Malgré les annonces de Jean-Michel Blanquer, le SNUipp-FSU maintient son appel à la grève ce mardi 10 novembre 2020 pour dénoncer la situation sanitaire dans les établissements d’éducation. Interview de François Wey, délégué FSU 54.

Quelle est la situation en ce moment dans les établissements scolaires ?

François Wey : Pour les lycées, on avait prévenu que ce n’était pas tenable dans la situation actuelle. Si les gamins n’avaient pas dégainé leurs portables un peu partout en France pour photographier des cantines, des attroupements devant les bahuts, cela n’aurait pas bougé. Il y a eu également des premières manifestations notamment mardi dernier  au lycée Professionnel Marie Marvingt à Tomblaine, des gamins gentils qui sont rentrés en classe après avoir été avertis par la police qu’ils risquaient une amende pour non-port du masque. Mais il y a des endroits où c’est un peu plus violent et on n’a pas besoin non plus d’une révolte de la jeunesse. Ils vivaient tous les jours dans des salles à 35 élèves. Le protocole sanitaire n’est pas adapté, il faut éviter le brassage, mais c’est totalement impossible. Vous passez à Nancy devant le Lycée Poincaré , le matin il y a 150 gosses qui sont réunis et puis quand ils font la queue à la cantine ce n’est pas possible de ne pas les brasser comme dans un supermarché. On ne mélange pas les classes, mais une fois qu’ils sortent de l’école, les élèves montent dans le bus et la notion de classe n’existe plus.  Les lycées, à part deux-trois des années 90, les autres datent du 19ème siècle , ce n’est pas adapté, les couloirs sont étroits, ça coûte cher de refaire une cantine et on ne peut pas faire manger 2000 gamins à Loritz si vous faites un gosse sur deux ou vous espacez, vous commencez à les faire manger à 10 h, vous finissez à 16 h. Et puis il faut tenir le discours à des jeunes citoyens en leur disant les restos sont fermés par contre les cantines il n’y a pas de risque.

Je suis même surpris que cela ait craqué que maintenant. Personne n’est responsable, on n’accuse personne, c’est juste que la raison sanitaire doit l’emporter, arrêtons les frais avant que ça prenne plus d’ampleur. On veut sauver l’économie ? Les lycéens peuvent se garder tout seuls. Mais la situation est tout aussi difficile dans les collèges, quand il y a un professeur absent, les élèves vont en permanence et il ne peut pas y avoir de salle de permanence par classe, avec 4 professeurs malades, ça fait 100 élèves en permanence, comment on les trie ? Là aussi il va falloir faire des rotations d’élèves voire embaucher du monde, mais comme il n’y a pas d’argent dans les caisses... À l’école primaire, c’est pire quand il y a une maîtresse qui est absente, les élèves sont répartis dans les classes, mais là c’est tout bonnement impossible. Le protocole dit que l’on ne brasse pas des élèves d’un groupe différent. 

Quel regard portez-vous sur les annonces du ministre Jean-Marie Blanquer le 6 novembre dernier ?

On est contents qu’il réagisse dans le sens de prendre ses responsabilités, il faut voir comment elles vont se traduire parce que c’est local. Oui tous les lycées ne sont pas comparables,  et donc le ministre ne peut pas décider d’un truc pour toute la France d’un coup. Déjà c’est un peu tard et puis il faut qu’il ouvre les yeux et qu’il voie que les grosses écoles, ça existe aussi et ce n'est pas que le lycée qui mérite toute son attention en terme d’allégement. Pour autant, la fermeture des écoles doit être la dernière solution, aucun syndicat ne demande la fermeture des écoles. On ne veut pas revivre ça. 

Alors que demandez-vous ?

Pour les lycées , un turn-over avec la moitié de la classe qui vient en présentiel la première semaine, l’autre moitié la deuxième, le cours est posté ou filmé. Pour les collèges, un peu la même chose avec aussi du cours en visio avec dialogue et manipulation à distance , mais pas à 100%. Le vrai souci c’est pour les écoles primaires et maternelles, on ne peut laisser un gosse seul à la maison face à un ordinateur, là il faut utiliser les listes complémentaires des concours d’instituteurs et les utiliser en intérimaire ou demander aux communes d’utiliser des salles plus grandes proches des écoles pour respecter au maximum les distances de sécurité. Le but est de mettre le paquet pour que les courbes cessent de monter. 

Avez-vous eu connaissance d’incidents au niveau local lors de l’hommage à Samuel Paty ?

Nous avons questionné le recteur mardi, il nous a dit qu’il y avait quelques cas dans l’académie qui sont suivis, mais qu’il ne nous donnerait ni le lieu, ni les noms. Visiblement ils sont un peu gênés avec cet hommage. Nous n’avons pas eu de remontées directes de collègues contrairement après les attentats de Charlie Hebdo, mais le recteur a connaissance de problèmes, il ne communique pas là dessus, il a juste précisé qu’il y avait eu quelques cas " pas graves" dans des collèges. 

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