JDMvignetteDu 1er au 3 juin dernier s’est tenue la huitième édition du festival Au Fond du Jardin du Michel. Retour dans les champs de Bulligny pour évoquer l’un des événements musicaux majeurs de l’année…

 

Dès 16h00, vendredi 1er juin, l’ancien parking dit « de l’Eléphant Bleu », boulevard Joffre, en face de la caserne des pompiers, était envahi d’individus de tous âges, les uns chargés de tentes, de bagages et de sacs à dos ; les autres en mode plus décontracté. Sur tous les visages, cependant, se lisait la même impatience, le même enthousiasme, la même excitation. Car tous ceux-là se rendaient au même endroit : les champs d’un tout petit village du Toulois, Bulligny, où allait débuter la huitième édition du festival de musiques actuelles, Au Fond du Jardin du Michel, désormais bien connu des festivaliers de France sous le sigle « JDM ». A 16h15, soit un quart d’heure avant l’échéance fixée pour son départ, la navette nancéienne prévue pour amener les festivaliers sur place semblait déjà bondée. Les spectateurs au rendez-vous nancéien ne pouvaient pourtant pas se douter qu’ils auraient infiniment plus de chance que leurs homologues de Metz, dont le bus s’égara en route et arriva sur le lieu du festival avec deux heures de retard, provoquant les boutades rétrospectives de quelques passagères qui avaient plus tard pris le parti d’en rire.

Arrivés à Bulligny en temps et en heure malgré les bouchons sur les routes, les Nancéiens purent quant à eux découvrir le village associatif avant que le groupe local La Tchav’ Project n’ouvre le bal sur la Grande Scène, à 18h00. Cette année, l’organisation du JDM, festival écolo avait fixé l’objectif « zéro verre », ni dans le périmètre des concerts, ni dans le camping attenant. De nombreuses animations étaient prévues pour sensibiliser les festivaliers à la préservation de l’environnement et de l’énergie, et une nouvelle petite scène, nommée « la Cabane du Michel » devait servir de cadre à des spectacles de cirque et d’arts de rue le samedi et le dimanche.

Dans la pelouse principale, à quelque distance de la Grande Scène et de la Scène Alternative, des stands de boisson et de nourriture s’alignaient. Mais des étalages destinés à la vente de disques et produits dérivés des groupes présents et des boutiques étaient aussi là pour permettre aux festivaliers d’emporter des souvenirs concrets de ces trois jours de festivités à venir.

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3 jours de festival et près de 23 000 festivaliers pour cette édition 2012 ! - crédit image JDM

Début des Festivités : Une performance très courte, une déception et une découverte.

A 18h00, lorsque La Tchav’ Project lança le début des concerts, les spectateurs étaient encore peu nombreux, et disséminés un peu partout, occupés sans doute à profiter des dernières heures de rayonnement d’un soleil de bon augure.

Les Lorrains n’avaient en outre pas beaucoup de temps pour divertir les arrivants ; à 18h30, c’est Marie-Madeleine qui devait prendre le relais sur la Scène Alternative, placée à quelques mètres de la Grande Scène. Décrit comme un groupe de disco-wave, avec un rien de provoc’ dans sa présentation et dans le choix de son nom biblique, Marie-Madeleine s’annonçait prometteur. Le trio fut néanmoins la première déception de ce festival. Même lorsqu’il invita une chanteuse à la voix séduisante à se joindre au groupe, le chanteur lui-même avait l’air de s’ennuyer, et de ne pas trop savoir ce qu’il faisait là, dans son pantalon rouge, à fumer des clopes entre deux chansons interprétées sans conviction.

Toutefois, c’est sur cette même Scène Alternative qu’à 20h15, on put enfin effectuer une première et très convaincante découverte musicale de qualité : les belges de School Is Cool proposant une performance fracassante à tous les niveaux. Visuellement d’abord : car excepté l’électrisante Nele, à la fois choriste et multi-instrumentiste, qui fera résonner un magnifique violon sur quelques titres vibrants, les quatre garçons de School Is Cool ont effectivement des allures d’écoliers timides, voire de premiers de la classe un peu geeks. Et pourtant, quel son ! Ils s’y entendent pour faire éclater les percussions en un tonnerre de rythme déchaînant la foule qui commence à se masser dans le soir tombant ! Ce qui n’empêche en rien leur musique de rester très mélodique, avec une construction sonore à la fois rock et une facture instrumentale souvent assez classique, rappelant incontestablement Arcade Fire à son meilleur niveau. School Is Cool quittera ainsi la scène sous des acclamations on ne peut plus méritées.

