Grégory Gadebois, Virginie Efira et Omar Sy

Prévu le 1er avril, ce film d’Anne Fontaine sort (enfin) cinq mois plus tard. Ça vaut la peine de s’y précipiter, car son sujet le rend passionnant de bout en bout. L’histoire de trois flics parisiens confrontés à un cas de conscience. Faut-il relâcher (ou pas) le dissident tadjik qu’ils reconduisent à Roissy ? L’adaptation réussie du roman d’Hugo Boris. Et l’interprétation brillante de Virginie Efira, Omar Sy (Aristide) et Grégory Gadebois (Erik). Commentaires de la réalisatrice rencontrée à Nancy.

Sur le générique de début, le titre « Police » est à l’envers. Pour amorcer leur transgression ?

Anne Fontaine : Plutôt pour augurer d’une façon ludique le fait qu’on va être derrière l’uniforme. Ça l’était déjà sur le livre et il me semblait que c’était une façon de dire que ça n’était pas un film sur la police au sens habituel du terme.

Qu’avez-vous gardé du livre de Hugo Boris ?

Le livre s’inspire d’un fait réel : cet incendie au centre de rétention de Vincennes. Et moi je me suis inspirée de la trajectoire de ces trois personnages qui ont des rapports personnels et sont fragilisés par cette mission inédite pour eux. J’ai interprété aussi les réactions du tadjik, son côté dangereux.

À propos du tadjik, pourquoi n’avoir pas sous-titré ses paroles ?

Tout simplement parce que c’est plus fort de les imaginer.

Pourquoi ne fuit-il pas ? Par manque d’argent ou peur de cette liberté pourtant offerte ?

Par peur d’être abattu. Il a un côté anxiogène, car il ne comprend pas la langue et dans son pays les policiers lui tiraient dessus. 

Dans votre film, Omar Sy n’arbore plus son éternel sourire cheese.

Parce que je l’ai empêché de sourire. Dans tous ses rôles, il y a en effet ce rire qui peut être un écran à autre chose. Or, quand je l’ai rencontré, j’ai ressenti son mélange d’empathie et de douceur.

Votre trio d’acteurs est idéalement composé.

On a envie en effet que le duo adultérin d’Omar Sy et de Virginie Efira se déploie même s’il est minimaliste. Quant à Gadebois, acteur exceptionnel, il incarne bien ce flic buté qui dit qu’il ne faut pas s’intéresser à autre chose que ce qu’on fait. Tous trois sont en souffrance d’une façon ou d’une autre. J’y ajoute Payman Moaadi qui joue le tadjik et qui est l’un des plus grands acteurs iraniens. Il impressionne d’ailleurs quand il se cogne contre la vitre.

C’est d’une grande violence une reconduction à la frontière.

Oui et ça se passe comme ça. La vie des policiers aussi est violente. Ils vivent des états de tension permanents.   

La fin du film est très belle. Avec Omar et Virginie marchant dans la rue, dos à la caméra et soudain l’un empoigne la main de l’autre. Vous leur aviez dit ?

Je leur ai conseillé de trouver quelque chose d’assez subtil. Mais pas trop tôt. Cette main est parfaite.   


Fiona Franchi  

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