
Résumé du film : Leur père ayant été victime d’un AVC, trois frères et sœur, Joseph, Armand et Angèle, se retrouvent à son chevet dans la maison familiale de la calanque de Méjean. L’occasion d’un bilan familial douloureux.
Pour ce 20ème film, très tchékovien, Robert Guédiguian s’est entouré des siens. Sa femme, Ariane Ascaride qui joue une actrice célèbre. Et ses potes, Gérard Meylan, restaurateur et Jean-Pierre Darroussin, cadre licencié. Mais cette fois, la bulle familiale s’élargit. Pour accueillir 3 enfants clandestins.
Ces trois enfants kurdes, est-ce votre façon de rester attentif aux problèmes mondiaux ?
Robert Guédiguian : Bien sûr. J’aime les familles ouvertes, recomposées, qui accueillent, qui adoptent, qui se mélangent. Une famille bourgeoise typique avec le père, à la mère, les liens du sang, je me suis toujours méfié de ça. Car j’aime le métissage, le mélange et j’ai horreur de la pureté.
Pourriez-vous personnellement accueillir des migrants ?
R.G. : J’héberge déjà à Paris un couple d’acteurs retraités qui a peu d’argent, donc l’appartement est un peu chargé. Mais pour répondre à la question : oui, je le ferais volontiers. Car ces réfugiés, c’est le prolétariat du monde. Dans le film, les deux garçonnets refusent de se lâcher la main. Car leurs parents leur ont sans doute dit, comme autrefois mon grand-père arménien : « Ne vous lâchez jamais«. Et les petits ont pris ça au pied de la lettre.
Ariane, de quelle scène du film êtes-vous la plus fière ?
Ariane Ascaride : Celle où je raconte la mort de ma fille. Car je suis assise dans le fauteuil et on m’entend sans me voir. On a fait ça en une prise. L’autre scène émouvante, c’est évidemment cet extrait de « Ki lo sa », tourné en 1985, où nous avions tous une vingtaine d’années. Jean-Pierre pilotait sa DS et la route que nous suivions a entièrement brûlé cet été-là. Aujourd’hui, heureusement, tout a repoussé.
Au départ comment s’était constitué ce groupe d’acteurs autour de votre mari ?
A.A. : Le père de Gérard Meylan, directeur d’école primaire à l’Estaque, a été un passeur formidable pour Robert. Car il faut toujours quelqu’un qui vous ouvre la porte. Moi, ce fut ma mère qui m’emmenait chaque semaine au cinéma et au théâtre en Lozère. Notre vécu personnel s’ajoutant à notre expérience commune met chaque fois entre nous un niveau d’exigence incroyable. On a plaisir à faire un film ensemble, mais il faut se surprendre.
En tournage, Robert Guédiguian est-il très directif ou plutôt cool ?
Jean-Pierre Darroussin : Oh, avec lui, en plateau, c’est un peu l’autogestion. Il n’est pas très tressé et ne dit jamais pourquoi on refait telle scène. À nous de le trouver nous-mêmes. Car il ne veut rien imposer d’entrée de jeu. Il dit simplement : « On va essayer autre chose ». Donc chacun invente « sa » méthode. Celle de Guédiguian est de choisir les mêmes acteurs. Avec cependant certains visages nouveaux. Ici, Robinson Stévenin et Anaïs Demoustier. Jolie façon d’injecter du sang neuf dans le groupe, non ?
Fiona FRANCHI
Sortie du film : 29 novembre