Cinéma. À l'affiche depuis mercredi 22 février 2017 dans les salles de cinéma, le nouveau long métrage de Audrey Dana s'intéresse à la question du genre et des rapports homme femme à travers une comédie divertissante.
Qui n’a jamais imaginé ce que ça ferait d’être dans la peau du sexe opposé, ne serait-ce qu’une journée ? Eh bien, pas Jeanne ! Plaquée en plein déjeuner au restaurant par son mari, contrainte à la garde alternée de ses enfants une semaine sur deux, la jeune architecte en bâtiment est dégoûtée des hommes. Mais un beau matin, sa vie s’apprête à prendre un drôle de tournant, lorsqu'elle découvre paniquée son changement de sexe.
Après son premier long métrage Sous les jupes des filles sorti en 2014, Audrey Dana plonge les spectateurs dans une nouvelle comédie placée sous le signe du genre et des rapports homme - femme. Qu’est-ce qu’un homme ou une femme aujourd’hui ? Jeanne va le découvrir en se réveillant dans un corps androgyne avec ce « truc en plus ». Conseillée par sa meilleure amie Marcelle et son gynéco le Docteur Pace interprété par Christian Clavier, Jeanne va apprendre à maîtriser ce nouvel attribut et à canaliser sa libido décuplée sous l'effet de la testostérone. Une masculinité soudaine qui va permettre au personnage de finalement s'affirmer et de se réaliser pleinement en tant que femme.
Ici-c-Nancy.fr - À l’instar de longs métrages tels que Didier (comédie de Alain Chabat sortie en 1997) ou Camille Redouble (comédie de Noémie Lvovsky sortie en 2012), le film raconte l’histoire d’une transformation physique assez radicale. Comment avez-vous abordé en amont ce scénario improbable ?
Audrey Dana : J'ai co-écrit les dialogues avec deux femmes (NDLR : Maud Ameline et Murielle Magellan.) Je suis partie du principe qu’avec un pitch comme celui-là, il est essentiel de ne pas tomber dans la vulgarité, je me suis donc vraiment entourée de garde-fous, de femmes que j’admire énormément et qui sont à priori loin de mon énergie ou celle d’Alice. Elles m’ont vraiment aidé à rester sur le fil, de garder l'équilibre. Après la formation de l’équipe, on a ensuite rencontré beaucoup d’hommes pour leur poser des questions sur leur intimité. Ils se sont prêtés au jeu, ils ont énormément nourri l’histoire. Ce fût un travail réjouissant. Lorsque nous avons collecté toutes ces infos, on a écrit le film, je savais déjà où je voulais aller. Le scénario s’est écrit assez vite, entre le début des entretiens et la fin de l’écriture, il s'est passé 9 mois, le temps d’un bébé !
I.C.N - Avant d'être confontée à ce changement de sexe mystérieux, l'héroïne est confrontée à un vrai bouleversement, sa vie s'effondre lorsqu'elle apprend que son mari la quitte et qu'elle va devoir partager la garde de ses enfants...
Audrey Dana : Le point de départ c’est à qui arrive justement cette aventure, cette fille s’est définie à travers sa famille et ses enfants. Elle vit d’abord pour eux sauf que son mari va la quitter très vulgairement et il va demander la garde alternée. Elle va perdre tous ses repères. Évidemment en réalisant ce voyage initiatique, cette femme en colère va en fait se rapprocher des hommes et faire la paix. Le film raconte une réconciliation entre les hommes et les femmes.
I.C.N - Alice, vous dégagez dans ce film une véritable énergie solaire dans le rôle de Marcelle, la voisine et confidente de Jeanne. Une interprétation qui vous a valu d’ailleurs le Prix d’interprétation féminine dans un second rôle au Festival de l'Alpe d'Huez... Comment aviez-vous abordé ce tournage ?
Alice Belaïdi : Avec très peu de stress et d’appréhension, je connais Audrey et le regard bienveillant qu’elle porte sur moi. Et, puis j’ai eu la chance de connaître le pitch avant même qu’elle écrive le film. On avait la frustration de ne pas avoir tourné ensemble en tant qu’actrices.
Audrey Dana : Elle m’a même poussé à faire ce film ! Comme avant un grand saut, j’avais peur de le faire... Il faut dire aussi que j’ai vraiment écrit le rôle pour Alice, j’ai toujours eu sa voix en moi. C’est comme s’il elle était dans ma tête et qu’elle me donnait la rythmique. Ensuite on a retravaillé les dialogues, il y a beaucoup de choses qui viennent d'elle. Sur le tournage, il a parfois été assez dur de tourner certaines parties et de rester sérieuses...
I.C.N - Audrey Dana, dans le premier rôle, mais aussi réalisatrice...
Antoine Gouy : Il faut dire que c’était saisissant de voir Audrey travailler, mener cette équipe et la voir en face de soi jouer son personnage. C'est une personne qui vous donne énormément. Elle nous dirige alors qu’elle compose son personnage. Elle a une vitalité extraordinaire !
Alice Belaïdi : Audrey ne se drogue pas, elle ne boit pas de café, mais elle a une énergie incroyable et du coup elles ne sont pas nombreuses à pouvoir assurer un personnage si fort et en gérant un film comme ça. Elle a l’énergie et la folie pour le faire !
L'égalité homme - femme et le patriarcat au coeur du film...
Audrey Dana : C’est une manière de dire que les frontières sont troubles, c’est quoi un homme, c’est quoi une femme ? À travers cette fable moderne, féministe et humaniste, je voulais avant tout lancer une invitation à la réflexion. Ce que veux c’est bouger les lignes et le rire en est le meilleur moyen.
« Si j'étais un homme », comédie française d'Audrey Dana, avec Audrey Dana, Alice Belaïdi, Christian Clavier, Eric Elmosnino... Durée : 1 h 38.
