Un véhicule de police avait été la cible d'un tir dans la nuit 10 septembre dernier à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) provoquant un impact dans une vitre. Un suspect a été déféré ce mercredi devant un juge d'instruction, puis a été remis en liberté en fin d'audience mercredi 23 novembre 2022. Une décision vivement contestée par deux syndicats de police.
Les faits se sont produits le 10 septembre dernier aux alentours de 22 heures à Pont-à-Mousson. Des policiers en patrouille étaient la cible d'un tir qui atteignait la vitre du conducteur de leur voiture sans toutefois blesser de policiers. Un projectile visiblement tiré d'une arme de petit calibre.
Les investigations menées par la sûreté départementale s'étaient orientées très rapidement au sein de la communauté des gens du voyage avec l'interpellation quelques heures après les faits d'un suspect. Ce dernier était présent sur les lieux du tir par arme à feu ayant visé des policiers en voiture "alors qu'il n'avait aucune raison d'être à cet endroit en plein milieu de la nuit", indique le Procureur François Pérain.
D'après le magistrat, le suspect était ce soir-là "accompagné de deux autres individus qui n'avaient pas été interpellés et qui ne sont pas identifiés. Il avait été remis dehors et ses vêtements et ses mains avaient été soumis aux prélèvements par tamponnoirs. Or l'expertise de ces tamponnoirs en vue de trouver d'éventuelles traces de poudre révélait que ce suspect était soit le tireur soit une personne qui avait été à proximité du tireur."
"Cette expertise explique que le suspect a été placé à nouveau en garde à vue. La perquisition n'a pas été positive à son domicile mais 5 carabines régulièrement détenus étaient trouvées dans la caravane de son beau-fils." En outre, "le projectile tiré n'ayant pas été trouvé, il n'est pas possible d'établir qu'une de ses armes soit à l'origine du tir".
L'homme est né en 1971. Il est connu pour des délits divers mais pas pour des faits de violences, précie le parquet. "Les investigations ont également démontré que plusieurs tirs avaient été effectués avant le passage de la voiture de police contre un mur par un ou des tireurs non identifiés en guise d' »amusement ». Il n'est donc pas exclu que la poudre trouvée sur les mains et les vêtements proviennent de ces tirs antérieurs au passage de la police nationale".
"En tout état de cause, le suspect ne donne aucune explication cohérente et ne communique pas le nom de la personnes susceptibles d'être le tireur".
Le Procureur de la République, François Pérain déclare réfléchir à un "éventuel appel"
Le quinquagénaire a été interpellé à nouveau mardi matin et déféré devant un juge d'instruction du tribunal judiciaire de Nancy pour être mis en examen, ce mercredi 23 novembre, par le magistrat instructeur du chef de "tentative de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique". Il a finalement été remis en liberté à la fin de l'audience et placé sous contrôle judiciaire.
"Inadmissible", "incompréhensible" estime sur son compte Twitter le syndicat Alliance Police nationale 54 évoquant une "tentative d'homicide sur les policiers".
Par voie de communiqué de presse transmis au cours de la soirée de mercredi, Unité SGP FO 54 a également réagi en déclarant "prendre acte de la remise en liberté sous contrôle judiciaire", tout en exprimant son étonnement "sans bien entendu porter atteinte à l'indépendance de la Justice". "Unité SGP Police FO 54 s'interroge sur le message envoyé à cet individu dangereux qui n'a pas hésité à prendre pour cible des policiers alors qu'ils effectuaient une simple patrouille de sécurisation".
D'après le syndicat majoritaire dans le département de Meurthe-et-Moselle "l'intention de cet individu était de tuer", Unité SGP FO 54 demande au procureur de la République de faire appel de la décision de remise en liberté.
Contacté par nos soins, le Procureur déclare ce jeudi matin réfléchir à "un éventuel appel". "Nous avons dix jours pour prendre notre décision", ajoute François Pérain.