Juliette Binoche, François Civil - Copyright Diaphana Distribution

 

Résumé du film : Adapté du roman du même titre de Camille Laurens, ce film cerne une quinquagénaire, Claire, qui, après une rupture difficile, s’invente un personnage virtuel. Et devient Clara, belle jeune femme de 24 ans, qui, sur les réseaux sociaux, appâte Alex, meilleur ami de son ex-amant Ludo.


L’habileté de Safy Nebbou, réalisateur de cet engrenage infernal, est de nous plonger dans les dangers d’Internet. Et d’aborder avec finesse des thèmes essentiels : obsession de la séduction et du désir, peur du vieillissement. Tout en concevant un scénario où réalité et mensonges se confondent. Et où brille particulièrement Juliette Binoche, vibrante de douleur contenue. Une performance.

Comment avez-vous géré ce scénario où vous accumulez vraiment les difficultés ?

Safy Nebbou : Encore plus que vous ne croyez, car j’ai écrit le scénario avec July Peyr qui, à l’époque, se trouvait à Los Angeles. Donc nous avons tout écrit par Skype ou par mails. C’était un travail minutieux, car il fallait jouer sur le vrai, sur le faux, s’amuser avec le spectateur tout en lui donnant des informations, mais pas trop. Bref, beaucoup de travail.

Qu’est-ce qui vous avait séduit dans le livre ?

Safy : Une femme de 50 ans qui prend un avatar sur les réseaux sociaux est un thème très actuel qui m’avait interpellé. Car il y avait là quelque chose d’intéressant sur la manipulation et l’identité. C’est une mise en abîme permanente avec Claire qui joue à être une autre. Quoi de plus excitant pour un cinéaste ? Car c’est également un film qui parle beaucoup de la solitude moderne.

Après lecture, avez-vous pensé immédiatement à Juliette Binoche ?

Safy : Oui et je n’avais qu’une angoisse c’est qu’elle dise non. Car ce qu’amène Juliette c’est sa dimension tragique, sa fragilité, sa vulnérabilité. Elle, au moins, accepte de lâcher prise et de s’abandonner.

On pourrait la comparer à un Stradivarius. On pince une corde et elle se brise.

Safy : Exactement. C’est très facile de filmer une actrice qu’on aime et qu’on admire. Très facile. J’ai été touché et ému par elle. Aujourd’hui encore. Nous sommes d’ailleurs restés en contact. Elle est comme une grande sœur.

C’était un challenge pour vous de jouer deux voire trois personnages dans le même film ?

Juliette Binoche : C’est une difficulté certes, mais ça montre aussi les diverses facettes d’une femme. La multiplicité de ses émotions parfois contradictoires, mais qui nous rendent vivantes et vraies. Bref, c’est un rôle qui offrait tant de possibilités que tout acteur est attiré par ça. Le thème de l’abandon n’est pas facile à vivre dans la vie, mais au cinéma, ça permet une vraie réflexion sur l’une des peurs les plus fortes.

La réaction de Claire, c’est justement d’« oublier » cet abandon en créant cet avatar.

Juliette : Oui et ça va lui faire du bien pendant un temps. Mais ce n’est qu’une bouée de secours qui va la couler un peu plus tard. Ce que je trouve néanmoins touchant c’est qu’elle se sert de son manque pour mettre son désespoir sous une forme artistique. Pour éviter d’accepter l’insoutenable.

Claire, prof de littérature à la faculté, est une femme brillante dont le film montre pourtant toute la fragilité.

Juliette : C’est justement ce qui était intéressant à jouer. Car cette femme d’une telle capacité intellectuelle peut être comme une adolescente et envoyer des textos sur Facebook en essayant de se faire aimer. Cela dit, elle n’est pas vicieuse. C’est plutôt quelqu’un qui se dit : « Je ne vais pas me laisser abattre et essayer de m’amuser ».

Que pensez-vous de votre partenaire, François Civil qui nous a dit avoir été impressionné ?

Juliette : Je pense qu’il a une vraie capacité de jeu. S’il a été impressionné, c’est qu’après avoir été mère et fils dans un film précédent, ici nous sommes amants. Et qu’il a fallu jouer la scène de photos puis celle d’amour dans la foulée. Ah, ce n’est pas un métier pour les coquets ! Et moi je suis une plongeuse : quand faut y aller, faut y aller !                                     


Recueilli par Fiona Franchi

Sortie du film : 27 février  

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