour d’autres, il faut aller chercher les subventions comme le préconise Stéphane Hablot « je demande au président de mobiliser toutes les ressources financières pour répondre aux enjeux des mobilités du territoire. N’est-ce pas le département, la région, l’État et l’Europe qui ont contribué au financement du tram à Dijon,  47 millions de l’état, 20 du département, 40 de la région, 5 de l’Europe. » 

Même si le scénario final n’est pas connu, beaucoup d’élus pensent, pour remplacer le tram ferré, au bus à haut niveau de service déjà présent dans le Grand Nancy sur les lignes 2 et 3. Pour certains comme Michel Fick « il ne suffira pas pour desservir le plateau de Brabois dont le pole risque d’être affaibli » pour d’autres comme Areski Sadi « à une cadence élevée, il peut transporter de nombreuses personnes. » Marc Ogiez, maire de Pulnoy, s’interroge « où est le choix écologique avec le BHNS ? » alors que le maire de Saint Max Éric Pensalfini n’oublie pas que « le viaduc Kennedy que ce soit un tram ou un BHNS il faudra passer à la caisse, le BHNS ce n’est pas gratuit »  

Il a travaillé quatre ans sur le projet de tram ferré, la parole de Christophe Choserot était attendue sur cette délibération « le bassin de vie a besoin d’un tram ferré, remplacer le tram ferré par un BHNS est une erreur, mais aujourd’hui on est dans l’incapacité de mettre en œuvre un tram ferré à cause de la crise sanitaire, de questions financières, et le viaduc Kennedy. Il y aura un tram ferré, mais il faut un temps de respiration qui nous offre la possibilité d’avancer ».

"je ne veux pas d'un tram au rabais"

En conclusion, Mathieu Klein a souligné qu’avec cette délibération « nous proposons de penser globalement les mobilités dans le Grand Nancy et non exclusivement sur la ligne 1, je crois qu’un réseau de mobilités qui pense tous les transports est un progrès considérable pour la qualité de vie, la transition écologique, pour l’attractivité économique et le développement. Nous n’allons pas travailler à un mode dégradé, mais à un nouveau réseau de transport de qualité avec par exemple priorité aux feux pour des bus en site propre. » En déclarant qu’il ne savait pas « de quoi sera fait le matériel de demain » sur le réseau Stan, le président du Grand Nancy, qui a annoncé le financement avec la région Grand Est d’une étude sur un réseau ferré en lien avec le réseau régional,  ne veut surtout pas exclure l’idée d’un tram ferré mais au-delà de 2026... En attendant, le maire de Nancy a fait part de ses objectifs « je ne veux pas d’un tram au rabais, il faut le faire avec une ambition forte, je crois à véritable réseau de transport de qualité pour l’ensemble des habitants du grand Nancy, à la multiplicité des types de véhicules qui circuleront sur le réseau Stan, nous allons bâtir un nouveau réseau écologique. » 

La délibération a été adoptée, la minorité a voté contre alors que les élus de Villers lès Nancy, dont François Werner, se sont abstenus et que ceux de Vandoeuvre n’ont pas pris part au vote, Stéphane Hablot estimant « que la délibération aurait pu être reportée après les études. »  

 

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