Pour réclamer des moyens et des actes en faveur de l'hébergement d'urgence, un rassemblement à l'appel des syndicats CGT ARS et SUD s'est tenu jeudi en fin de journée devant la Préfecture de Meurthe-et-Moselle. 


À l'appel des syndicats CGT-Ars et Sud, ils étaient environ 40 travailleurs sociaux et éducateurs spécialisés des associations ARS (Accueil et Réinsertion Sociale) et Arélia à se réunir devant les portes de la place Stanislas et celles de la préfecture de Meurthe-et-Moselle. Alors que la période hivernale et le froid s'installent, les salariés poursuivent leur mobilisation pour demander davantage de places d'hébergement d'urgence et plus de travailleurs sociaux. 

Dans le sillon de la précédente mobilisation du 2 novembre dernier, l'intersyndicale renouvelle son message en adressant ses critiques sur les moyens engagés par l'État qu'ils considèrent en inadéquation aux besoins tout en pointant les dégradations des conditions d’accueil et d’hébergement des personnes sans domicile. 

Si chacun admet que "le problème n'est pas nouveau", il s'accentue, de l'avis des salariés des associations dont certains accusent l'État de vouloir "réduire" les places d'hébergements d'urgence des sans-abris afin de "dégoûter une partie des demandeurs d'asile". 

"Suite aux fermetures de quatre hôtels, qui accueillaient des populations fragiles avant la trêve hivernale, nous avons perdu 144 places", constate Monique Debay, Déléguée syndicale CGT Ars. Malgré les annonces faites par les services de l'État de déployer une centaine de places, le déficit inquiète. "Il reste encore 44 qui ne sont pas compensées si l'on reprend les chiffres déjà très bas des précédentes années. Dans ce contexte, il y a actuellement des personnes sans solution d'hébergement, alors que les températures baissent, on redoute des décès dans la rue", alerte la déléguée syndicale.

Les modules-Algecos à Jarville-la-Malgrange sous le feu des critiques

Pour faire face à la demande parmi la centaine de places qui doivent être ouvertes, quarante places hôtelières ont été ouvertes à proximité de Nancy et dix places supplémentaires pour "les mises à l'abri". Dix places considérées "inadaptées" par les travailleurs sociaux qui évoquent des lits picot, sans douche, avec seulement un évier et un toilette.

Sous le feu des critiques, c'est surtout les 60 places d'hébergements d'urgence en structures modulaires de type algécos annoncées sur un terrain de la commune de Jarville-la-Malgrange qui suscitent le plus de réactions. Les logements pourraient accueillir les premiers sans-abris à la mi janvier 2024. Le terrain choisi, propriété de la Métropole, a été réquisitionné par la Préfecture de Meurthe-et-Moselle pour être mis à disposition, mais le projet est vivement critiqué sur le fond et la forme.

D'abord par les riverains qui ont monté le collectif "Jarvillois en colère" dénonçant le choix de la commune et d'un quartier déjà impactés par la pauvreté, mais aussi par les associations, elles-mêmes. Tous dénoncent les "publics confondus" à qui s'adressent ces places d'urgence qui ne tiendront pas en compte "les spécificités de chacun" en mélangeant public de droit commun, femmes victimes de violences, migrants, grands marginaux... "C'est une solution qui n'est pas pérenne à notre sens, on craint pour la sécurité de ce mélange de publics sur un seul lieu", estime Monique Debay, déléguée syndicale CGT ARS. Pour Stéphane Petit, assistant social Sud Santé Sociaux, ce projet "ajoute de la précarité à de la précarité" en évoquant "un terrain vague à l'autre bout de la ville" et du logement conçu "en préfabriqué encore et toujours pour les SDF".

ars sante icn

Le samu social démuni

Et le 115 ? Pas mieux loti, le samu social "va devoir se débrouiller jusque février avec seulement 20 places d’hébergement de Mise à l’Abri pour l’ARS. Ce n’est pas tolérable !" regrettent les syndicats. 

"Sur les gens qui font appel au 115, on nous dit qu'il y a environ 30 refus au 115, mais ces chiffres sont faux , il y a énormément de gens dans les squats, dans les parkings qui n'ont plus recours au 115 parce qu'ils savent qu'ils vont avoir une réponse négative ou que les locaux ne seront pas adaptés. Les conditions d'accueils ne leur permettent pas d'y être avec des sujets comme l'absence de consommation, l'accueil des chiens.... Sans oublier, les personnes en errance médicale qui sortent de l'hôpital psychiatrique... Il y a tout ça", affirme Morgane présente à la mobilisation de jeudi soir.

Christine, elle, est éducatrice spécialisée au service de jour et au SAMU social depuis dix ans, les mises à l'abri, elle connait. Ceux qui en bénéficient doivent repartir le lendemain à 9h. Le dispositif d'urgence propose un lieu où dormir avec des sanitaires, mais sans la présence d'un travailleur social. "D'année en année, les places se réduisent", souligne-t-elle dépitée, Elle remarque aussi "beaucoup de migrations et beaucoup de demandeurs d'asile qui dorment dehors malheureusement dans des abris de fortune", mais aussi beaucoup de jeunes...

"C'est compliqué d'exercer nos missions qui nous tiennent à cœur et de raccrocher à des personnes puisqu'on n'a rien à leur proposer. À Nancy, ça peut arriver que des familles dorment dehors. Plus globalement, la crise sanitaire, l'inflation n'ont pas arrangé les choses, beaucoup de personnes vivent de façon très précaire" analyse la jeune femme .

Pour évoquer le manque de places dans les hébergements d'urgence, une délégation de l'intersyndicale, composée de cinq personnes, rencontrera la semaine prochaine Françoise Souliman, préfet de Meurthe-et-Moselle. 


 

 

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