 

Début de Soirée : Orelsan, une provoc’ bien orchestrée ; et Caravan Palace, de l’électro-swing à l’état de brute.

orelasanLe timing est néanmoins calculé au millimètre près. A peine le son s’est-il éteint sur la Scène Alternative qu’Orelsan et ses complices encapuchonnés de noir apparaissent sur la Grande Scène, une foule hurlante s’y précipitant déjà le bras levé. Ménageant ses effets, Orelsan entame ainsi son set par le titre RaëlSan, dirigeant ses musiciens comme un chef d’orchestre, concluant cette première chanson par un « Merci pour le coup de pub / Merci aux Chiennes de Garde pour le coup de pute ! » aussi provocateur qu’à l’accoutumée. A l’issue de cette prestation sous un ciel désormais nocturne et dans un festival à présent noir de monde, les fans entendus paraîtront toutefois mitigés, les uns ayant trouvé la performance géniale et les autres l’ayant jugé décevante. Qu’importe, après tout, le rappeur de vingt-neuf ans ayant l’habitude de susciter les polémiques et de ne pas faire l’unanimité...

Ambiance reggae ensuite sur la scène alternative avec Anthony B, en attendant Caravan Palace. Une demi-heure avant la performance du fameux groupe d’électro-swing, des aficionados sont déjà à l’affût devant la Grande Scène, histoire d’être aux premières loges lorsque la performance commencera.

Et de fait, reconnaissons-le, ce sera une sacrée performance. Quelques heures avant le spectacle, Hugo et Charles nous confiaient redouter un peu leur passage à une heure tardive, à laquelle il était nécessaire de « fatiguer » les festivaliers. Gageons que la mission fut pourtant accomplie : dès les premières notes, le groupe à peine installé sur scène, un pogo endiablé débuta dans le public. Les pieds des slammeurs se mirent à voler à proximité des têtes, les uns à se jeter et se compresser sur les autres, la bière et autres liquides contenus dans les gobelets consignés à gicler, obligeant les spectateurs un peu plus fragiles à se réfugier sur les côtés de la scène, où l’ambiance est un peu moins survoltée, afin de profiter du spectacle en toute sécurité.

Côté scène, justement, le spectacle ne se relâchera pas une seconde. Une sorte de corne de gramophone géante trônait en son centre, jusqu’à l’arrivée de Zoé, la turbulente chanteuse à l’énergie pétaradante, qui magnétise dès lors tous les regards. Les instruments ne sont toutefois pas oubliés ; tel morceau permettant de valoriser çà une clarinette, là une contrebasse. Les musiciens bondissant de leurs instruments en coins de scène, le chant venant tout dynamiter. L’atmosphère est si euphorique, le public tellement déchaîné que tout à coup une chaussure vole sur scène. L’un des musiciens manque de se la prendre dans la tête, et, mi-hilare, mi-sérieuse, Zoé la ramasse en criant : « Non, mais vous êtes pas bien ?! » Du coup, après ça, ce sont des tee-shirts qui sont jetés sur scène, pour une manifestation d’enthousiasme tout-de-même moins violente. L’histoire ne dit pas si l’un des spectateurs est reparti de Bullingy nu et déchaussé… Les rappels seront exigés, et une photo prise par le groupe à l’issue de cette prestation explosive.

 

Conclusion: Fumuj en sons et en signes

Toutefois, la soirée n’était pas encore finie. Sans temps mort, c’est Fumuj qui enchaîna sur la Scène Alternative. Comparé à celui du spectacle précédent, le public était presque sage. Pourtant les riffs et le gros son étaient bien au rendez-fumujvous. Les baffles vibraient et trépidaient. Sur scène, une particularité notable d’ailleurs : une souriante jeune fille appelée Leti (pour Laetitia ?) se livre à une chorégraphie de tout le corps pour le moins étrange. Le chanteur révélera bientôt le fin mot de cette histoire : Leti est en fait une « signeuse », c’est-à-dire qu’elle interprète les chansons en langage des signes. Ainsi le spectacle est accessible aux sourds et aux mal-entendants, qui peuvent ressentir les vibrations en touchant les colonnes et comprendre les textes ainsi traduits. Et sa présence apporte indéniablement un plus visuel à la musique pêchue de Fumuj. Seul incident à déplorer : les vigiles seront obligés de maîtriser un fan tentant de grimper sur scène pour assaillir la signeuse qui ne se départit cependant ni de son calme, ni de son sourire.

Cette première journée de JDM se conclura alors de 1h00 à 2h00 sur la grande scène avec Nasser. Toutefois, les festivaliers épuisés ne comptant pas passer la nuit sur le camping (où certains ont pourtant eu la chance d’assister à des prestations gratuites de La Casa Bancale et Accorps de Rue jusque 4h00 du matin) durent regagner un peu avant le parking, où les attendait la navette du retour. Cette fois-ci le bus ne s’égara pas. Nancy et Metz furent bien atteintes, au terme de quelques songes, à n’en pas douter encore vibrants de musique.

Raphaëlle Chargois

crédits photos : JDM 2012

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