lafemm-ncyLa tournée du FAIR est passée par Nancy jeudi 26 avril, proposant deux concerts au programme d’une soirée inégale, dont on retiendra surtout la prestation fascinatoire de La Femme.

 

Jeudi 26 avril dernier, la tournée du FAIR a fait escale à l’Autre Canal, pour un double concert rassemblant un lauréat 2012, La Femme, et un lauréat 2010, Mustang. Le FAIR fait office depuis près de vingt ans de vivier de jeunes talents. (Parmi les plus connus des artistes que ce concours ouvert aux nouveaux noms des musiques actuelles a permis de découvrir, citons en vrac : Dionysos, Miossec, Sanseverino, Hocus Pocus, IAM, Mano Solo, Les Têtes Raides, Louise Attaque, M, Olivia Ruiz, Supeflip, La Caution, Deportivo, No One Is Innocent, Emily Loizeau, Moriarty, Chapelier Fou, ou encore Mansfield TYA.) Aussi y avait-il de quoi saliver !

 

Première Partie : La Femme, musique hybride et performance fascinante.
A 20h30 sonnantes, l’intrigante Femme fit sur scène une entrée fracassante, laissant les retardataires se mordre les doigts de n’être pas arrivés à l’heure au rendez-vous. Car cette Femme qui, sur son premier EP, La Femme Ressort s’offre, lascive, telle L’Origine du Monde de Courbet, est une véritable révélation scénique ; tour à tour sensuelle et fiévreuse, rêveuse, mystérieuse et énergétique, envoûtante, énigmatique. Entre elle et le public nancéien, c’est une vraie rencontre qui s’opère. Une rencontre qui a quelque chose d’un peu onirique, même, tant l’univers de ce groupe aux origines mi-parisiennes, mi biarrotes – ce qui, entre autres choses, nous permet d’apprendre que l’on nomme ainsi les habitants de Biarritz – est étrange, décalé, original.

Sur scène, La Femme est bien entourée, par cinq garçons qui s’affairent devant guitares, basses, claviers et batteries, avec une célérité et une énergie communicative. Elle est seule au centre, dansant une sorte de twist ; avec l’allure sage d’une égérie 60’s type Salut Les Copains, un petit air à la Françoise Hardy d’alors et les mêmes cheveux longs, le même beau visage à l’expression douce. Pourtant quand elle chante, sa voix résonne étrangement, comme venue d’ailleurs. Elle enchante et fascine, hypnotise un peu.

Sa musique est à l’image de cette égérie intemporelle : auto-décrite comme « surf / trance / tropicale » elle a des accents new wave, des rythmiques pop ; oscille entre les périodes et les genres, toujours dans l’hybridation. Le chant lui-même n’est pas statique, alternant sur des titres tels que From Tchernobyl, With Love entre la figure féminine centrale et l’un de ses mâles acolytes, d’apparence frêle mais qui semble pourtant concentrer une énergie inépuisable dans un corps désarticulable à l’envi. La musique de La Femme possède une sorte d’aura magique, incantatoire. Pas seulement par ce qui émane des jeunes membres du groupe, de chacun des musiciens à la gracieuse chanteuse – dont on apprendra pourtant par la suite qu’elle se contente de remplacer pour la soirée la chanteuse habituelle, en plein passage d’examens ! – mais surtout par l’usage qu’ils font de leurs instruments. Qui n’a jamais vu personne utiliser un théremin – ou théremine, du nom du scientifique soviétique qui le créa au tout début du XXe siècle, durant la période d’effervescence innovatrice qui suivit la Révolution Russe – doit absolument voir La Femme en concert, ne serait-ce que pour cette raison. Car cet étrange instrument, composé d’une caisse de résonnance en bois et d’une antenne, produisant des sons presque surnaturels par l’interaction entre le corps, les gestes du musicien et les vibrations se répercutant en ondes sonores, est manié dans la plupart des morceaux par un garçon qu’on dirait timide et qui prend soudain des allures d’apprenti-sorcier. Le résultat visuel et sonore, tout du moins, est réellement ensorcelant.

La performance de La Femme, qui durera un peu plus d’une heure, tient donc d’une expérience magique et sensorielle, qui donne envie de se laisser submerger par cet univers ; voire de s’y abandonner corps et âme en se livrant à des danses frénétiques. On pourra cependant lui reprocher parfois des textes plutôt légers – comme dans la chanson Antitaxi ! dont le refrain, à base d’incitation à prendre le bus déconcerte un peu.

Gageons néanmoins que cette Femme hybride et magicienne ne tardera pas à faire valoir ses droits dans la scène musicale actuelle !

