affichenancyisbur-ncyLa toute première édition d’un festival de reprises déjantées, Nancy Is Burning, s’est tenue le 11 mai à L’Autre Canal. Récit d’une soirée à brûle-pourpoint...

 

   

Vendredi 11 mai, l’Autre Canal a accueilli la grande première d’un festival hors du commun. Intitulé « Nancy Is Burning », l’événement s’inspire d’une initiative toulousaine, qui a prouvé là bas son efficacité et son succès après environ six ans d’existence.

A l’origine de son adaptation nancéienne, une association appelée Muzik Live, et l’un de ses membres ; Tranber, qui a eu l’idée et l’envie de récupérer le concept avec des groupes-phares de la scène locale. Concept alléchant s’il en est : chacun des dix groupes sélectionnés reprend trois chansons de styles divers et variés, dont deux humoristiques, et si possible aux antipodes de sa production habituelle. De plus, chaque groupe doit reprendre des chansons d’artistes dont le nom commence par la même lettre que son propre nom. A la fin de la soirée, le public vote pour la meilleure prestation, et celui qui gagne remporte le droit de revenir jouer l’année suivante !

L’intention était donc affichée dès le départ : pour à peine 5€, le public pouvait s’attendre à une soirée bien déjantée. Sans aucune contestation possible, elle le fut, dans une grande salle de L’Autre Canal bondée, déchaînée, mouvante, à l’ambiance effectivement brûlante.

Mais sur scène, les groupes ne se sont pas contentés de mettre le feu aux poudres ; ils ont offert aux spectateurs l’occasion de redécouvrir des chansons parfois trop connues grâce à de surprenantes réécritures, des effets de modernisation stupéfiants, voire un sens de la parodie décapant.

 

Ambiance décalée et humour  au programme !

C’est les Sales Fées qui ont donc inauguré cette toute première édition du festival Nancy Is Burning. Dès leur apparition sur scène, à 20h30, le doute n’était de toutes façons plus permis quant à ce qui attendait les spectateurs en matière de dérision et de drôlerie : les quatre Messins ont donné le ton, déguisés et pleins d’une bonne humeur débordante. La règle du jeu exigeant que les Sales Fées reprennent des artistes ou groupes dont le nom commence par un S, on eut droit à Shaggy, Silmaris et une chanson d’Anne Sylvestre vantant les mérites des nouilles en matière d’alimentation.

Pourtant, la soirée ne faisait que commencer. Le public se rôdait, pas encore tout à fait en jambes.

La relève sur scène fut assurée par Alex Toucourt entamant une reprise décalée du larmoyant tube de Michèle Torr, Emmène-moi danser ce soir, avant d’enchaîner avec le tube de t.A.T.U, le duo russe qui s’était taillé une réputation sulfureuse en mettant en scène un fougueux baiser entre filles dans le clip du single All the things she said. Mais plutôt que de poursuivre dans cette veine de reprises de tubes au féminin, Alex Toucourt choisit de conclure sur le fameux Shout de Tears For Fears. La performance est impeccable, mais manque un peu d’excentricité.

Backstage Rodeo, dont on va sans doute beaucoup entendre parler – les Messins devant assurer la première partie des mythiques hard-rockeurs allemands de Scorpions au Zénith le 2 juin –, s’oriente vers une performance résolument rock. On en retient surtout la reprise énergisante de Song2, de Blur, chanson qui avait déjà fait l’objet d’une mythique cover il y a quelques années sur le plateau de « Taratata », quand Dionysos et Louise Attaque l’avaient mémorablement dynamitée. Néanmoins, on regrette que le groupe ne prenne pas le risque de sortir du genre qui lui est si familier…

Mais pendant que les deux animateurs de la soirée multiplient les sketchs, tentent de récolter la « phrase-choc » du groupe qui s’en va, un autre s’installe en scène en trifouillant câbles et i-pods. Un chanteur s’avance au centre de la scène, la tête couverte par un casque de motard à paillettes. Des musiciens tatoués s’affairent alentour. On sent déjà que ce groupe-là nous réserve d’étranges surprises… C’est My Dark Project, un groupe de rock / métal nancéien, qui contre toute attente, se lance dans un fracassant Around the world. Le tube emblématique de Daft Punk, triomphe de l’année 1997, prend une nouvelle dimension, passé au crible punchy des métalleux et des nouvelles technologies avec lesquelles ils le triturent. Du coup, la foule commence à entamer des danses de sioux, d’autant que la grande salle de L’Autre Canal semble se remplir de plus en plus à mesure que la soirée avance. Les quatre garçons n’ont pourtant pas fini de nous surprendre ; décidément en plein revival 90’s, ils passent à une ébouriffante version du Survivor de Destiny’s Child. Qui se souvient de Beyonce Knowles, Kelly Rowland et Michelle Williams ondulant des hanches dans des tenues sexys savamment déchirées rigole franchement en voyant le quatuor rageusement réinventer ce hit RNB. Déjà hilare, le public n’avait néanmoins pas tout vu. Pour achever son set – et les zygomatiques des spectateurs – My Dark Project opte pour l’une des figures les plus emblématiques du PAF 90’s : Dorothée en personne, celle qui n’aurait pas pu rêver d’avoir de tels Musclés à ses côtés, et son Allô Monsieur l’Ordinateur… Le second degré assumé fait un bien fou, My Dark Project repart sous des applaudissements nourris.

