Le préfet de Meurthe-et-Moselle a livré, jeudi 7 février, les chiffres de la sécurité dans le département pour l'année 2018. Une année, jugée « exceptionnelle » sur le plan de la sécurité, jalonnée de plusieurs mouvements sociaux.
À Nancy, Éric Freysselinard préfet de Meurthe-et-Moselle présentait, ce jeudi 7 février en présence des représentants de la police, de la gendarmerie et des douanes, les chiffres du bilan de la sécurité pour le département. Un bilan considéré « globalement bon », inscrit dans une année de forte mobilisation pour les forces de sécurité sollicitées par les mouvements sociaux (pénitentiaires, étudiants, réforme ferroviaire...), visites ministérielles, du président de la République et évènements culturels ou sportifs. Avec pour effet, une incidence sur les courbes de la délinquance. Le mouvement social des gilets jaunes s'est inscrit dans au moins deux prismes : celui des atteintes volontaires à l'intégrité des personnes (+11,33 %), et s'est traduit par ailleurs dans les statistiques des cambriolages avec « une légère hausse » constatée en zone gendarmerie (une dizaine de vols par effraction en quelques jours en décembre), les gendarmes étant mobilisés pour sécuriser les ronds-points.
Hausse des atteintes volontaires à l'intégrité physique et violences non crapuleuses
Les chiffres en Meurthe-et-Moselle suivent la tendance nationale. Avec 636 faits en plus, les violences volontaires à l'intégrité physique sont à mettre en lien avec la hausse des violences conjugales, les rixes sur fond d'alcool et les manifestations. En matière de violences conjugales, elles sont à mettre en parallèle avec une systématisation des ouvertures de procédures traduisant pour François Pérain, Procureur de la République « une meilleure prise en compte de la parole des victimes ». Quant aux atteintes à l’intégrité physique consécutives au mouvement des gilets jaunes, elles intègrent notamment des rebellions et outrages sur les personnes dépositaires de l’autorité publique.
Une baisse des cambriolages en zone police et gendarmerie
Pour la septième année consécutive, les chiffres des cambriolages sont en nette baisse dans le département. Le recul s’établit à -18,45 % soit 538 faits. Des chiffres très positifs à mettre en perspective avec le déploiement de moyens coercitifs. En zone gendarmerie, avec le travail depuis un peu plus d’un an, d’un groupe d’enquêtes et de lutte anti-cambriolage (GELAC) dédié à la lutte anti-cambriolage et de deux groupes locaux de contrôle d’écoute situés dans le sud du département et dans le Pays Haut afin de permettre un contrôle des axes structurants du département et de cibler les véhicules. Un travail à rapprocher sur le terrain avec celui de la police technique et scientifique mobilisée dans la recherche d’ADN.
Les infractions financières
Les escroqueries et infractions économiques et financières sont en baisse de 5,56 % soit 212 faits en moins dans le département. Toutefois, les autorités restent vigilantes sur ce point en renforçant ses actions de sensibilisation à destination des personnes âgées le plus souvent victimes.
La lutte contre les stupéfiants et la prostitution
Les stupéfiants étaient une priorité 2018 sur l’agglomération de Nancy. De nombreux démantèlements de trafics et deals de rue se sont inscrits sur le plateau de Haye, la rue Saint-Nicolas ou bien encore dans le quartier de la Californie à Jarville-la-Malgrange, par les policiers du SRPJ ou de la DDSP54.
La saisie des avoirs criminels est assez significative, chaque année près de 2 M€ d’avoirs criminels sont saisis dans le cadre de dossiers criminels et financiers. « En trois ans, ce sont près de 7 M€ d’avoirs criminels qui sont rentrés dans le budget de l’État », selon Éric Corderot, commissaire divisionnaire, directeur du Service Régional de Police Judiciaire de Nancy.
Les douanes de Lorraine ont également participé aux saisies de stupéfiants avec 33,4 kg de cannabis, 7,7 kg de cocaïne, 1,2 kg d’héroïne et 297 g de drogue de synthèse. « Les fraudeurs rivalisent d’inventivité pour transporter les stupéfiants » , souligne Joseph Grandgirard, directeur régional des douanes et droits indirects. Fin décembre, les douaniers avaient découvert lors d’un contrôle sur l’autoroute A31 à Moulins-lès-Metz, plusieurs kilos de cannabis dissimulés dans des plastiques sous vide dans des pianos venus d’Espagne. Mais, de nouvelles techniques émergent à l’image du « Rip off ». Une technique de contrebande où la drogue est cachée dans des conteneurs de marchandise à l’insu de l’entreprise, puis récupérée à l’arrivée.
Autre volet de ce bilan de la sécurité : la prostitution. La création d’audiences spéciales dédiées à la répression des clients de prostituées a créé « son effet » avec pour conséquence davantage de sérénité et moins de nuisances dans les quartiers pour les riverains. Désormais, « la visibilité est beaucoup moins prégnante sur l’agglomération de Nancy », affirme le procureur de la République François Perain. Toutefois, elle s’est déplacée « à l’abri des appartements loués », confirme le magistrat. D’où un travail important des autorités sur le démantèlement des proxénètes. En 2018, le SRPJ a travaillé sur le proxénétisme serbe alors qu'une autre filière chinoise était démantelée par la JIRS Nancy. La filière de la prostitution nigériane démantelée en 2016 reviendra prochainement dans le feu de l'actualité, plusieurs proxénètes doivent être jugés lors de ce début d'année 2019.
Les principaux enseignements du bilan de la sécurité 2018