 Mustang2

Deuxième Partie : Mustang, Retour fade et peu imaginatif aux racines du rock

Conquis après cette première partie, le public se rue au bar pour commander à boire, ou à l’extérieur pour fumer tandis que le deuxième groupe se prépare. Ce deuxième groupe, c’est Mustang, qui fut parmi la sélection du FAIR en 2010, deux ans avant son prédécesseur sur scène, La Femme. Et la comparaison s’arrête là ; car bien que les deux groupes aient remporté le même concours à quelque temps d’écart, ils n’ont, à bien les observer et surtout à les écouter, rien en commun.

Le look du chanteur/ guitariste, costume du dimanche avec cravate, cheveux gominés pour former une banane ; sa façon de bouger sur scène en copiant çà le déhanché d’Elvis, là le pas de Chuck Berry, ici encore cette façon de brandir sa guitare comme une mitraillette qui fit la réputation de mauvais garçon de Johnny Cash ; tout crie la révérence de Mustang envers les pionniers du rock’n’roll, son inspiration rockabilly assumée. D’ailleurs, dès la première chanson, les trois garçons entament ce que Marty McFly aurait, à n’en pas douter, appelé « un bon vieux rock, bien rétro ».

Quoi que cela contraste de façon détonante avec l’univers de La Femme, que l’on a encore dans les oreilles, l’idée parait charmante. Mais la sauce ne prend pas vraiment, peut-être justement parce que Mustang manque fondamentalement d’originalité. Certes, le groupe maîtrise parfaitement les codes de la mélodie rock’n’roll et en a bien compris le caractère profondément adolescent. Si les idoles tels qu’Elvis et Jerry Lee Lewis devinrent si légendaires, c’est probablement parce qu’ils surent puiser aux sources du blues, de la country et du folk de quoi créer une musique incarnant la jeunesse émergente d’une société américaine en pleine métamorphose. Il y avait alors à la base du rock’n’roll cette superbe naïveté, que de nombreux critiques moquèrent, la qualifiant plutôt de mièvrerie.

C’est précisément le reproche qui vient à l’esprit dès lors que l’on s’efforce de comprendre les paroles des chansons de Mustang, dont les textes sont relativement plats et souvent assez niais. On pourrait donc peut-être expliquer cette faille par cette volonté appuyée de rendre hommage aux premiers rockeurs; à leurs chansons aux paroles apparemment un peu idiotes et en réalité émouvantes de simplicité. Mais le prétexte paraît ici un peu fallacieux.

D’ailleurs même musicalement, il est difficile de vraiment accrocher à ce que Mustang nous propose. Si l’on sent le trio à l’aise lorsqu’il succombe à son amour pour le rock 50’s, il se perd dès lors qu’il tente des incursions dans d’autres genres, tenant plus de la variété, voire de la pop plus contemporaine avec quelques tentatives électrisantes. Le problème est là : bien qu’on ne soit pas totalement convaincu par les morceaux très rockabilly de Mustang, il semble indéniable que les autres styles ne lui vont pas. Sans doute parce que les trois garçons se contentent de copier un style musical fondateur sans rien lui apporter. La référence est présente et plaisante, certes, mais du coup, ce sursaut du passé ne rencontre aucun écho dans la présent. La pâleur de la copie se heurte à l’éclat de l’original. L’absence de réécriture, de réinvention, de réflexion sur ces racines revendiquées rend l’ensemble ennuyeux.

Aussi, le moment le plus débridé de la prestation de Mustang sera une reprise plus ou moins improvisée de Suicide avec La Femme, décidément révélation de cette soirée.

 

Infos, dates de concerts, tournées :

http://www.myspace.com/lunaetlescontacts

 

http://www.legroupemustang.com/

 

Pin It

Les dernières infos

Les plus lus

27-03-2024 By Rédaction

Jobs d'été : la Métropole du Grand Nancy recherche des…

Meurthe-et-Moselle. La Métropole du Grand Nancy ouvre sa campagne de jobs d'été afin de pourvoir plusieurs dizaines d'offres ...

11-04-2024 By Rédaction

"Nature en Fête" se prépare au Parc Sainte Marie de…

LOISIRS. Pour la nouvelle édition de Nature en Fête au Parc Sainte Marie de Nancy, 125 exposants se déploieront à l'i...

18-04-2024 By Rédaction

Nancy : aménagements du secteur Jean-Jaurès et modification du plan…

Ligne 1. Dans le cadre des aménagements du secteur Jean-Jaurès à Nancy, des travaux interviendront du 22 av...