 

Poésie et Fantaisie de la Reprise

L’ambiance n’a pas le temps de retomber que c’est La Casa Bancale qui s’avance. Bien connus des Lorrains, depuis onze ans qu’ils font tanguer les piliers de leurs maisons au rythme de leurs morceaux ska, jazzy, allégrement hétéroclites, les Bancals vont détonner. Visuellement, leurs envoûtants cuivres fascinent déjà. Néanmoins c’est la voix qui impressionne quand Luc, le chanteur et trompettiste, entame Troubles, de Coldplay, à mille lieues de ce à quoi on pouvait s’attendre. Bancalisée, la beauté glacée de cette pop langoureuse se fait carrément sensuelle. Parce que les cuivres, justement, et les percussions s’en mêlent, l’habillant de nouvelles couleurs, la réchauffant, l’emmenant vers des destinations plus exotiques. C’est étrange et c’est d’autant plus beau que ce n’était pas imaginable ! Le festival Nancy Is Burning, au-delà de son aspect amusant, se pare alors d’un nouvel intérêt, grâce à cette cover qui démontre  sans nécessiter aucun discours que l’exercice de style qu’est la reprise peut aussi se révéler incroyablement poétique, en dévoilant des facettes insoupçonnées d’une chanson, pour peu qu’elle soit suffisamment bonne. Réinventée, réarrangée, la chanson offre un moment de fantaisie pure, savouré sur scène et dans le public avec la même intensité. Une version très originale et très dansante d’Encore et Encore, de Francis Cabrel, qu’on n’avait jamais entendu comme ça, s’ensuit. Mais l’apothéose de ce (trop) bref set, c’est un Bal Masqué de la Compagnie Créole débridé, dépoussiéré, sur lequel les Bancals s’amusent follement, de même que la foule qu’ils quittent ensuite sous les vivats. Grâce à La Casa Bancale, la fête bat à présent son plein et la température semble avoir grimpé.

Aussi, quand Eddy La Gooyatsh fait son entrée, la salle est déjà conquise. Malgré tout, sa performance apparaît un peu en demi-teinte, belle mais trop douce, après une telle prestation.

L’ambiance n’aura toutefois pas le temps de retomber. Les Wayfarers, perruques hirsutes sur le crâne, chemises hawaïennes que Carlos n’aurait pas osé porter et blazers flashys kitshissimes sur le dos, vont provoquer l’un des plus grands fous-rires de la soirée. Dieu m’a donnée la foi d’Ophélie Winter, resurgit d’un passé où on l’aurait volontiers laissé, mais dans une version comique irrésistible, accompagnée de petits pas de danse rock’n’roll délicieusement ironiques. Un vibrant hommage est ensuite rendu à George Michael et à son sosie nancéien, avant qu’avec la même malice, les – d’habitude – rock’n’rolleurs entonnent le standard de Wham, Wake me up before you go-go. Il faut reconnaître que sur ce morceau le port du blazer bleu flashy prend alors tout son sens… Le bon goût est de mise ! Les Wayfarers terminent sur Let the Music Play de Barry White, de circonstance.

L’Irréductibilité du Bonheur et l’art de surfer sur la vague

Le chanteur de Tournée Générale, quant à lui, ose le cuir moulant. La prestation de Tournée Générale aboutira sur l’incontournable Antisocial de Trust, mais leur grande idée sera surtout la reprise de Tranxen 200 ; en réalité le groupe fictif présenté dans un des plus fameux sketchs des Inconnus. On ne peut d’ailleurs nier la prouesse que représente le fait d’avoir mémorisé le texte délirant de la chanson Vice et Versa, prônant l’irréductibilité du bonheur et le danger de sombrer dans « les tentacules de la déréliction » malgré les conseils de « l’anachorète hypocondriaque ».

Le dernier groupe à concourir et non le moindre sera Rouler Pinder. En effet, non seulement les Rouler Pinder se payent le luxe de faire des Petits Papiers de Régine un hymne festif, et de faire pogoter toute la salle sur Blitzkrieg Pop des Ramones, mais le chanteur met à profit le C’est comme ça des Rita Mitsouko pour prendre un bon bain de foule. Il ne se contente pas d’y plonger à corps perdu, cependant, mais s’y fait hisser sur une mini-planche de surf, traversant la salle d’un bout à l’autre avant de revenir sur scène, malgré quelques chutes, littéralement porté par la marée humaine.

Tandis que le dernier groupe, L’Autre Canal All Stars – pas en lice car formé pour cette unique soirée – monte en scène, le public se dépêche d’aller voter pour son favori. C’est à ce moment que se produit le seul gros cafouillage de la soirée : beaucoup de gens courent partout à la recherche de cette fameuse urne, dont l’emplacement n’a pas été très clairement expliqué !

Toutefois, après le dépouillement des suffrages exprimés, et en dépit des abstentions, - qu’elles aient été volontaires ou non – le gagnant est désigné : c’est My Dark Project qui pourra revenir pour la deuxième édition, l’emportant de très peu sur La Casa Bancale.

Une chose est sûre, en tous cas, si un seul groupe est considéré comme vainqueur, l’ensemble du public a pour sa part gagné une incroyable soirée. Le feu a bien pris, et on ne peut qu’espérer que le festival Nancy Is Burning reviendra pour une deuxième édition toute aussi déjantée en 2013.

 

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