En dédicace ce week-end au Livre sur la Place de Nancy, Matthieu Niango a présenté son premier roman, Le Fardeau. Dans ce texte bouleversant, l’auteur nancéien qui a vécu jusqu'à ses 19 ans à Nancy, mêle enquête familiale et mémoire historique, en remontant jusqu’aux « Lebensborn nazis » pour éclairer un secret longtemps enfoui au cœur de sa propre histoire.
Présent ce week-end au Livre sur la Place à Nancy, Matthieu Niango dévoile son premier roman, Le Fardeau, paru le 20 août aux éditions Mialet Barrault. Puissant, à la fois universel et intime, ce récit mêle enquête familiale et mémoire historique.
Un secret enfoui au cœur de la Meuse
Tout commence dans un village de la Meuse, au moment du décès de la grand-mère maternelle de l’auteur. La révélation surgit comme une déflagration : sa mère, Gisèle, qu’il croyait simplement adoptée, est en réalité née dans un Lebensborn, à Wégimont, en Belgique. Ces maternités nazies étaient destinées, durant la Seconde Guerre mondiale, à peupler le Reich d’enfants de « race aryenne » et accueillaient les naissances d’enfants issus de soldats SS et de femmes jugées « racialement compatibles ». Ce secret, longtemps gardé par la famille, révélé lors d'une réunion de famille, bouscule le jeune normalien et philosophe. Son père est ivoirien, son enfance heureuse, et pourtant son héritage s’ancre brutalement dans l’une des pages les plus sombres de l’Histoire.
Quatre années d’écriture, une longue enquête
« L’histoire était tellement folle que j’avais peur qu’elle paraisse invraisemblable », confie-t-il. Pendant quatre ans, il reconstitue alors patiemment les fragments d’une mémoire éparpillée, des archives, témoignages et des silences. Mais Le Fardeau, n’est pas seulement une enquête : c’est aussi un geste de transmission. Le fardeau, c’est le poids de l’histoire, mais aussi ce que l’on choisit de porter pour traverser l’existence. « Qu’est-ce qu’on met dans un fardeau? L’essentiel : une lettre, un jouet, une bague de mariage... » explique l’auteur. Ces traces ténues, retrouvées au fil de ses recherches, deviennent les symboles d’une vie et d’une mémoire.
Samedi 13 septembre, lors du festival Le Livre sur la Place, à Nancy, Matthieu Niango signait ses ouvrages, entouré de lecteurs nombreux et attentifs. Il participera ce dimanche à une rencontre littéraire, une table ronde intitulée Transmissions ratées (de 13h à 14h, tribunal administratif).
Au bout de cette plongée dans un passé douloureux, l’auteur tient à offrir un horizon d’espérance. En refermant Le Fardeau, le lecteur garde en mémoire cette leçon : la mémoire, même lourde, peut être déposée, partagée, et transformée en force de transmission, l'écriture y aide aussi. « Je suis convaincu qu'il peut y avoir de la lumière au bout du chemin ».
Matthieu Niango, Le Fardeau, Mialet Barrault, 500 p. - 22 €, parution le 20 août 2025.
