Littérature. Clélia Renucci publie son deuxième roman "La Fabrique des Souvenirs" aux Editions Albin Michel. Un ouvrage qui explore les thèmes de la mémoire, la filliation, la musique dans une fresque se déroulant sur plus d'un demi-siècle. Nous avons rencontré la romancière à l'occasion du Livre sur la Place.
En Vidéo. Rencontre avec Clélia Renucci à Nancy lors du Livre sur la Place 2021.
Elle a ce formidable talent d’écriture, une énergie débordante et une culture foisonnante forgée autour de ses voyages et ses nombreuses passions comme la littérature ou la musique. La romancière et professeur de lettres, Clélia Renucci d’origine Corse, était à Nancy pour rencontrer ses lecteurs à l’occasion du Livre sur la Place. Elle dévoile en cette rentrée littéraire « La Fabrique des Souvenirs » aux éditions Albin Michel, un roman aussi éblouissant que captivant où il est question de souvenirs, de voyages et d’amour sacralisés par une quête initiatique.
Après son premier roman « Concours pour le Paradis » paru en 2018, la romancière nous entraîne dans un voyage spatio-temporel élégant et sensuel à travers les époques et plusieurs pays d'Europe en passant par la France, l'Italie ou encore aux États-Unis.
Clélia RENUCCI, romancière
L’histoire débute avec Gabriel, programmateur radio à l'Académie française. Un jeune homme d’une trentaine d’années qui collectionne dans le cadre de son travail des « souvenirs » en lien avec la culture. Une recherche qui s’articule grâce à l’utilisation d’une nouvelle application révolutionnaire le « Mémory Project », une sorte de banque de données qui permet d’archiver les souvenirs puis de les rediffuser pour permettre à l'utilisateur de les revivre dans les conditions d’origine en ressentant « les odeurs, le toucher, le goût, en plus du son et de l’image ». C’est en visualisant un souvenir acheté aux enchères que la vie de Gabriel va soudainement basculer. En revivant le souvenir de la première de Phèdre, une pièce de Racine jouée en 1942, du point de vue d’un spectateur, son esprit va être irrésistiblement attiré par une spectatrice présente dans la salle dont il n’aperçoit pourtant que la nuque. Dès cet instant et à travers ce personnage désincarné, Gabriel se lance dans une quête dévorante pour connaître son identité et son histoire. Il s’agit d’Oriane Devancière, violoncelliste virtuose née dans les années 30, elle vit à cette époque en pleine seconde guerre mondiale et Allemagne nazie. Une attirance qui s'apparente à un amour impossible puisque près de 70 années séparent les personnages.
« Je voulais interroger la part grandissante que prend le virtuel dans nos vies à tous » nous explique Clélia Renucci qui couvait l'idée du livre du livre depuis quelques années . « À partir de là, s’est ouverte une mécanique romanesque absolument incroyable » et l’histoire s’est construite « quasiment instantanément », poursuit-elle.
Une partition sans fausse note pour l'auteure également musicienne, qui s'est beaucoup documentée pour cet ouvrage afin de restituer avec précision et émotion les différentes atmosphères de son livre. Clélia s'est ainsi rendue à New York et notamment dans le quartier de Broadway pour parler de comédie musicale, à Crémone en Italie ou encore pris des cours de claquettes comme l'un de ses personnages, elle a aussi fréquenté l'académie française ou rencontré un luthier qui restaure des Stradivarius.
Sur le fond, entre philosophie et métaphysique, la question de la mémoire est au cœur du roman et nous emmène vers d'autres horizons qui interrogent sur la condition humaine. « À un moment, je fais parler un personnage, une femme vieillissante qui est à la fin de sa vie et qui a vendu certains de ses souvenirs qui lui semblaient importants notamment des souvenirs de la guerre. À la fin de sa vie, elle explique, pourquoi elle trouve ça formidable finalement de se libérer de sa mémoire parce qu’en transmettant ce qu’elle a vécu, ça a comme allégé sa conscience et sa vie, c’est peut-être le message plus philosophique. Par ailleurs et c’est un autre message, je pense, fondamentalement qu’on n’est rien sans les autres. L’identité n’existe pas sans l’altérité. L’individu n’existe pas sans ses amis, sa famille, ses amours. C’est par les autres qu’on se construit et qu’on construit nos vies et c’est par les souvenirs des autres aussi que nos vies peuvent prendre des destins divers ».
Un livre coup de cœur en cette rentrée littéraire.
« C'était une partie de l'histoire du théâtre qu'il venait de sauver des limbes de l'oubli. Il ignorait qu'il s'apprêtait à bousculer l'histoire de sa vie. »
Dans un monde où les souvenirs se vendent et s'échangent grâce à une application révolutionnaire, Gabriel, amateur de théâtre, revit à plus d'un demi-siècle de distance la première de Phèdre en 1942 à la Comédie Française. Dans la salle, il remarque une spectatrice dont la nuque l'envoûte aussitôt, et se lance dans une quête éperdue pour découvrir l'identité de l'inconnue. Oriane Devancière, violoncelliste de renom, va le mener aux sources d'un amour authentique.
Original et virtuose, La Fabrique des souvenirs poursuit un fantastique voyage dans le temps et la mémoire, où l'auteure de Concours pour le Paradis célèbre, dans un subtil jeu de miroir, la passion sous toutes ses formes.