Cinéma. Rencontre avec le réalisateur du documentaire « LA MORT SE MÉRITE », le Nancéien Nicolas Drolc...
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Légende : Serge Livrozet en 1968 et aujourd’hui

la-mort-se-merite-digressions-avec-serge-livrozetA force de longer chaque jour la prison Charles III en se rendant, ado, au collège Guynemer, Nicolas Drolc, Nancéien de 30 ans, a fini par s’intéresser aux prisonniers. D’où un premier documentaire, « Sur les toits »en 2014, suivi cette année d’un second, « La mort se mérite » actuellement projeté au Caméo Commanderie. Le portrait d’un ex-taulard et militant anar haut en couleur : Serge Livrozet, 78 ans. 

En quelle année, votre rencontre avec Serge Livrozet ?

Nicolas Drolc : À la fin de « Sur les toits » j’interviewais Serge Livrozet avec qui je suis ensuite devenu copain. Je l’ai revu plusieurs fois chez lui à Nice. Amitié qui a débouché sur ce second « docu » qui lui est uniquement consacré. Portrait né de la frustration de ne lui avoir accordé que 10 mn dans « Sur les toits » alors qu’il a été de toutes les luttes.

C’est en effet un sacré personnage !

Exact. Né de père inconnu et d’une prostituée, ancien braqueur de banques donc plusieurs fois condamné, il a eu l’énergie de passer son Bac et autres diplômes en prison. Puis d’y écrire plusieurs livres, d’enseigner les co-détenus et de devenir co-fondateur de « Libération » et du Comité d’action des prisonniers avec Michel Foucault. C’est aussi une figure oubliée de la contre-culture en France.

À vos yeux, c’est une victime, un héros, un anarchiste, un philosophe ou un paria ?

C’est un paria, un anarchiste et un philosophe. Sûrement pas un héros. Il a une maison d’édition, une librairie et une imprimerie où il n’y avait pas de hiérarchie salariale. Car il ne supporte pas la hiérarchie. Sous aucune forme.

Il est révolté contre la société. Or, à part assistance et protection aux enfants, la société ne nous doit rien.

Pas d’accord. Quand on inscrit « Liberté, Egalité, Fraternité » au fronton des mairies et qu’on laisse crever des gens dans la rue, la société pourrait se remettre en question, non ? Car de l’argent il y en a. Or, la société ne partage pas.

Il est né et mourra révolté, Serge Livrozet.

Oui. Révolté et, contrairement à pas mal de gens de mai 68, sans avoir trahi pour de l’argent ou par carriérisme, les idéaux auxquels il croyait. Sans avoir embrassé non plus une carrière installée.

Pourquoi autant de scènes en voiture dans ce documentaire ?

Parce qu’il conduit beaucoup et que ça donne au film un air de road movie pour personne âgée qui tourne en rond…car la vieillesse installe une certaine routine.

 Un mot sur le titre pour finir ?

 Livrozet, qui écrit actuellement ses mémoires, avait prévu une série de titres potentiels dont celui-là, « La mort se mérite ». Ça me plaisait bien pour son côté film noir et philosophie existentielle. Alors, il m’a dit : « Il te plait ? Eh bien prends-le ». Voilà.                        

Propos recueillis par Fiona Franchi


 Résumé du documentaire : 

Le Noir et Blanc sied à ce portrait d’un personnage complexe, Serge Livrozet. L’itinéraire d’un militant anarchiste qui défraya la chronique des années 60 à 70. Un ex-taulard attaché au sort et aux conditions de vie des détenus. Et un écrivain qui fait aussi dans ce documentaire une sorte de bras d’honneur à la mort.

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